Kigali: Dans le cadre de la 25e commémoration du génocide de 1994 perpétré contre les Tutsi, les restes de 165 corps des victimes du génocide ont été inhumés au site mémorial du génocide de Ntarama.
Des centaines de rescapés, résidents et plusieurs responsables s’y sont rendus pour rendre hommage aux victimes du génocide dans les principaux sites mémoriaux du district de Bugesera à savoir Ntarama et Nyamata.
Le district a organisé deux événements commémoratifs, sur le site mémorial de Nyamata dans la matinée et de Ntarama dans l’après-midi, les invité d’honneur étaient respectivement la présidente de la Chambre basse du Parlement rwandais, Donatille Mukabalisa, et le ministre de la Justice et garde sceaux, Johnston Busingye.
Seules quatre des victimes proviennent du secteur de Ntarama, tandis que 161 proviennent du secteur de Nyamata, la majorité d’entre elles ayant récemment été retrouvées à l’hôpital ADEPR de Nyamata.
Le mémorial du génocide de Nyamata, qui compte plus de 45 000 victimes, est déjà plein. Les mémoriaux de Nyamata et de Ntarama, qui se trouvaient dans la commune de Kanzenze en 1994 et avant, sont construits dans les locaux des anciennes églises catholiques.
Le maire du district de Bugesera, Richard Mutabazi, a rappelé que le génocide était planifié depuis très longtemps et avait fait l’objet de nombreuses tentatives, notamment à Bugesera.
«Nyamata faisait partie de la commune de Kanzenze, qui comptait une importante population tutsie dans ce qui s’appelait alors la préfecture de Kigali Ngari», a-t-il déclaré, ajoutant que l’assassinat de Tutsis dans la région avait commencé bien avant. En 1992, environ 667 Tutsi à Bugesera ont été assassinés.
Parmi les personnalités reconnues pour avoir tenté de protéger les Tutsi, figure Antonia Locatelli, une missionnaire italienne, qui a tenté d’attirer l’attention de la communauté internationale par le biais des médias sur les massacres de Tutsi à Nyamata. Elle a été abattue le 9 mars 1992 aux portes d’une école qu’elle dirigeait.
Selon des témoignages, les Tutsi qui s’étaient réfugiés dans la paroisse catholique de Nyamata ont d’abord tenté de se défendre contre la milice Interahamwe, avant d’être finalement vaincus et massacrés.
Julienne Murorunkwere, qui a passé les derniers instants avec ses parents et ses frères et sœurs qu’elle a ensuite perdus dans l’église, a déclaré que les miliciens avaient commencé à attaquer l’église le 13 avril.
Immédiatement, les clercs, qui étaient tous des étrangers, ont été évacués, les laissant fermement entre les mains des Interahamwe.
Le 16 avril, les soldats et les Interahamwe sont entrés de force dans l’église et ont assassiné presque tout le monde.
Elle a ajouté qu’après le massacre, les tueurs avaient pulvérisé du piment en poudre dans l’église pour mettre en déroute ceux qui étaient encore en vie, qu’ils avaient également tués.
Murorunkwere a survécu malgré le fait qu’elle a été frappée deux fois avec un gourdin à la tête et a été laissée pour morte.
Malgré des blessures à la tête depuis des années, Murorunkwere a réussi à retourner à l’école après le génocide et a appelé les autres survivants à ne jamais perdre espoir.
S’adressant aux personnes en commémoration, le ministre de la Justice, Johnston Busingye, a déclaré que de tels moments appellent l’introspection de la part des institutions confessionnelles.
«Quand tu vois des choses comme celles-là; comment une église a été transformée en un mémorial, cela devrait nous dire quelque chose », a-t-il ajouté.
Il a rappelé aux personnes présentes que c’était l’idéologie du génocide qui avait fait sombrer le pays à ce niveau, il ya 25 ans, ajoutant que ce vice devait être combattu de toutes les forces. (Fin)