Kigali: La Commission économique pour l’Afrique (CEA) a publié un nouveau rapport relatif aux diverses stratégies de déconfinement des pays africains pour sortir de la crise de coronavirus (COVID-19) suite aux mesures de confinement destinées à éradiquer le virus mais avec des conséquences économiques dévastatrices.
Au moins 42 pays africains ont appliqué des mesures de confinement partielles ou totales dans leur quête visant à freiner la pandémie.
La CEA estime qu’un confinement total d’un mois sur l’ensemble du territoire africain lui coûte environ 2,5% de son PIB annuel, soit environ 65,7 milliards de dollars américains. Ce montant est distinct et s’ajoute à l’impact extérieur plus large du COVID-19 sur l’Afrique de la baisse des prix des matières premières et des flux d’investissement.
Dans le nouveau rapport intitulé, COVID-19 : Les stratégies de déconfinement de l’Afrique, la CEA propose sept stratégies de déconfinement qui permettront d’assurer une activité économique durable, quoique réduite. Le rapport présente certaines des stratégies de déconfinement proposées et mises en place dans le monde et décrit les risques encourus par les pays africains.
Avec le confinement, sont apparus de sérieux défis aux économies africaines, notamment la baisse de la demande de produits et de services ; le manque de trésorerie opérationnelle ; la réduction des opportunités de rencontrer de nouveaux clients ; la fermeture des entreprises ; les problèmes liés à l’évolution des stratégies commerciales et à l’offre de produits et services alternatifs ; la baisse de la production et de la productivité des travailleurs par rapport au travail à domicile ; la logistique et l’expédition des produits et les difficultés d’approvisionnement en matières premières essentielles à la production.
Parmi les problèmes les plus délicats auxquels sont confrontés les décideurs, il y a l’impact du confinement lié au COVID-19 sur la sécurité alimentaire.
Les sept stratégies de déconfinement proposées par le groupe de réflexion sont identifiées à partir de propositions et d’essais à travers le monde. Elles sont évaluées en fonction de la mesure dans laquelle chaque stratégie minimise l’incertitude sur les décès. Dans la plupart des cas, les pays appliquent une combinaison de plusieurs stratégies telles que les tests, la recherche des contacts et la réouverture progressive segmentée.
Ces stratégies concernent l’amélioration des tests ; le maintien du confinement jusqu’à ce que des médicaments préventifs ou curatifs soient développés ; le traçage des contacts et la réalisation d’un grand nombre de tests ; la délivrance de permis d’immunité ; la réouverture progressive et segmentée ; les mesures d’adaptation et les mesures d’atténuation.
Dans le cadre de mesures d’adaptation, les pays peuvent alléger le confinement une fois que les infections diminuent et le réimposer si elles commencent à dépasser la capacité de soins intensifs. Cela nécessiterait des fermetures régulières pendant les deux tiers de l’année, ce qui ne ferait guère de différence qu’un confinement permanent d’un point de vue économique. La capacité de soins de santé en Afrique est limitée, ce qui signifie que la capacité serait rapidement dépassée, entraînant potentiellement des décès.
Les mesures d’atténuation permettent progressivement à l’infection de se propager dans la population avec certaines mesures de distanciation physique en place. Elles fonctionneraient en Suède, où environ 25 à 40 pour cent de Stockholm a contracté le COVID-19, mais repose sur un bon respect des mesures de base de distanciation physique et une forte capacité de soins de santé. Cela pourrait impliquer un risque considérable dans les populations africaines avec un faible accès aux soins de santé et des comorbidités inconnues.
Les entreprises interrogées par la CEA avouent ne fonctionner qu’à 43% ; 70% des habitants des bidonvilles déclarent qu’ils manquent de repas ou mangent moins à cause de la crise de COVID-19.
Le confinement, note le rapport, anticipe les vulnérabilités graves, et que tester, tracer les contacts et assouplir des restrictions peuvent être possibles pour les pays disposant de systèmes de santé publique suffisants et ayant contenu la transmission de COVID-19, mis en place des mesures préventives, disposant de communautés engagées et éduquées, et ayant minimisé les risques de contagion aux groupes vulnérables.
La réouverture progressive et segmentée peut être nécessaire dans les pays où le confinement a failli avec de nouvelles mesures pour contrer la propagation de la maladie étant nécessaires là où le virus continue de se propager, note le rapport. La propagation du virus s’accélère toujours dans de nombreux pays africains en moyenne à 30% par semaine.
L’apprentissage actif et la collecte de données peuvent aider les décideurs politiques à déterminer les risques à travers l’étendue des inconnues politiques alors qu’ils envisagent des recommandations pour alléger le confinement et évoluer vers une « nouvelle normalité ».
Le rapport exhorte les nations africaines à profiter du retard. Cela peut être l’occasion de tirer des enseignements des expériences des autres régions et de leurs mesures de réouverture ; et d’utiliser le « temps supplémentaire » imposé par le confinement pour mettre rapidement en place des tests, des systèmes de traitement, des mesures préventives et concevoir soigneusement des stratégies de déconfinement en collaboration avec les communautés et les groupes vulnérables. (Fin)