Hotel Rwanda était un film à succès hollywoodien qui mettait en lumière les atrocités commises lors du génocide de 1994 contre les Tutsi. Nul doute que beaucoup l’ont regardé et applaudi les actions courageuses du soi-disant personnage héroïque Paul Rusesabagina épeint par Don Cheadle, et ses efforts pour protéger et libérer les Tutsi qui étaient acculés à l’hôtel des Mille Collines.
Cependant, l’histoire racontée dans le film primé est une pure fiction et ne fournit pas une image réelle et précise des événements qui se sont déroulés entre avril et juin 1994. Il va sans dire qu’il ne s’agissait pas d’un documentaire en direct, ni d’une légende de témoin des événements.
Paul Rusesabagina est rwandais, né le 15 juin 1954. Il a travaillé à l’hôtel des Mille Collines lors du génocide de 1994 contre les Tutsi. Il affirme avoir secouru 1 200 Tutsi qui s’étaient réfugiés à l’hôtel.
Paul Rusesabagina est devenu célèbre après son film Hotel Rwanda de 2004. Dans le film, il est décrit comme un homme courageux qui a fait tout ce qu’il pouvait pour sauver les Tutsi menacés qui avaient cherché refuge dans l’hôtel.
Cependant, c’est loin d’être vrai selon les récits des survivants qu’il prétend avoir secourus. Ils le considèrent plutôt comme un opportuniste qui recherche la gloire et les gains personnels. Selon le témoignage des rescapés, Rusesabagina n’a joué aucun rôle dans leur survie, mais une combinaison de facteurs dont l’intervention de la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR), la protection des troupes françaises puisque l’hôtel abritait l’unité de communication de l’armée française. , et il y a des pressions du Front patriotique Rwandais (FPR) contre les forces gouvernementales.
Rusesabagina a pris l’administration de l’hôtel à partir du 16 avril 1994, une semaine après le début du génocide. Il a consolidé toute autorité autour de lui où il pouvait permettre ou rejeter qui il voulait. Il a sélectivement autorisé un logement à ses alliés et à d’autres personnes qui ont réussi à payer un logement tout en poursuivant ceux qui ne pouvaient pas payer, défiant l’appel du président de Sabena Hotels qui l’a exhorté à accueillir tous les réfugiés sans les faire payer.
Dans son livre «The Hotel Rwanda: The Surprising True Story… and Why It Matters Today, BenBella Books, 25 mars 2014», Edouard Kayihura, l’un des survivants, et d’autres qui s’étaient cachés dans l’hôtel racontent comment Rusesabagina les a soumis à l’horreur. Lors de sa première rencontre avec le personnel après être devenu directeur de l’hôtel, il a demandé que tous les réfugiés qui n’avaient pas les moyens de payer une chambre soient expulsés des chambres d’hôtel et les chèques en guise de caution.
Au cours de son mandat en tant que directeur de l’hôtel, il a eu de bonnes relations avec les dirigeants des Interahamwe, y compris son président au niveau national, M. Robert Kajuga, et des officiers de l’armée, dont le général Augustin Bizimungu, chef d’état-major de l’armée et le colonel Theoneste Bagosora, directeur de cabinet du Ministre de la Défense qui a exercé les fonctions de Ministre de la Défense par intérim pendant que le Ministre était en mission au Cameroun. Le colonel Bagosora est considéré comme l’un des architectes du génocide au Rwanda. Il a été condamné à 35 ans de prison par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR).
Cette relation entre Rusesabagina et certains hauts responsables du gouvernement qui a planifié et exécuté le génocide existait auparavant parce que Rusesabagina était utilisée par le bureau du président pour collecter des renseignements tout en se présentant comme un civil ordinaire [Edouard KAYIHURA, The Hotel Rwanda: The Surprising True Story… et Why It Matters Today, BenBella Books, 25 mars 2014].
Si Rusesabagina est vraiment un héros qui a sauvé les Tutsi comme il le prétend, comment peut-il en même temps nier le même génocide qui a menacé la vie des personnes qu’il prétend avoir sauvées? Comment un homme qui prétend avoir secouru des Tutsi pendant le génocide peut-il se retourner et collaborer avec les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), une organisation terroriste sous sanctions de l’ONU qui comprend des auteurs du génocide et continue de faire des ravages en RDC?
Il a fait tout cela dans le but de solliciter des fonds pour sa Fondation Rusesabagina et son parti politique PDR-Ihumure.
C’est dans ce contexte qu’Ibuka, la collation des associations de survivants du génocide, a déclaré à propos de RUSESABAGINA: «Il a détourné l’héroïsme. Il fait du commerce avec le génocide. Il devrait être accusé. (Fin).
Ndlr : Ce texte est publié par la CNLG (Commission Nationale de Lutte contre le Génocide), une institution publique mise en place par le gouvernement rwandais en 2008.