Kigali: La Journée mondiale de la santé mentale, célébrée le 10 octobre, offre l’occasion de travailler à l’unisson pour un mieux-être des populations dans la Région africaine et à l’échelle mondiale.
Cette année, la Journée mondiale de la santé mentale porte sur la prévention du suicide. En effet, toutes les 40 secondes, une personne met fin à ses jours dans le monde. Ci-dessous le message de la Directrice régionale.
Message de la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, à l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale 2019.
La Journée mondiale de la santé mentale, célébrée le 10 octobre, offre l’occasion de travailler à l’unisson pour un mieux-être des populations dans la Région africaine et à l’échelle mondiale.
Cette année, la Journée mondiale de la santé mentale porte sur la prévention du suicide. En effet, toutes les 40 secondes, une personne met fin à ses jours dans le monde.
Si les données sur le suicide sont rares dans la Région africaine et la stigmatisation forte, nous savons que le suicide est un problème important de santé publique. Là où des données sont disponibles, comme c’est le cas en Côte d’Ivoire, en Guinée équatoriale et au Lesotho, les taux de suicide sont supérieurs à 20 cas pour 100 000 personnes chaque année. Ce chiffre est plus élevé que celui de la majorité des pays européens, de la Chine ou des États-Unis d’Amérique.
À l’échelle mondiale, près de quatre suicides sur cinq surviennent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Dans ces pays, les taux de suicide sont semblables chez les hommes comme chez les femmes.
Dans la Région africaine, l’OMS collabore avec les pays pour intégrer les services de santé mentale dans les soins de santé primaires et communautaires, par l’entremise de l’ensemble OMS d’interventions essentielles pour lutter contre les maladies non transmissibles (WHO-PEN) et de la formation à la mise en œuvre du Programme d’action mondial pour la santé mentale (mhGAP), qui a déjà eu lieu au Libéria, au Nigéria, en Ouganda et au Soudan du Sud. Nous travaillons aussi avec les communautés pour répondre aux besoins psychosociaux qui se posent à la suite de situations d’urgence sanitaire.
Pourtant, nous savons que la santé mentale est un domaine où les ressources font cruellement défaut. Par exemple, en Éthiopie, on estime que 20 millions de personnes ont des problèmes de santé mentale, mais seulement 10 % de ces personnes ont accès à un traitement et moins de 1 % reçoivent des soins spécialisés.
Cependant, nous pouvons changer la donne par une action communautaire. En 2018, dans le cadre du premier « Challenge de l’OMS pour l’innovation en Afrique», j’ai rencontré Ephrem Bekele Woldeyesus, un entrepreneur social basé en Éthiopie. Ephrem a lancé une émission de radio hebdomadaire axée sur le bien-être, y compris sur la santé mentale, avec pour ambition depromouvoirun changement de comportement social. Ephrem utilise les recettes générées par son émission pour subventionner les services de santé mentale destinés aux membres de la communauté et élargit son action aux programmes de santé mentale et sociale en milieu scolaire.
Des solutions novatrices locales et opérant au niveau communautaire, comme celles d’Ephrem, peuvent changer la vie de milliers de personnes. Un autre exemple est le programmeFriendship Bench (littéralement le «Banc de l’amitié»), qui a été lancé au Zimbabwe et qui s’est étendu à d’autres pays africains, ainsi qu’à New York. Le Friendship Benchest un programme qui rassemble des femmes âgées : celles-ci sont formées en qualité d’agents de santé non professionnels pour aider les personnes dans le besoin à trouver une issue à leurs problèmes.
Aujourd’hui, j’aimerais donc exhorter chacun d’entre vous à réfléchir à ce que vous pouvez faire pour améliorer la santé mentale dans votre communauté et, partant,pour réduire les cas de suicide. Par exemple :
• les pouvoirs publics peuvent faciliter la collaboration multisectorielle, particulièrement en limitant l’accès aux pesticides, aux armes à feu et à certains médicaments, et en renforçant les politiques qui visent à réduire l’usage nocif de l’alcool ;
• le secteur de la santé peut dispenser à des travailleurs non spécialisés une formation leur permettant d’évaluer et de gérer les comportements suicidaires, de déterminer, traiter et soigner les personnes atteintes de troubles mentaux, de toxicomanie, de douleurs chroniques ou de détresse émotionnelle aiguë, et d’améliorer le suivi des personnes qui ont fait une tentative de suicide ;
• le secteur de l’éducation peut mener des interventions en milieu scolaire afind’apporter un soutien aux adolescents dans le domaine de la santé mentale ;
• les chercheurs peuvent réaliser des études qualitatives pour déterminer les facteurs de risque pertinents d’un point de vue culturel et la façon dont ils s’appliquent dans différents contextes ;
• les médias peuvent rendre compte de la situation de façon responsable, conformément aux orientations de l’OMS ; et
• les communautés peuvent contribuer à la réduction de la stigmatisation et de la discrimination, ainsi qu’à l’établissement de réseaux de soutien.
Ensemble, nous pouvons réduire le nombre de cas de suicide, combattre la stigmatisation de la maladie mentale et nous soutenir mutuellement pour un mieux-être de nos communautés. (Fin)