Des Banyamulenge retenus dans une tranchée creusée par des militaires congolais sur le village de Mugeti, territoire de Bijombo à l’est de RDC
Dans une correspondance adressée au président de la RDC, la Mutualité de la communauté Tutsi « Isōko » en RDC alerte sur un possible génocide et demande au président d’intervenir contre un génocide en gestation contre les Tutsis.
Citant des exemples de récentes victimes dans les provinces du Sud-Kivu, du Nord-Kivu et de l’Ituri (est de la RDC), elle y voit une situation grave où une catégorie de la population est ciblée, marginalisée et tuée, ce qui constitue « un génocide ».
D’après le Collectif SOS Médias Burundi, la communauté Tutsi implore l’intervention du chef de l’Etat congolais. La correspondance revient sur des cas des personnes issues de la communauté Tutsi tuées au Sud-Kivu, en Ituri et au Nord-Kivu ces derniers jours.
« […], tout en soutenant et en encourageant vos efforts dans la recherche du rétablissement de la paix à l’est de la RDC, nous adressons toutes nos compassions aux familles des victimes militaires et civiles qui ont été fauchées au Sud-Kivu dans les hauts plateaux de Minembwe, en Ituri et au Nord-Kivu (Beni et très récemment à Rutshuru et Nyiragongo) […] », détaille le communiqué qui parle d’un génocide en gestation.
Le communiqué précise que plusieurs membres de la communauté Tutsi sont poursuivis, interpellés arbitrairement, accusés à tort d’être des ennemis, des membres et/ou des complices du M23.
« Même nos frères membres des forces loyalistes FARDC (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) et PNC (Police nationale du Congo) et des services spécialisés ont été interpellés […] », rappelle la correspondance qui dénonce « un récent briefing du commissaire provincial de la police dans le Nord-Kivu à Goma appelant la vindicte populaire suivie par la chasse aux Tutsis ».
La communauté rappelle que dans le passé en 1998,1990 et 1964 plusieurs Tutsis ont été massacrés sur fond d’appartenance ethnique à Goma, Kinshasa, Kisangani, Katanga, Masisi, Nyiragongo et Rutshuru en complicité avec l’autorité politique.
« […] les Tutsis font objet de discrimination fondée sur leur appartenance ethnique, accusés d’être des étrangers, pourtant trouvés sur une partie du territoire qui devint la RDC en 1960 avec l’accession du Congo à la souveraineté nationale et internationale », explique-t-elle.
Elle fait savoir que le conflit est lointain et que le M23 est passé du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie) au CNDP (Congrès national pour la défense du peuple) dans l’histoire de lutte pour le même motif, mais que le Tutsi Lambda et la communauté Tutsi en général ne devraient pas en être victimes et vivre un tourbillon suite « aux intérêts obscurs des uns et des autres ».
Tout en lui demandant d’intervenir pour la sécurité des Tutsis congolais, la Mutualité Isōko RDC recommande au président Tshisekedi et à son gouvernement de s’impliquer pour « décourager et sanctionner l’incitation à la haine, à la discrimination et à la chasse aux Tutsis » tout en insistant que « les forces spécialisées doivent éviter de tomber dans la généralisation en assimilant tout Tutsi aux groupes armés ».
Depuis la reprise des combats entre le M23, un groupe armé constitué pour la plupart de Tutsis congolais et les FARDC il y a quelques semaines, la communauté des Congolais parlant Kinyarwanda est souvent confondue aux Rwandais qu’il faut « chasser du territoire de la RDC selon des messages relayés sur les réseaux sociaux ». Des cas d’assassinat, des arrestations ou encore de destructions et de vol des biens appartenant à des membres de cette communauté sont rapportés.
La Mutualité Isōko alerte sur un génocide des Tutsi en RDC et demande au président Félix Tchisekedi d’intervenir.
La correspondance a été transmise au Secrétaire général de l’ONU, au président de l’Union africaine, au président en exercice de l’EAC, à la commission de l’Union africaine, à certains membres du conseil de sécurité de l’ONU comme les USA, la Chine, la France, le Royaume-Uni et la Russie. (Fin)