Le Directeur Exécutif de AATF, Dr Canisius Kanangire
Le Directeur Exécutif de la Fondation Africaine pour l’Utilisation des Technologies de pointe en Agriculture (AATF), Dr Canisius Kanangire, indique que l’Afrique doit éviter le retard dans l’utilisation des technologies à la pointe au niveau de l’Agriculture, et ce sera l’objet d’une Conférence Africaine qui se tient à Kigali en Juin 2025. Lire son interview à André Gakwaya de RNA lors d’une conférence de presse préparant cette rencontre :
Je voudrais dire que le Rwanda a beaucoup à partager avec d’autres pays au niveau du continent dans le domaine de la transformation du secteur agricole en général. Lorsque nous regardons par exemple les efforts que le Rwanda a faits de donner aux petits fermiers la capacité d’avoir des Investment qui améliorent les outils de production, par exemple en matière d’irrigation, de semences sélectionnées, d’accès aux connaissances pour améliorer les pratiques agricoles qui sont utilisées dans le domaine. Le Rwanda est en avance par rapport à beaucoup de pays africains et ce serait une leçon à partager avec les autres.
Le Rwanda a également investi dans les infrastructures. Nous savons qu’au niveau du continent africain que jusqu’à 40 % des produits agricoles périssent après la récolte. Ils pourrissent et sont jetés quoi. Donc le Rwanda en investissant dans les infrastructures qui permettent de conserver, de stocker ces produits là ça a un avantage pour les fermiers. D’abord parce qu’il n’est pas pressé de vendre à n’importe quel prix, mais également il y a un avantage au pays de pouvoir parer aux périodes de crise et de maximiser l’accès à la nourriture pour la population rwandaise et vendre pour d’autres pays africains.
C’est quelque chose que le ministère chargé de l’agriculture au Rwanda va partager avec d’autres dans cette conférence. Il y a également des percées très impressionnantes, je dirais au niveau de l’ouverture aux biotechnologies. Nous avons beaucoup d’insectes ravageurs, nous avons des virus, des bactéries, qui attaquent les plantes et qui peuvent facilement dévaster les champs et empêcher l’agriculteur d’avoir des récoltes qu’il avait prévues.
Et la biotechnologie permet de protéger ces cultures-là, contre les insectes, contre les bactéries, contre ces maladies. Nous avons actuellement des essais qui sont en train d’être faits au Rwanda sur le manioc, la pomme de terre, le maïs, nous espérons que dans deux ans, en 2026, nous pourrons avoir de bons résultats. Et ceci dans les mains des fermiers fera totalement une évolution dans le domaine de production agricole, dans l’atteinte de la sécurité alimentaire et de nutrition.
Et donc nous avons beaucoup de progrès et de succès que le Rwanda a faits, et une conférence comme la conférence africaine sur les technologies agricoles qui va se tenir à Kigali au Rwanda en 2025 sera une plateforme de partage, de données et de recevoir entre les pays.
Il y a beaucoup d’obstacles dans le domaine agricole au niveau du continent africain actuellement. Le premier est que nous avons un retard dans l’utilisation des semences sélectionnées. En général, lorsque vous considérez sur le continent africain il y a seulement 20 % d’agriculteurs qui utilisent les semences sélectionnées. On recycle ce qu’on a produit. Et avec ça, vous perdez progressivement de la vigueur et les récoltes diminuent. Nous avions également un problème dans les connaissances que nous utilisons. Nos fermiers ont besoin de connaissances et les services de vulgarisation ont été très affaiblis, dépouillés des ressources, et ça c’est quelque chose que j’apprécie pour le Rwanda parce que il y a efforts de ramener les experts à côté des agriculteurs.
Ce n’est pas la même chose partout.
La troisième chose, c’est l’accès aux finances. Il faut des investissements. La troisième chose c’est l’accès aux infrastructures de base comme les routes, les endroits de stockage. On en a besoin pour que les récoltes ne périssent pas. Et ça c’est quelque chose qui constitue un obstacle très sérieux.
La quatrième chose, c’est maintenant les politiques. Les politiques qui sont en place ne permettent pas l’avancée rapide et l’utilisation des innovations qui sont produites par nos chercheurs. Au niveau du pays, au niveau global par le système de recherche en agriculture en général ou même au niveau des organisations privées qui investissent dans les recherches.
Il y a beaucoup d’innovations, mais au niveau du continent africain, nous avons encore beaucoup de retard sans cette adoption-là, et ce retard-là constitue vraiment un frein à la réalisation de l’objectif de sécurité alimentaire.
Par exemple, maintenant nous sommes dans une révolution génétique. Si on a du retard à adopter des mesures de sécurité pour amener ces innovations aux agriculteurs au niveau du continent africain, bientôt ça va passer, on va aller à une autre technologie, celle-là sera déjà obsolète. Passer à une autre technologie, nous prendra le même retard. Donc tout va passer. Et on constate, on apprend du passé qu’on a été en retard sur beaucoup d’adoptions. Et ça, c’est un grand obstacle et je fais appel aux politiques et à ceux qui prennent des décisions dans le secteur privé. Nous devons absolument être à la page.
Dans le domaine de la nourriture et de l’agriculture également. On ne doit pas être à la page seulement dans la téléphonie, l’internet, il faut également qu’on pense à ce que nous mangeons parce que vous utilisez les ordinateurs quand vous avez bien mangé.
Le nombre de participants attendus en Juin 2025 à Kigali à cette Conférence sur les Technologies en agriculture sera certainement le cas de la première édition où nous avons eu 780 personnes. Nous espérons que nous aurons au minimum dans le 700 ou un peu plus. Et le Rwanda est un endroit très attrayant. C’est la deuxième édition. (Fin)