La vie en rose. Le cauchemar de Paul Rusesabagina
La Belgique est préoccupée par le sort que la justice rwandaise réserve à l’opposant Paul Rusesabagina dont l’histoire pendant le génocide de 1994 a inspiré le film hollywoodien “Hôtel Rwanda”
La situation de Paul Rusesabagina a figuré en bonne place dans les entretiens que le chef de la diplomatie rwandaise Vincent Biruta a eus hier avec son homologue belge Sophie Wilmès à Bruxelles.
«La Vice-Première ministre a rappelé que la Belgique attendait que son concitoyen bénéficie d’un procès juste, équitable et transparent », selon un communiqué publié par la diplomatie belge.
Le héros du film «Hôtel Rwanda » avait été arrêté fin août 2020 dans des conditions troubles par la police rwandaise à Kigali. Depuis, il est jugé pour 13 chefs d’accusation dont celui de “terrorisme”, un procès qu’il considère inéquitable et auquel il a refusé de comparaître au bout d’un mois.
Sophie Wilmès «a exprimé ses inquiétudes quant au fait que M. Rusesabagina n’ait manifestement pas été en mesure de préparer correctement sa défense au vu, notamment, du temps qui lui a été imparti et du fait que la confidentialité des documents échangés avec ses avocats n’ait pas été respectée », ajoute le communiqué de la diplomatie belge.
Elle a aussi répété « la demande de la Belgique de donner la possibilité à M. Rusesabagina de rencontrer son avocat belge dans le cadre des procédures en cours actuellement dans notre pays, ce qui n’est toujours pas possible en ce moment » selon toujours le même communiqué.
«La Belgique continuera à suivre la situation comme elle l’a toujours fait depuis le début », a poursuivi Sophie Wilmès, Vice-Première ministre et Ministre belge des Affaires étrangères.
Le héros du film “Hôtel Rwanda” a été inculpé de 13 chefs d’accusation, dont le terrorisme, formation et financement des mouvements rebelles, l’incendie criminel, l’enlèvement et le meurtre perpétrés contre des civils rwandais non armés et innocents sur le territoire rwandais. Paul Rusesabagina aurait commis ces crimes en lien avec les attaques revendiqués par les FLN, branche armée du MRCD dont il est cofondateur.
Paul Rusesabagina,-devenu opposant farouche au régime du président rwandais Paul Kagame-, dispose d’une notoriété mondiale depuis qu’un long-métrage hollywoodien – Hôtel Rwanda – a mis en lumière son action lors du génocide de 1994 au Rwanda.
Paul Rusesabagina a sauvé la vie de plus de 1200 personnes qui s’étaient réfugiés à l’Hôtel des Milles Collines à Kigali dont il était le gérant intérimaire durant les cent jours du génocide en usant de son influence auprès des miliciens génocidaires. Mais le gouvernement rwandais conteste l’histoire de Paul Rusesabagina telle que présentée dans le film “Hôtel Rwanda” et l’accuse d’imposture.
Le 31 août, Paul Rusesabagina avait été présenté par la police menotté à Kigali alors qu’il vivait en exil depuis 1996 aux États-Unis et en Belgique (pays dont il a obtenu la nationalité). Les autorités rwandaises avaient alors affirmé qu’il était retourné de son propre chef au Rwanda et il avait été cueilli comme un fruit mur à l’aéroport international de Kigali.
Ses soutiens avaient pour leur part affirmé que l’opposant avait été enlevé au cours d’un voyage à Dubaï, estimant qu’il ne serait jamais retourné de lui-même au Rwanda où il se savait activement recherché. Ils sont par ailleurs convaincus que les charges retenues contre lui sont purement politiques.
Dans un vol en provenance des États-Unis, Paul Rusesabagina était arrivé le 26 août à Dubaï, d’où il avait embarqué six heures plus tard dans un jet privé. Il pensait alors se rendre au Burundi à l’invitation d’un pasteur, Constantin Niyomwungere, pour s’exprimer dans ses églises. Fin février, le gouvernement du Rwanda a admis avoir “facilité” ce voyage à l’issue duquel il a été arrêté à Kigali, en versant de l’argent à un homme dont l’identité n’a pas été révélée, présenté comme un ancien “complice” de l’opposant.
L’ONG internationale des droits de l’homme Human Rights Watch estime que Rusesabagina avait été victime d’une “disparition forcée” dont les autorités rwandaises devraient répondre de manière exhaustive. (Fin)