By Anass BELHAJ;
Privée de mosquées, d’iftar collectif et de réjouissances familiales, la communauté musulmane du Rwanda expérimente cette année un Ramadan “inédit” en raison des restrictions mises en place pour lutter contre la pandémie de nouveau coronavirus.
Le confinement obligatoire et les autres mesures imposées par les autorités face à l’épidémie obligent les mosquées et tous les lieux de culte à rester fermés jusqu’à nouvel ordre, tandis que l’iftar ne pourra rassembler la famille, les voisins ou les amis comme le veut la tradition. Coronavirus oblige.
C’est avec tristesse et soumission à la volonté de Dieu que les musulmans du Rwanda, qui représentent environ 20% de la population, ont renoncé à l’accomplissement de la prière des Tarawih dans les mosquées, aux iftars collectifs et aux veillées religieuses qui donnent au mois béni du Ramadan toute sa particularité et sa singularité.
En temps normal, le principal quartier où résident les musulmans à Kigali, Nyamirambo, connaît un tourbillon de sons, de mouvements et de saveurs. Chaque soir, les Musulmans du quartier prennent le repas de l’iftar collectivement dans les rues, devant les maisons ou dans les mosquées, dans une ambiance festive de convivialité et de partage. Aujourd’hui, le célèbre quartier est quasiment déserté alors que le repas de rupture du jeûne est pris dans la stricte intimité familiale
“L’absence des Tarawih et des causeries religieuses pendant le mois sacré de Ramadan nous rend profondément triste, mais nous somme résignés à la volonté de Dieu”, a confié à la MAP Salim Uwurinigimana, propriétaire d’une petite boutique de produits alimentaires située au centre de Nyamirambo.
“Nous devons patienter jusqu’à la réouverture des mosquées, c’est le seul choix que nous avons. Nous prions Dieu pour l’éradication de cette maladie de coronavirus”, a-t-il dit, ajoutant que la pandémie de Covid-19 a également affecté son commerce.
“Je ne travaille plus que quelques heures pendant la journée depuis que ce virus est apparu. Avant, pendant le mois de Ramadan, nous travaillions jour et nuit, sans fermer”, a-t-il poursuivi.
Pour Shadia Rutangengwa, qui dirige une boulangerie non loin, “il faut s’adapter à la nouvelle situation et contribuer aux efforts visant à stopper la propagation de la maladie en restant chez soi”.
“Je suis avec la fermeture des mosquées pendant cette période de crise sanitaire. L’une des finalités de notre religion est de protéger l’être humain, même si cela nous prive de ressentir la joie et la spiritualité du moi sacré”, ajoute-t-elle.
Habituellement, la mosquée où se rend Shadia s’organise pour aider les personnes démunies : tout le monde peut apporter un plat à partager avec les plus pauvres du quartier. Cette année, les mosquées étant portes closes, Shadia dit avoir eu recours aux nouvelles technologies pour pouvoir organiser, avec ses amis, des initiatives de solidarité destinées à ceux dans le besoin.
“Nous avons créé des groupes sur les réseaux sociaux pour mobiliser des aides, financières ou alimentaires, destinées à ceux qui n’ont pas de quoi manger”, a-t-elle indiqué.
A Kigali, la police a instauré un laissez-passer électronique pour autoriser les déplacements essentiels. Certains commerces alimentaires particulièrement fréquentés en cette période ont été invités à anticiper l’afflux de clients en mettant en place, en amont, les mesures adaptées à la distanciation sociale. Le Rwanda, qui compte aujourd’hui 212 cas confirmés de contamination au nouveau coronavirus, dont 95 guérisons, est en mode confinement depuis le 21 mars. Les visites hors du domicile et les déplacements non essentiels sont strictement interdits, seules les sorties pour s’approvisionner, pour se faire soigner ou se rendre à la banque restent autorisées. (Fin)