Kagame salue le rôle de feu Karemera dans la libération et la reconstruction du Rwanda

Le couple présidentiel rwandais s’incline devant la dépouille du colonel à la retraite Joseph Karemera

Le Chef de l’Etat rwandais Paul Kagame a rendu un vibrant hommage à l’ancien ministre et diplomate, le colonel à la retraite Joseph Karemera, décédé le 11 octobre, en tant qu’homme qui a « travaillé sans relâche » dans la libération du Rwanda et la reconstruction du pays après le génocide des Tutsi en 1994.    

Le Président Kagame a fait cette indication lors d’une cérémonie d’adieu organisée au Parlement le mercredi 16 octobre à laquelle ont assisté la Première Dame Jeannette Kagame, les amis et la famille de Karemera, ainsi que de hauts responsables militaires et gouvernementaux.

« J’ai connu Karemera à la fin des années 1970[…].  Karemera a été parmi les premiers à avoir eu l’idée de ce qui pouvait être fait pour que les réfugiés rwandais rentrent chez eux », a déclaré le Président Kagame.

« Le plus important est que, que vous viviez longtemps ou peu de temps, la vie est une leçon.  Ces leçons de vie ont fait de Karemera la personne qu’il est devenu, en faisant partie de ceux qui voulaient résoudre le problème des Rwandais, à la fois les réfugiés et ceux qui se trouvaient à l’intérieur du pays parce que c’était un problème national », a ajouté le Président  Kagame.

Plusieurs solutions ont été envisagées à la fin des années 1970 et au début des années 1980, lorsque les réfugiés rwandais cherchaient à rentrer chez eux et Karemera a toujours fait partie de ce processus, a-t-il révélé.

« Il a ensuite servi, comme nous tous, dans l’armée ougandaise, où l’idée [de rentrer chez lui] a grandi, s’est renforcée et a attiré plus de gens, que ce soit ceux qui se trouvaient en Ouganda à l’époque ou dans les pays voisins, le Congo, le Burundi, la Tanzanie, certains étaient au Kenya tandis que d’autres étaient plus loin en Europe », a poursuivi le Président Kagame. 

Le Président Kagame a salué la mémoire d’un digne fils du pays qui avait refusé d’être manipulé par les ennemis du Rwanda comme ils l’ont fait avec d’autres. 

« Ce que j’apprécie chez Karemera, c’est que les gens ont essayé de l’influencer, ils ont essayé de le manipuler de toutes parts, en essayant de le contrôler comme ils l’ont fait avec d’autres. En raison des leçons qu’il a apprises de la vie, de son caractère et de la politique [du FPR] qui l’a façonné et dans laquelle il a joué un rôle depuis le début, il est resté ferme, il ne pouvait pas être influencé. Il ne s’est pas laissé manipuler. Il nous quitte en sachant que nous le savions tous les deux. Il nous quitte honorablement. », a-t-il dit.  

Il a demandé aux générations actuelles et futures d’apprendre les leçons de la vie de Joseph Karemera.

« Il n’est jamais trop tard pour apprendre les leçons de la vie. Ces leçons vous aident à vivre une bonne vie, une vie de sacrifice et d’altruisme, et à faire les bonnes choses dans cette vie. Elles ne sont jamais une perte de temps ; elles restent pertinentes. Quant aux luttes que nous traversons dans la vie, ces batailles seront toujours là. Si vous ne voulez pas mener ces batailles, je ne sais pas ce que vous voudriez devenir. Si quelqu’un veut être comme un panier qui ramasse de la terre, il ne se battra pas. Mais si vous voulez être une personne digne, comme tout le monde dans le monde devrait l’être, ceux que vous voyez faire des choses extraordinaires ne sont que des gens aussi. Vous devez comprendre, ou leur dire, qu’ils ne sont que des êtres humains. Personne ne peut vous faire devenir un panier qui ramasse la saleté à moins que vous ne choisissiez de l’être, et être ainsi est soit un choix, soit une folie. Je dis cela pour dire à nos enfants ici, à nos petits-enfants qui sont confrontés à un long avenir devant eux. De telles leçons de vie ne devraient jamais être vaines, surtout pour ces jeunes qui grandissent. À tous les jeunes du Rwanda, enfants du Rwanda, ne devenez pas des paniers qui ramassent la saleté. Vous devez rejeter cela. »  

Karemera est décédé à l’âge de 70 ans d’un cancer diagnostiqué en 2011.  Médecin de formation, il était l’un des membres fondateurs du Front patriotique rwandais/Armée rwandaise (RPA) qui a libéré le Rwanda et mis fin au génocide contre les Tutsis en 1994.  

« Lorsque la guerre de libération de 1990 a commencé, il était là, bien sûr », a déclaré Kagame, avant d’ajouter : « Bien qu’il ne soit plus en vie aujourd’hui, il a été témoin des résultats de ses efforts. Il a vu d’où venait le pays et où il se trouvait aujourd’hui. »

Né au Rwanda le 20 mai 1954, Karemera a joué un rôle clé dans la guerre de libération du Rwanda. Il a ensuite occupé plusieurs postes de responsabilité, notamment en tant que Ministre de la Santé, Ministre de l’Éducation, Ambassadeur du Rwanda en Afrique du Sud, et Sénateur.

Karemera a vu sa famille fuir vers l’Ouganda en 1962, où il a poursuivi ses études avant d’entrer à l’Université de Makerere pour y étudier la médecine. 

Après avoir travaillé dans des hôpitaux au Kenya, il avait rejoint l’Armée de résistance nationale ougandaise en 1986, participant ainsi à la libération de l’Ouganda. 

En 1990, il s’est engagé dans la guerre de libération du Rwanda et à l’arrêt du génocide contre les Tutsi en 1994.  (Fin)