Les combattants du FPR au patrouille à Kigali en 1994 après la défaite du gouvernement génocidaire
By Dr Bizimana Jean Damascène*
Le 3 et le 4 juillet 1994, le FPR-Inkotanyi a pris les villes de Butare et de Kigali en battant définitivement l’armée du Gouvernement génocidaire. Le contenu de l’agenda du Ministre Edouard KAREMERA montre que le 1er juillet 1994, le conseil du Gouvernement s’est réuni sous la direction du Premier Ministre Jean KAMBANDA et a examiné les problèmes en cours.
Le Gouvernement a insisté sur la confiance qu’il avait en les troupes françaises de l’opération Turquoise, espérant que celles-ci allaient les aider ouvertement à combattre le FPR Inkotanyi, mais dans le doute il a décidé d’envoyer d’urgence un messager à Paris pour discuter de la question.
1) LE GOUVERNEMENT DE KAMBANDA S’ATTENDAIT À CE QUE LES FRANCAIS L’AIDENT DANS LA GUERRE CONTRE LE FPR INKOTANYI
Le Gouvernement de KAMBANDA a constaté dans cette réunion que les Français ne l’aidaient pas à suffisance à cause de ses propres faiblesses pour ses défaites sur le front de la guerre et pour les massacres qu’il soutenait et coordonnait. Ils ont constaté que les Français étaient contrariés par les défaites du Gouvernement de KAMBANDA partout dans le pays, et qu’il y avait peu d’espoir de reprendre le territoire pris par le FPR Inkotanyi.
Le Gouvernement de KAMBANDA a décidé de faire son possible pour montrer aux Français que ses troupes étaient capables de gagner la guerre: “C’est à nous de montrer que, en tant que Gouvernement, nous sommes animés par la volonté d’y arriver malgré les positions difficiles qui sont les nôtres sur le terrain militaire et diplomatique”.
Au cours de cette réunion, le Gouvernement de KAMBANDA a décidé de préparer une lettre demandant un soutien précis à la France et transmise via le commandement militaire de l’opération Turquoise.
Le Gouvernement a également constaté que son image dans la communauté internationale était déplorable et qu’il devait faire son possible pour faire préparer des écrits pour l’améliorer et qui seraient diffusés dans les journaux internationaux.
Le Gouvernement de KAMBANDA a décidé en conséquence de rémunérer ceux qui allaient diffuser ces écrits et d’examiner régulièrement la question dans ses réunions.
2) LE GOUVERNEMENT DE KAMBANDA A DÉCIDÉ DE CACHER SA RESPONSABILITÉ DANS LA MISE EN ŒUVRE DU GÉNOCIDE
Le Gouvernement a également décidé de donner instructions à tous les Préfets de camoufler tout ce qui pourrait exposer sa responsabilité dans la mise en œuvre du Génocide, notamment en cachant les fusils et grenades utilisés dans l’exécution du Génocide et en diminuant le nombre des barrières pour en laisser seulement celles qui sont nécessaires :
« Le document de demande d’assistance doit être remis officiellement à la Mission Turquoise (…) Les nouvelles diffuses ainsi que les images qui nous sont défavorables. Il faut procéder à des démentis. Les démentis doivent s’accompagner d’un financement. (…) Message aux préfets pour ne pas montrer les armes et les grenades. Réduire autant que faire se peut les barrières et ne garder que les seules qui se justifient.”
Rappelons que c’est la France qui depuis le mois de mai 1994 a conseillé au Gouvernement de KAMBANDA de cacher sa responsabilité et celle de son armée dans la mise en œuvre du Génocide. Le rapport de la mission effectuée à Paris du 9 au 13 mai 1994 par le lieutenant-colonel Ephrem RWABALINDA qui y avait été envoyé s’entretenir avec les autorités militaires et politiques françaises, montre qu’il s’est entretenu avec le General HUCHON qui était chargé de la Mission militaire de coopération et qui a promis à RWABALINDA du matériel de guerre, mais lui a conseillé d’améliorer dans la presse l’image du Gouvernement, et de faire leur possible pour cacher les corps des personnes tuées pendant le Génocide.
Le Gouvernement de KAMBANDA a aussi décidé d’examiner comment les milices Interahamwe et Impuzamugambi pourraient être dissolues et leurs éléments intégrés dans l’armée pour montrer que ces milices n’auraient pas existé. Tout cela pour cacher l’image de cette armée criminelle qui avait enrôlé des civils dans des milices de tueurs. ”Suppression des milices armées et leur conversion en unités combattantes sous le contrôle de l’armée.” Cela est puni par la Convention Internationale de Genève (Suisse) du 9 aout 1949 relative à la conduite de la guerre.
Selon cette Convention, enrôler des civils et leur fournir des formations militaires pour les entrainer dans des actes de violence sous l’égide de l’Etat, est un crime de guerre puni par les lois internationales. Le Gouvernement de KAMBANDA a pris la décision de cacher l’existence de ces milices parce qu’il était conscient qu’il pouvait être poursuivi par les lois internationales.
3) LE DESESPOIR DU GOUVERNEMENT DE KAMBANDA DEVANT L’IMMINENCE DE LA PERTE DE LA VILLE DE KIGALI
Le conseil du Gouvernement du 1er juillet 1994 a examiné la situation de la guerre qu’il menait contre le FPR Inkotanyi, et s’est attristé de l’imminence de la perte de la capitale Kigali. Il a constaté que tout Kigali était encerclé par le FPR Inkotanyi et que les fournitures en armes espérées n’avaient pas eu lieu : « Kigali est totalement encerclée. Le ravitaillement ne suit pas du tout malgré les promesses. »
Pour expliquer sa défaite, le Gouvernement de KAMBANDA a prétendu que le FPR Inkotanyi était appuyé par des mercenaires belges et britanniques, et qu’il était soutenu par les Américains et les Britanniques. Un grand mensonge. Le FPR n’a jamais utilisé des mercenaires quels qu’ils soient, leurs troupes étaient composées de patriotes rwandais qui voulaient libérer leur pays.
Les amis du FPR Inkotanyi qui comprenaient sa cause l’aidaient certes sur le plan diplomatique pour expliquer le bien-fondé de la guerre, mais prétendre qu’il a été aidé militairement par des mercenaires est un gros mensonge. De mémoire d’homme, dans l’histoire du monde, aucune guerre n’a été gagnée par des mercenaires.
4) LES RAISONS AVANCÉES PAR LE GOUVERNEMENT DE KAMBANDA POUR EXPLIQUER SA DÉFAITE
Le conseil du Gouvernement du 1er juillet 1994 a constaté que le FPR Inkotanyi avait la capacité d’arriver où il voulait dans le pays, et qu’il était sur le point de prendre les villes de Ruhengeri et de Gisenyi. Le conseil n’a pas mentionné la ville de Butare qui elle aussi était pourtant sur le point d’être prise par le FPR Inkotanyi.
Comme consigné dans son agenda par le Ministre de l’Intérieur, Edouard KAREMERA, les raisons de la défaite ont été expliquées comme ci-après :
– La très faible détermination des militaires gouvernementaux ;
– Les conflits à l’intérieur du pays et les massacres ont enlevé tout crédit au Gouvernement et à son armée ;
– Les massacres et autres actes de violence commis par certains militaires gouvernementaux, comme des vols, des viols et leurs divisions internes ;
– Le peu d’engagement des militaires au combat ;
– L’incapacité des officiers à diriger la troupe ;
– L’inefficacité des services de renseignement ;
– Manque d’armes et de munitions à suffisance et manque de médicaments.
Les raisons qui sont avancées par le Gouvernement génocidaire montrent qu’il n’avait pas de cause à défendre à part tuer les civils Tutsi. Si son armée avait eu une cause légitime pour faire la guerre, elle aurait affronté les troupes du FPR Inkotanyi au lieu d’aller massacrer les civils pour la seule raison qu’ils sont Tutsi. Heureusement que malgré que plus d’un million de personnes ont été tuées parce que Tutsi, le Gouvernement génocidaire a été défait et les Rwandais œuvrent à la reconstruction du pays.
CONCLUSION
Le Génocide perpétré contre les Tutsi a été planifié par l’Etat, et mis en oeuvre par son armée, avec l’assistance de pays étrangers. Le Génocide perpétré contre les Tutsi a été arrêté par les troupes du FPR Inkotanyi en battant l’armée du Gouvernement génocidaire il y a vingt-six (26) ans. Il y a encore des pseudos politiciens comme INGABIRE Victoire UMUHOZA, Bernard NTAGANDA, Faustin TWAGIRAMUNGU, Jean-Marie Vianney NDAGIJIMANA et d’autres qui, mus par l’idéologie génocidaire, pensent toujours pouvoir replonger le Rwanda dans les horreurs passées. Ils doivent comprendre qu’ils n’ont plus leur place dans le Rwanda actuel.
C’est aussi le message que voulons transmettre à ceux qui manipulent la jeunesse pour l’entrainer dans le négationnisme du Génocide perpétré contre les Tutsi, dans le mensonge et dans la diffamation des hautes autorités rwandaises. Il y en a même qui prétendent mensongèrement être des rescapés du Génocide pour pouvoir mieux propager l’idéologie du Génocide. Toutes ces personnes devraient comprendre que le sang versé lors du Génocide perpétré contre les Tutsi suffit.
Le leadership actuel rwandais nous guide vers le chemin de l’unité, de la cohésion nationale et du développement durable. Les Rwandais l’ont confirmé par le referendum qui a modifié en 2015 la Constitution de 2003. Tel est le seul choix qui nous est utile. (Fin).
* Dr Bizimana Jean Damascène, Secrétaire Exécutif Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG)