Antonio Pedro, Directeur du Bureau Régional de la Commission Economique pour l’Afrique Centrale (CEA).
Par Andre Gakwaya;
Accra: Antonio Pedro (A.P.), Directeur du Bureau Régional de la Commission Economique pour l’Afrique Centrale (CEA) est l’un des principaux artisans de la Vision Minière Africaine (VMA). Il dresse le bilan du Forum Africain des Mines (VMA) qui s’acheve à Accra, et il annonce qu’avec la voiture électrique, le nombre de véhicules passera de 2,5 millions à 5 millions. Lire son entretien à André Gakwaya de l’Agence Rwandaise d’Information (ARI) :
ARI- Qu’est ce premier Forum Africain des Mines apporte de particulier ?
A.P. – Ce premier Forum Africain des Mines a représenté une opportunité pour toute la communauté minière d’Afrique et pour la Vision Minière Africaine (VMA). Dix ans après son adoption en février 2009 à Addis-Abeba par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’UA, le constat est que la vision est toujours pertinente, importante, une réponse aux besoins du continent, il répond au défi du futur. C’était important de voir qu’à l’unanimité tous les participants, y compris le secteur privé, la société civile, les gouvernants, ils sont d’accord sur l’importance de la vision minière africaine.
Nous avons aussi vérifié s’il y a des pays qui ont déjà commencé à faire la domestication de la vision minière africaine dans leurs politiques, leurs lois. Malheureusement le nombre de pays qui ont fait ça sont encore minoritaires. On a besoin que les pays spécialement les plus importants du continent domestiquent la vision minière africaine.
Nous avons vu que la situation a changé. Donc, quand la vision a été adoptée en 2009, nous étions dans une période où les prix des matières premières étaient en hausse, ce que nous avions appelé comme un super pic. Malheureusement en 2014 on a connu une chute qui a signalé la fin du super pic. Aujourd’hui, c’est un peu compliqué, donc il faut que les pays africains maîtrisent les impacts de ce changement dans les conditions où le secteur minier se trouve.
Nous avons aussi vérifié qu’il y a tout un processus de changement au niveau du système économique mondial, il y a toute une révolution industrielle, 4e, 5e, qui se caractérise par une digitalisation du système économique où les ressources jouent un rôle très important. Par exemple, dans la téléphonie mobile, on parle toujours du coltan, etc. Mais aussi dans les véhicules électriques où les projections disent qu’on va passer de 2,5 millions véhicules aujourd’hui à 5 millions de véhicules dans cinq ans. Donc, on aura un changement du système de transport au niveau mondial où les ressources minières jouent un rôle très important. On parle ici des minerais des batteries : le cobalt, le nickel, le manganèse, le graphite, etc. Là, l’Afrique joue un rôle très important avec des pays comme la RDC qui représente 60 % de cobalt au monde aujourd’hui. Donc, quel est le rôle de l’Afrique dans ce processus de transition ? C’est une grande question à laquelle la Vision Minière Africaine doit répondre. Il faut rappeler que la vision minière africaine, c’est promouvoir l’industrialisation basée sur la vision minière africaine.
ARI- Est-ce que ce Forum boostera la ZLECAf ?
A.P. – Nous avons aussi constaté qu’après adoption à Kigali la ZLECAF, nous avons créé un marché de 1,2 milliards de personnes qui va donc attirer les investissements qui vont permettre que les stratégies qui sont dans la vision minière africaine puissent être plus fortes à cause de la ZLECAf. On a eu des discussions sur comment profiter de ce marché élargi pour accélérer la mise en œuvre de la vision minière africaine.
Mais il ya certaines choses qui nous préoccupent, c’est par exemple la création du Centre de mise en valeur des ressources minières. Les participants souhaitent que ce processus soit accéléré par ce que ce Centre-là joue un rôle très important dans la coordination de la Vision Minière Africaine. On espère que d’ici à l’année prochaine, nous aurons des pays qui auront ratifié la décision. Maintenant on a seulement deux pays et on a besoin de 10 ou 15 pays. Donc, ça c’est une priorité des priorités.
L’autre grand message qui est sorti de cette réunion, c’est la responsabilité pour la mise en œuvre de la Vision Minière Africaine. Avec tous les partenaires, y compris le secteur privé, la société civile, les universités et les gouvernements bien sûr, c’est très important que toutes ces gens-là augmentent leur niveau de connaissance et de compréhension de ce qui est dans la vision minière africaine.
Grosso modo, on peut dire que nous avons fait des avancements, mais il y a encore certaines choses qu’il faut encore faire. Mais je suis sûr que demain on va formuler un plan d’action qui sera actualisé en fonction des changements dont j’ai parlé pour que le plan d’action soit actualisé et pour permettre la mise en œuvre de la vision minière africaine de façon accélérée. Voilà en général ce que nous avons fait pendant ces deux jours.
ARI-Pourquoi les nombre de véhicules va augmenter sensiblement ?
A.P.- La grande raison est liée au changement climatique à travers la réduction des véhicules qui utilisent l’essence, on va diminuer le poids des ressources comme le pétrole dans le system de transport. Donc, c’est un aspect très important.
L’autre aspect, c’est qu’au début, les prix seront chers en comparaison avec les véhicules à essence. Mais avec les changements dans le prix des batteries, dans la multiplication des véhicules, on va arriver à la scan, dans une économie de scan ça va permettre que le prix va baisser. Ça c’est très important dans l’évolution du système de transport parce que je crois vous êtes d’accord avec moi que notre ville est mieux avec les véhicules qui ont un grand problème de manutention qu’avec les véhicules électriques dont le besoins de maintenance vont baisser exponentiellement aussi.
ARI- Le problème de la transformation des minerais en Afrique…
A.P.- C’est exactement au cœur de la Vision Minière Africaine. On va changer le rôle de l’Afrique dans la transaction commerciale au niveau mondial où aujourd’hui l’Afrique joue le seul rôle de fournisseur des matières premières. Là, nous avons dit ici qu’il faut assurer la coordination entre les politiques minières et les politiques d’industrialisation pour qu’on puise les avantages comparatifs que représentent nos ressources minières pour aller vers l’industrialisation. C’est pour cela qu’on parle de l’industrialisation basée sur les grandes stratégies au cœur de la Vision Minière Africaine.
Puisque la majorité de notre secteur minier représente des enclaves, c-à-d il est isolé de tous les tissus économiques des pays puisqu’ils exportent les matières premières sans la valeur ajoutée. Donc, un des grands objectifs de la Vision Minière Africaine, c’est de changer ce paradigme, augmenter la valeur ajoutée, augmenter le lien entre le secteur miner et d’autres secteurs économiques locaux pour augmenter la participation des petites et moyennes entreprises dans le fourniture des biens et services aux grandes compagnies minières qui, elles, importent aujourd’hui tout ce qu’ils utilisent dans leur processus de production. Donc c’est une Vision qui veut changer ce processus.