ARI: Tanger Med vous avez le port, les industries à côté et puis les services.
Rachid Houari (R.H): Le Port, c’est pour le transbordement, c’est pour la partie «passagers», c’est pour la partie vrac, vous avez tous les éléments qui aujourd’hui nous permettent de traiter trois millions et demi de containers. Tout l’export de Renault passe par le port Tanger Med. Toute la partie « passagers », c’est plus de 2,8 millions et demi de passagers parce que nous sommes à 14 Km de l’Europe. Cette photo est réelle. Ça, c’est l’Europe.
ARI: C’est l’Espagne
R.H: Exactement. C’est véritablement un pont. On reçoit 2,8 millions passagers pendant l’année. Nous faisons plusieurs milliers de camions etc. Nous sommes entrain de travailler sur la deuxième partie qui va démarrer en Janvier 2019. Ensuite, nous avons le pôle industriel. Le pôle industriel c’est quoi ? Nous aménageons des zones industrielles et nous les commercialisons. Ce sont des zones franches ou des zones non franches. Sur ces zones nous avons un peu plus de 800 entreprises. Ce qui est pour nous un point important parce cela a permis de créer plus de 70.000 emplois directs.
Ensuite il y a les services. Le service a été une capitalisation .On a capitalisé sur tout ce qu’on a pu apprendre pendant qu’on était entrain de construire le port. Aujourd’hui, nous avons une société comme Sirez Technology qui est spécialisée dans la gestion des réseaux télécoms. Tanger Med Ingénierie, c’est toute l’ingénierie que nous avons développée pendant la construction du port et nous sous sommes dit pour quoi ne pas faire profiter vers d’autres… Parce qu’une fois le port est fini, les ingénieurs avaient fini quoi. Donc c’est pour capitaliser et Tanger Med Ingénierie, c’est tout ce qui est gestion de l’eau, électricité et le ramassage des ordures, etc.
A côté de ça, nous avons une branche sociale qui est la fondation Tanger Med qui a pour vocation d’accompagner toute cette population parce que nous sommes dans le rural. Et les axes de la fondation sont la santé, l’enseignement, l’épanouissement culturel, hygiène, etc. Voilà le groupe Tanger Med.
ARI: En 2019, la capacité du port va se multiplier par trois.
R.H: On va passer de trois millions à 9 millions. Mais pas tout de suite. Ça met du temps.
ARI: Cela signifie exigence de beaucoup de moyens et d’investissements pour ce travail.
R.H: Oui, c’est en cours. Parce que la construction est terminée. Le concessionnaire c’est APM. APM qui est une filiale de Maersk Line, c’est elle qui va gérer la partie…nous, à ce niveau, nous avons préféré travailler sur la partie de concessions.
ARI: Le coût pour la première phase est de combien d’investissements ?
R.H: Pour ce travail on est aux environs de sept milliards d’euros, dont 50% proviennent du secteur public, c-à d. l’Etat. Les autres 50% ont été donnés par les concessionnaires, les différents investisseurs.
ARI: Ce montant devra être multiplié par trois quand vous aurez multiplié par trois la capacité du Port ?
R.H: Non. Parce que nous avons le Port Tanger Med qui comprend aussi d’autres activités parce qu’il ya le quai automobiles, parce que dans ce montant, il y a la partie extra, c-à-d, il y a l’autoroute, le chemin de fer qui ont été achevés. Il y a tout ce qui est en dehors du site qui a été déjà fait par l’Etat.
ARI: En 2019, vous aurez investi combien ?
R.H: Je vous enverrai le chiffre demain matin pour ne pas vous donner des bêtises. Demain matin je vous envois le chiffre.
ARI: Oui, je comprends. Impact pour le pays.
R.H: Alors l’impact pour le pays. Très simple. Premièrement, c’est la connectivité. Aujourd’hui nous sommes le 45ème pays en termes de connectivité. Nous sommes connectés à plus de 180 ports à travers le monde. Donc, nous avons des lignes régulières avec l’ensemble des ports dans le monde. Nous recevons plus vite la marchandise pour la matière première pour réaliser nos produits. Et en même temps, cela ouvre aux exportateurs marocains d’autres zones qui jusqu’à présent n’étaient pas traitées. Avant, pour exporter dans un pays, il fallait le faire indirectement. Il faillait faire deux à trois escales avant d’arriver. Aujourd’hui, on n’aime pas beaucoup les escales. D’accord. Et cela augmente votre compétitivité. C’est l’impact en termes d’ouverture de marchés et de possibilité de mieux travailler.
Deuxième impact, c’est au niveau de travail. Comme je vous l’ai dit, les zones industrielles aujourd’hui, c’est plus de 70.000 emplois directs. An niveau du Port, nous avons créé cinq mille à six mille emplois directs. Ce sont là des choses concrètes. Pour vous donner un exemple très simple, entre 2003 et 2017, je crois que la population de Tanger a augmenté de plus 50 %. Donc, ce chiffre vous donne une idée des impacts réels. Et en même temps, le fait d’avoir terminé en temps et en heures puisque on a travaillé très vite. On a travaillé dans de bonnes conditions. Cela a donné une certaine crédibilité à toutes les actions qui ont été menées par l’Etat marocain.
Parce que comme vous le savez, on est Africain. On est habitué à poser les premières pierres et on les oublie. Comme c’était suivi de manière directe par Sa Majesté lui-même, c’est le projet de Sa Majesté. C’est une Vision Royale qui a démarré. Parce que c’est lui qui a donné tous les moyens humains, matériels, financiers, réflexions, orientations, pour pouvoir répondre en temps et en heures. On a posé la première pierre 2003, il faillait absolument démarrer l’activité en 2007.
Et surtout, le projet a évolué dans le temps. Et aujourd’hui, on est en train de parler de tripler la capacité. Pour un port ? Pour un port, atteindre normalement sa capacité maximale en si peu de temps est un succès indéniable.
ARI: Vous êtes la troisième puissance économique africaine ?
R.H: Pour nous réellement si vous voulez. Au niveau du Port Tanger Med, l’Afrique représente à peu près 38 % de nos échanges.
ARI: Les autres pays qui échangent avec vous sont lesquels ?
R.H: Il y a l’Europe et il y a plein d’autres pays. L’Afrique représente véritablement un vrai client, et on sent que ça augmente d’années en années. On est considéré comme un hub pour l’Afrique.
Au-delà de l’investissement financier, vous avez l’investissement humain. L’ingénierie, les ouvriers … tout a été fait par des Marocains.