La réouverture des frontières terrestres entre le Burundi et le Rwanda qui ont été fermées à nouveau au mois de Janvier 2024 n’est pas pour bientôt.
Cette annonce a été faite par Rosine Guilène Gatoni, porte-parole du Président Évariste Ndayishimiye, en marge de l’émission publique tenue dans la province de Karusi (centre-est du Burundi) par les porte-paroles des institutions étatiques.
La porte-parole du Président burundais a insisté sur une demande exigée par les autorités burundaises, comme condition sine qua non pour la réouverture des frontières entre les deux nations sœurs des Grands-Lacs d’Afrique: l’extradition des leaders rebelles du mouvement Red-Tabara.
« Le Rwanda a toujours promis de nous les remettre, mais il n’a pas tenu parole. Au moment où le Burundi s’apprêtait à les accueillir, les attaques terroristes ont continué », a accusé Rosine Guilène Gatoni.
Selon le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information, Guilène Gatoni répondait à une question d’un journaliste local qui voulait savoir quand les autorités burundaises comptent rouvrir les frontières avec le Rwanda voisin.
Elle a rappelé que lors de la visite du président en exercice de la communauté Est-Africaine, le Président du Soudan du Sud Salva Kiir à Bujumbura (ville commerciale) « lui-même avait demandé au Rwanda de respecter les conventions entre pays et remettre les chefs rebelles au Burundi ».
« Nous sommes pour la libre circulation des biens et des personnes. Nous voulons aussi le bon voisinage, mais aussi longtemps que ces rebelles seront soutenus par le Rwanda, les frontières resteront fermées comme l’a déclaré le Président de la République », a conclu la porte-parole du Président Ndayishimiye.
Lors de cette émission publique, le secrétaire général du gouvernement burundais a quant à lui expliqué que «si les frontières terrestres sont fermées, c’est pour mieux contrôler les entrées et sorties ».
Jérôme Niyonzima a également dit qu’« actuellement, il n’ y a vraiment pas de dialogue entre le Burundi et le Rwanda. Si demain ou après-demain notre pays voisin décide d’honorer ses engagements et se débarrasser de ces terroristes, ce sera la réponse à cette problématique ».
Il a en outre souligné que les relations entre les États est un processus qui se renouvelle et insisté que la situation pourrait s’améliorer « si le Rwanda acceptait de respecter la promesse faite ».
Les autorités burundaises ont fermé les frontières avec le Rwanda en janvier dernier, reprochant au gouvernement rwandais et au Président Paul Kagame personnellement d’entretenir des groupes terroristes burundais, surtout le groupe armé RED-Tabara basé dans le Sud-Kivu à l’est de la RDC.
Le groupe rebelle a mené des attaques sanglantes dans l’ouest du Burundi depuis décembre dernier. Le Rwanda a toujours nié ces allégations disant « qu’il n’y a pas de vérité dans les propos du Président Évariste Ndayishimiye ».
Pour rappel, le Burundi avait rouvert les frontières avec le Rwanda fin octobre 2022. Il les avait fermées en 2015 suite à une crise électorale et une tentative de coup d’Etat au Burundi.
En décembre 2023, lors d’une conférence publique, le Chef de l’Etat Evariste Ndayishimiye a ouvertement accusé le Rwanda de soutenir les rebelles du mouvement rebelle burundais RED-Tabara (Résistance pour un Etat de Droit).
Les relations entre le Rwanda et le Burundi se sont détériorées depuis 2015 dans la foulée d’une crise politique et sécuritaire née de la contestation du 3ème mandat de l’ancien Président burundais, feu Pierre Nkurunziza.
Gitega accuse Kigali d’héberger et d’entraîner militairement ses opposants qui y ont pris refuge. De son côté, le Rwanda accuse le Burundi de collaborer avec les rebelles du mouvement FDLR, Forces démocratiques pour la libération du Rwanda, accusés d’avoir perpétré un génocide contre les Tutsi en 1994 au Rwanda.(Fin)