L’archevêque métropolitain de Kinshasa et conseiller du pape, le cardinal Fridolin Ambongo, accuse le gouvernement congolais d’armer les rebelles rwandais des FDLR qui furent le fer de lance du génocide des Tutsi du Rwanda 1994.
« Le gouvernement a distribué des armes supplémentaires à divers groupes armés, comme les Wazalendos, mais aussi à certains appartenant aux FDLR, dans l’espoir que ces groupes soutiendraient l’armée face à l’avancée du M23. Tous ces groupes sont aujourd’hui bien armés et c’est la population qui en paie le prix, générant ainsi un risque d’insécurité généralisée », a déclaré le cardinal Ambongo dans une interview avec l’Agence Fides, l’organe d’information des Œuvres pontificales missionnaires du Vatican.
Cet appui aux FDLR a longtemps été utilisé pour justifier la présence des troupes de l’armée rwandaise sur le territoire congolais, bien que Kinshasa ait toujours nié tout lien avec ces rebelles extrémistes hutu qui cherchent à reconquérir le pouvoir au Rwanda par la force en vue de parachever le génocide.
“Le M23 continue de conquérir des territoires alors que l’armée congolaise se trouve dans une situation de confusion totale”, déclare le Cardinal dans cette interview.
Le conseiller du pape a décrit une situation qui « s’aggrave de jour en jour » à Goma et dans ses environs, et craint désormais « le risque d’une insécurité généralisée, d’abord à Goma et plus largement dans tout l’est du pays ».
Ces derniers jours, la terreur règne dans la ville de Goma qui est sous l’emprise des milices anti-Tutsi appelés Wazalendo, des militaires congolais, des FDLR et des policiers.
Dans sa guerre totale contre le M23, le gouvernement congolais a armé les Wazalendo et les FDLR qui sont devenus le cauchemar des congolais de Goma et de ses environs.
Pour mettre fin à ce banditisme urbain armé, le maire de Goma a d’ores et déjà interdit à ces Wazalendo de se promener avec leurs armes dans le chef-lieu du Nord-Kivu.
Au lieu de faire appel aux Wazalendos et aux FDLR, le cardinal Ambongo propose au gouvernement de « renforcer l’armée régulière avec des soldats sélectionnés et bien formés » plutôt que de continuer avec ce « choix dangereux d’armer ces groupes qui finissent par devenir un danger pour la population, en agressant les citoyens, en commettant des vols et des meurtres, et en se lançant dans le commerce illégal des minerais extraits des mines artisanales de la région ».
Ce partenariat RDC-FDLR dont le but ultime est d’attaquer le Rwanda a déjà été dénoncé par les Nations unies, l’Union européenne (UE) et d’autres chancelleries, bien que démenti par Kinshasa.
Très critique envers le régime ces dernières semaines, le cardinal Ambongo s’est vu refuser l’accès au salon VIP de l’aéroport international de N’Djili. Il a regagné Kinshasa, vendredi 19 avril, après cinq jours au Saint-Siège. (Fin)