Des policiers rwandais remettent Jolis Bukeyeneza à la police burundaise au poste frontière de Gasenyi-Nemba, le 3 novembre 2023
L’extradition de Jolis Bukeyeneza, Burundais, avait été reportée le 20 octobre dernier à cause de sa tentative de suicide à la frontière rwando-burundaise.
Recherché par la justice burundaise pour crime de vol, il a été arrêté par la section d’Interpol à la frontière entre le Burundi et le Rwanda, selon le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information.
Le Bureau rwandais d’investigation, RIB, a rendu public un communiqué pour attester l’extradition d’un Burundais recherché pour des crimes commis sur le sol burundais.
« Ce vendredi, la police rwandaise a remis à la police burundaise Jolis Bukeyeneza, un détenu de nationalité burundaise. Il a été arrêté au Rwanda, soupçonné de vol et escroquerie d’une somme de 29.839.878 FBU dans l’une des banques du Burundi », a déclaré Thierry Murangira, le porte-porte du bureau rwandais d’investigation, RIB.
Kigali était représenté dans cette activité par le commissaire national de l’Interpol Antoine Ngarambe. Coté burundais, Jolis Bukeyeneza a été réceptionné par le commissaire adjoint de l’Interpol , le colonel de police Frédéric-Audney Minani.
« Cette extradition témoigne de la bonne collaboration entre les deux pays en matière de lutte contre des criminalités transnationales », a insisté Murangira.
La police burundaise salue cet esprit de collaboration en matière criminelle.
« Chacune de son côté ne peut pas croiser les bras et fermer les yeux devant un criminel qui a commis un forfait de l’autre côté de la frontière. Nous partageons aussi régulièrement des informations pour une lutte commune des crimes transnationaux », s’est réjoui l’émissaire burundais.
Il a plaidé pour une collaboration continue et a assuré que même du côté burundais, « aucun criminel rwandais n’y sera le bienvenu, il sera traqué où qu’il sera ».
Tentative de suicide…
Le 20 octobre dernier, Jolis Bukeyeneza devrait être extradé vers le Burundi. Il était même arrivé à la frontière, menotté, escorté par des services de la police rwandaise.
C’est quand le véhicule à bord duquel il se trouvait avançait lentement vers la zone neutre des deux pays, attendu par un arsenal de policiers burundais, qu’il a tenté de se donner la mort.
« Quand il a vu que nous sommes prêts à l’extrader et le remettre dans les mains de la police burundaise, connaissant aussi des crimes qu’il a avoués avoir commis dont l’escroquerie, le vol d’argent avec beaucoup de dettes impayées, il a tenté de se suicider à l’aide des menottes qui l’attachaient. Il s’est grièvement blessé et s’est rendu inconscient », a expliqué Thierry Murangira, ce vendredi, avant d’ajouter que la police l’a alors transporté à un hôpital de Nyamata, non loin de la frontière pour des soins intensifs, car l’urgence était de lui administrer des soins intensifs.
Ce vendredi, des photos le montrent avec des bandes sur les deux mains. « Ce sont des blessures qu’il a eues la fois dernière ici-même quand il a sauté du véhicule policier », explique RIB.
Jolis Bukenyeneza est poursuivi pour vol de plus de 29 millions de FBU à l’agence de la Banque commerciale du Burundi (Bancobu) à Bururi (sud du Burundi).
Affaire visa Canada…
Un membre de la famille proche de Bukeyeneza explique que la famille a été déçue par son comportement alors qu’il est connu comme « un bon type ».
« En tout cas tout le monde a été surpris et déçu. Jolis est d’abord un jeune cadre, 30 ans. C’est une chance ! Il a tout son avenir devant lui car il n’a même pas encore fondé son foyer. C’est un type qui ne parle pas beaucoup, raison pour laquelle nous avons été surpris d’entendre qu’il a commis un vol », décrit-il.
« Il aurait été lui aussi escroqué par quelqu’un qui lui promettait un visa de séjour au Canada. Alors, comme Jolis ne pouvait pas réunir une somme de plus de 25 millions de FBU en si peu de temps, il a commis l’irréparable », poursuit-il.
« Lui-même est déçu par quelqu’un qui prétendait être son ami qui, après avoir reçu l’argent, a complètement disparu. Je te jure que Jolis n’a même pas acheté un pantalon avec cet argent volé. Raison pour laquelle il voulait se suicider », explique-il.
Déçu, Jolis aurait préféré fuir vers le Rwanda « dans l’attente qu’il rencontrerait aussi le commissionnaire pour le visa canadien ».
La police rwandaise a souligné que Jolis Bukeyeneza a été interpellé à Kigali le 7 octobre dernier.
« Il n’avait pas encore vu son commissionnaire de visa, à cette date », rassure sa famille qui espère que « la justice burundaise considérera des circonstances atténuantes comme Jolis Bukeyeneza a fait quelques aveux par écrit à la police rwandaise ».
Sécurité et Procès équitable…
Le commissaire Minani, a rassuré quant à la sécurité de Jolis Bukeyeneza.
« L’étape suivante est que nous allons le mettre à la disposition du parquet national pour affronter la justice sur un crime pour lequel il est poursuivi. Sa sécurité sera garantie et il aura un procès équitable. Il sera assisté par des avocats », a-t-il mentionné. (Fin)