Le très populaire artiste rwandais Bruce Melodie a passé sa première nuit au cachot du commissariat général de la police judiciaire à Bujumbura, la capitale économique du Burundi.
Selon le Collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information, la police burundaise parle d’une affaire d’escroquerie. Tard dans la nuit, le ministère en charge de la sécurité a confirmé l’arrestation et la détention de Bruce Melodie. Dans un court message sur son compte Twitter, le ministère a écrit sans donner de détails que « Bruce Melodie est gardé à vue, sous enquête pour escroquerie ».
Dans un groupe WhatsApp des journalistes de médias locaux surtout et des porte-paroles des institutions étatiques, le porte-parole du ministère en charge de la sécurité et des affaires intérieures Pierre Nkurikiye a indiqué que « Melodie est en détention et ne pourra rien faire, aucune activité car un détenu est privé de ses droits ».
Jusqu’à mercredi tard dans la nuit, Bruce Melodie n’était pas assisté par un avocat. Toutefois, un avocat burundais était présent pendant l’interrogatoire pour jouer l’arbitrage.
C’est un homme d’affaires burundais qui a porté plainte contre l’artiste qui devrait se produire à Bujumbura les 2 et 3 septembre 2022. Il veut être remboursé la totalité de son argent qu’il avait donné à l’artiste rwandais l’année dernière quand il voulait se produire à Bujumbura. Ses concerts avaient été annulés par le ministre en charge des affaires intérieures Gervais Ndirakobuca « pour cause de Covid-19 ».
Le très populaire artiste a été interpellé au moment où il quittait l’aéroport international de Bujumbura pour se rendre à son hôtel. « C’était aux environs de 17h quand il a été arrêté par des hommes qui ont suivi son véhicule. Il était en cours de route vers son hôtel », raconte un témoin oculaire de la scène d’arrestation. L’artiste rwandais a été appréhendé par des hommes en tenue civile et policière.
L’homme d’affaires burundais qui a porté plainte contre l’artiste rwandais a exigé le remboursement de deux sommes : deux mille dollars et trente millions de francs burundais. Ce qui a surpris le très aimé artiste. « Mon équipe de management a été changée. Celle qui avait signé le contrat m’avait parlé des 2 mille dollars que je suis prêt à rembourser », a reconnu l’artiste rwandais.
Sur les réseaux sociaux, un expert de la loi burundaise a estimé que Bruce Melodie ne devrait pas être poursuivi et que ce sont plutôt les autorités burundaises qui devraient rembourser l’avance sur frais. «[…]. Il devrait invoquer le cas de force majeure article 315 du code de commerce (2015). Son concert fût annulé par les autorités burundaises indépendamment de sa propre volonté à cause du Covid-19 », a écrit un certain Darnaud.
L’année dernière, c’est le ministre en charge des affaires intérieures et de la sécurité Gervais Ndirakobuca qui avait annulé les concerts de Bruce Melodie et de deux autres artistes rwandais. « On n’acceptera jamais qu’il y ait quelqu’un qui vienne du Rwanda pour se produire, chanter et se défouler ici alors que chez eux ils sont enfermés. Ils peuvent nous causer des problèmes irréparables », avait souligné le ministre Ndirakobuca en demandant aux services chargés de la surveillance des frontières d’être très vigilants car, affirmait-il « ce sont ces gens qui entrent clandestinement qui nous emmènent le Coronavirus».
L’ambassade du Rwanda à Bujumbura a dépêché un représentant pour aller assister Bruce Melodie hier durant son interrogatoire au quartier général du commissariat général de la police judiciaire situé dans la zone de Bwiza dans le centre de la ville commerciale Bujumbura. Au Burundi, l’escroquerie peut être punie jusqu’à cinq ans de prison.
Le Burundi n’a jamais été une terre bénie pour Bruce Melodie. En 2018, il avait été obligé d’annuler ses concerts dans la ville commerciale Bujumbura suite « à la tension diplomatique entre le Burundi et le Rwanda ». (Fin)