Des Rwandais bloqués à la frontière de Ruhwa entre le Burundi et le Rwanda suite à la décision des autorités burundaises de fermer les frontières avec le Rwanda, le 11 janvier 2024
Au moins 50 Rwandais ont été arrêtés depuis le jeudi 11 janvier 2024 en province de Cibitoke au nord-ouest du Burundi, 46 autres refoulés par les autorités burundaises.
Selon des témoins interrogés par le collectif SOS Médias Burundi qui a réalisé ce dossier, ce sont les Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du parti présidentiel, le CNDD-FDD) qui ont procédé aux arrestations dans la plupart des cas. Les interpellés qui ont été retenus dans des cachots de la police dans un premier temps avant d’être récupérés par le Service national de renseignements, sont détenus dans un lieu inconnu pour le moment.
Selon des habitants, 38 ressortissants rwandais ont été arrêtés par la police en commune de Mugina. Ils ont été interpellés sur différentes collines de cette commune depuis jeudi, le jour de l’annonce de la fermeture des frontières entre le Burundi et le Rwanda par les autorités burundaises.
« Les personnes interpellées étaient installées à Mugina depuis plusieurs années. Elles ont des familles ici », racontent des habitants qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.
En commune frontalière de Rugombo, au moins 58 Rwandais ont été appréhendés entre jeudi et vendredi. Les autorités burundaises en ont refoulé 46, jeudi et vendredi, en raison de 20 et 26 respectivement.
« La majorité des personnes qui ont été arrêtées sont des ouvriers saisonniers qui travaillent dans les champs », disent des sources locales.
« S’il y a un conflit entre deux États, il faut privilégier les voies diplomatiques en mettant en avant les intérêts des peuples », conseille un expert des relations diplomatiques.
D’après une source sécuritaire, ce sont les membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, les Imbonerakure, qui ont procédé aux arrestations dans la plupart des cas.
« J’ai dû les corrompre pour qu’ils me laissent du temps de bien me préparer à franchir la frontière », précise avec peur un commerçant rwandais établi au chef-lieu de Rugombo. Il s’est confié à SOS Médias Burundi au moment où il préparait ses dernières valises samedi soir, avant de partir en toute discrétion grâce à la complicité de certains jeunes du parti présidentiel à qui il a donné de l’argent.
Le Gouverneur de Cibitoke dit être au courant de ces informations mais nuance en faisant savoir que seuls les irréguliers sont concernés par cette mesure. Carême Bizoza met en garde les spéculateurs. « Ils s’exposent à des sanctions ».
Lieu de détention
Les concernés ont d’abord été détenus dans les cachots de la police dans les deux communes respectives jusqu’à ce samedi en début de soirée. Le chef des renseignements en province de Cibitoke Rénovat Ntungicimpaye est allé les récupérer. Les véhicules à bord desquels se trouvaient les interpellés ont pris une direction jusqu’ici inconnue.
Certaines sources policières disent que quelques-uns auraient été transférés dans le cachot du Service national de renseignements (SNR) dans la ville commerciale Bujumbura au moment où d’autres seraient détenus au chef-lieu de province.
Le porte-parole de la PNB (Police nationale du Burundi) Désiré Nduwimana a dit que « ce sont seulement les irréguliers qui sont arrêtés ».
Dans les communes de Mabayi et Bukinanyana, aussi frontalières avec le Rwanda, des ressortissants rwandais qui y habitent indiquent que « nous avons peur d’être arrêtés à tout moment alors que nous considérons ici comme notre propre maison ».
Un championnat en partie affecté
Entre temps, 16 joueurs rwandais de tennis qui participaient à l’“East African Junior Championship 2024” qui se déroulait à Bujumbura ont pris la décision de retourner au Rwanda sans aviser les organisateurs.
« Ces joueurs sont partis entre 11h et 12h ce vendredi. Ils n’ont pas avisé les organisateurs », disent les sources. La compétition a continué. La finale a eu lieu ce dimanche. C’est le Burundi qui l’a remportée. (Fin)