Le ministre burundais de la Défense Alain Tribert Mutabazi a confirmé des informations données par la population faisant état d’une présence massive des troupes sur la frontière avec le Rwanda, surtout en province Kirundo (nord du Burundi).
D’après le Collectif SOS Médias Burundi, le ministre Alain Tribert Mutabazi souligne que l’armée se tient prête sur les frontières pour riposter contre toute attaque en provenance du Rwanda voisin.
Alors qu’il présentait le bilan des réalisations pour le second trimestre de l’année budgétaire 2023-2024, le ministre de la Défense national Alain Tribert Mutabazi a rappelé que les frontières avec le Rwanda sont jalousement contrôlées après la fermeture de ces dernières, début janvier.
« Vous demandez si nous avons écho d’attaques imminentes en provenance du Rwanda, du moment que les frontières sont fermées ? En principe l’armée sait comment s’organiser conséquemment et faire son travail, qu’elle ait renforcé sa présence et/ou ses équipements sur les frontières ou non, je trouve cela normal », a-t-il répondu à une question, apparemment gênante, d’un journaliste qui couvrait l’événement à Bujumbura, la ville commerciale de la petite nation de l’Afrique de l’est.
Le ministre Mutabazi, un civil, a cependant vanté le travail des militaires déployés en masse le long de la frontière avec le Rwanda, de Kirundo à Cibitoke en passant par Ngozi et Kayanza (Nord-Ouest).
« Nous voulons vous rassurer et confirmer que l’armée fait du bon travail ces derniers jours sur ces frontières, et nous sommes en parfaite collaboration avec la population, l’administration et la justice », a-t-il déclaré, niant ainsi que « nous n’avons rien soupçonné, même si les frontières sont fermées ».
Sur les frontières entre les deux pays, la population a fait aussi ce constat. Des habitants riverains ont témoigné avoir remarqué un déplacement en masse de militaires et d’Imbonerakure (membres de la ligue des jeunes du parti CNDD-FDD) tout le long de la frontière à Kirundo (nord du Burundi). La réserve naturelle de Murehe, en commune Busoni, qui se prolonge au Rwanda, semble hautement sécurisée.
« Ce n’est pas n’importe qui qui peut aller à la frontière. Les responsables ont choisi les démobilisés, c’est-à-dire ceux qui maîtrisent le maniement des armes. Nous les voyons pendant la nuit surtout chez nous à Munazi, Vyanzo. Ils surveillent tout mouvement de la population qui pourrait franchir la frontière vers le Rwanda ou en provenance de ce ‘pays ennemi’ comme ils le disent », ont fait savoir des Imbonerakure qui participent dans la sécurisation de la frontière.
« Nous devons surveiller jour et nuit les Rwandais qui peuvent franchir la frontière. Tout Rwandais qui viendrait au Burundi est considéré comme ennemi. On nous a dit de capturer ceux qui sont armés », continuent des sources au sein de ce contingent déployé.
Côté armée, le ministre de la Défense met en garde le Rwanda que s’il attaque le Burundi, une riposte farouche est prévue.
« Il n’y a pas de confrontations entre nos deux pays et vous le savez bien que le Rwanda ne peut pas se permettre d’attaquer le Burundi, il n’en peut pas ! Mais si nous sommes attaqués nous allons nous défendre convenablement. Et nous sommes prêts pour aussi éradiquer d’autres groupes d’ennemis qui pourraient nous surprendre et perturber la sécurité des Burundais. Soyez tranquilles », a prévenu le ministre Mutabazi, natif de Kirundo, une province qu’il a dirigée avant d’être propulsé au poste de ministre en charge de la Défense et des anciens combattants.
Guerre des menaces…
Le Burundi semble répondre au Président rwandais qui a profité de la 19ème édition du dialogue national dit «Umushikirano» pour mettre en garde les « deux voisins du sud et de l’ouest (le Burundi et la RDC ) » qui considèrent le Président Paul Kagame comme «un mauvais voisin dont il faut se débarrasser».
« Lorsqu’il s’agit de défendre ce pays qui a souffert pendant si longtemps et que personne n’est venu aider, je n’ai besoin de la permission de personne pour faire ce que nous devons faire pour nous protéger », a déclaré le Président Kagame.
« Rien ne pourra dépasser les frontières de notre petit pays. Si quelqu’un essaie de le faire … Ce sont des ballons remplis d’air. Ils sont vides. Il suffit d’une simple aiguille pour les vider ! », a magistralement soutenu et comparé le Président Paul Kagame.
Des analystes dans la sous-région qui redoutent le bruit des bottes conseillent plutôt aux trois pays, le Burundi, le Rwanda et la RDC de passer par la table du dialogue pour trouver une solution durable et qui avantage surtout la population des trois pays membres de la Communauté Est-Africaine et des Grands-Lacs d’Afrique. (Fin)