Une panoramique du camp des réfugiés de Mahama
Depuis bientôt quatre mois, les réfugiés essentiellement Burundais du camp de Mahama au Rwanda sont catégorisés en deux groupes sociaux: I et II. Le premier groupe reçoit une aide de 3500 francs rwandais par tête et par mois. Les membres du second eux, touchent le double pour la même période.Selon le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information, ce classement est dénoncé par une partie des concernés qui demandent au HCR et au gouvernement rwandais de revenir sur la décision.
D’abord, les réfugiés indiquent ne pas comprendre comment ils ont été classés en deux groupes différents alors qu’ils ont tous le même statut.
“Tout le monde est vulnérable ici. Nous sommes tous des réfugiés. Nous ne mangeons qu’après avoir reçu l’aide humanitaire du HCR. Nous vivons tous ensemble sous des maisons et tentes construites par l’ONU. Alors, nous devrions être traités de la même manière ”, expliquent des Burundais, réfugiés au camp de Mahama.
Pourtant le HCR l’explique autrement.
“Il y a des personnes handicapées, des infirmes, des veuves, des enfants non accompagnés, des personnes âgées et bien d’autres. Ceux-là ne peuvent faire aucune autre activité rémunérée, alors qu’il y en a d’autres qui tiennent des commerces, ou travaillent dans les domaines de la santé, l’éducation […]. . Vous comprenez qu’il y a une petite différence entre ces deux catégories et nous voulons donner plus de chance à ces démunis vulnérables réfugiés”, ont expliqué des agents du HCR dans des séances de sensibilisations pour ce nouveau système d’assistance.
“Et puis, même ici au Rwanda, tous les citoyens sont classés dans des catégories sociales pour pouvoir bénéficier de l’assistance sanitaire ou toute autre aide”, ajoutent-ils.
Avec cette catégorisation sociale, la grande majorité de réfugiés reçoivent chaque mois une somme de 3500 francs rwandais (soit 3.5 $) par individu et le reste reçoit 7000 francs rwandais (soit 7$). Le premier groupe étant considéré comme des “démunis” et le second comme des “vulnérables démunis”.
La somme offerte doit couvrir tous les besoins car « les approvisionnements en vivres sauf pour un Gaz combustible qui a remplacé le bois de chauffage ont été suspendus ».
Les réfugiés s’en remettent à Dieu.
“D’abord les classifications sont erronées et plusieurs personnes reçoivent 3500 francs rwandais. Ensuite, imaginez pour une famille de trois membres, consommer une somme de 10.500 francs durant un mois qui peut s’allonger jusqu’à 40 jours car les paiements ne sont pas réguliers. C’est en fait une décision qui cache d’autres intentions. Dieu seul pourra venir à notre secours”, déplorent des pères, mères de famille et des jeunes gens à Mahama.
“S’il s’agit d’un singleton, il reçoit une somme de 3500 francs qu’il doit utiliser pour tous ses besoins pendant tout un mois. C’est bien la pire folie que de penser qu’une telle somme peut faire vivre quelqu’un pendant trente jours. Mais pour une famille de taille huit (8 membres) par exemple, la somme peut suffire”, expliquent d’autres réfugiés.
«Même les décisions de rentrer au Burundi ne sont plus guidées par notre propre volonté. Elles sont plutôt le résultat d’une peur de mourir de faim ici », poursuivent nos sources.
Des réfugiés burundais et congolais qui campent à Mahama demandent au HCR et au gouvernement rwandais de revoir cette décision et « revenir sur l’ancien système d’aide alimentaire ».
Mahama, un camp de réfugiés situé dans le district de Kirehe, en province orientale du Rwanda, près de la rivière Kagera qui constitue la frontière avec la Tanzanie compte plus de 45 mille occupants, plus de 38 mille étant des Burundais. (Fin)