Le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés (HCR) et le Programme alimentaire mondial (PAM) au Rwanda ont sensiblement réduit la quantité et la nature de l’assistance des réfugiés. Alors que le HCR parle de diminution significative des ressources affectées à l’aide aux réfugiés, ces derniers y voient notamment une forme de contrainte au retour forcé.
D’après un communiqué du HCR et du PAM cité par le Collectif SOS Médias Burundi qui a réalisé ce dossier, en novembre 2023, l’aide alimentaire allouée aux réfugiés sera considérablement réduite.
Les réfugiés qui reçoivent actuellement 10.000 francs rwandais par mois percevront désormais 8.500 francs, et ceux qui recevaient 5.000 auront 4.250 francs, la première catégorie étant considérée comme la plus démunie.
«Cette réduction ne s’appliquera pas à l’assistance accordée aux réfugiés dans le cadre du programme spécial de nutrition, aux étudiants et aux rapatriés rwandais», expliquent ces deux agences onusiennes.
Pourtant, le choc est loin d’être amorti.
«L’autre assistance coupée comprend : l’aide en espèces pour les articles non alimentaires, l’aide en espèces pour l’énergie/gaz aux réfugiés vivant dans les camps de Nyabiheke, Kigeme et Kiziba. Les orientations vers les services de santé en dehors du camp sont limitées aux cas d’urgence uniquement», détaillent le HCR et le PAM.
Toutefois, la distribution du gaz se poursuivra dans les camps de réfugiés de Mahama abritant essentiellement des réfugiés burundais et Mugombwa « en raison des stocks existants disponibles ».
Le HCR et le PAM tentent désespérément de convaincre les réfugiés qui s’estiment « victimes » de cette réduction inquiétante de la ration.
«Nous tenons à informer tous les réfugiés au Rwanda qu’une partie de l’assistance qu’ils reçoivent ne sera fournie que jusqu’à la fin de 2023. Les réductions sont dues à une diminution significative des ressources affectées à l’aide aux réfugiés», indiquent ces agences humanitaires.
La désolation est totale chez les réfugiés
Au camp de Mahama à l’Est du Rwanda, le comité des réfugiés a été informé mais peine à expliquer aux concernés ces prochaines coupures de la ration.
« C’est une mesure extrêmement mal accueillie et aux multiples conséquences au camp. Le banditisme va reprendre son cours ascendant, les maladies chroniques liées à la malnutrition vont resurgir et les abandons scolaires seront innombrables. Les femmes vont devoir accoucher à la maison car les quelques transferts de cas d’urgence qui restaient sont presque supprimés », désespèrent des réfugiés burundais qui se sont confiés à SOS Médias Burundi.
Ces derniers vont plus loin pour expliquer cette mesure qu’ils qualifient de « violation de nos droits de protection ».
«C’est aussi un signal pour nous en phase de rapatriement pour nous contraindre au retour forcé, étant donné que l’enregistrement n’était plus massif ! En Tanzanie, la menace est ouverte mais ici elle est déguisée, car la mort par la faim est pire que celle par balle !», estiment-ils.
L’espoir s’amenuise pour ces Burundais et voient leur avenir incertain.
«L’on nous dit que même l’assistance pour ces deux prochains mois de novembre et décembre, c’est une âme charitable qui a aidé le HCR. Alors, c’est pour dire qu’en 2024 ces âmes charitables ne seront pas nombreuses, donc une façon pour nous dire que nous n’avons que deux mois ici avant de rentrer, sinon l’on mourra de faim ! », renchérissent-ils.
Pour autant, le HCR et le PAM tranquillisent qu’ils continuent de plaider en faveur d’une assistance continue aux réfugiés.
«Les réfugiés sont encouragés à trouver des opportunités d’emploi et à s’engager dans des activités de subsistance pour devenir autonomes et profiter des différentes initiatives mises en place par le gouvernement pour aider les réfugiés», recommandent le HCR et le PAM.
Kigali en phase de dialogue avec les deux agences onusiennes
Le ministère en charge des réfugiés, MINEMA, a déclaré que les services de base devraient continuer d’être pourvus.
«Les réfugiés accueillis au Rwanda ne doivent pas être oubliés à la lumière du nombre croissant de conflits et de crises mondiaux. Les services de base comme la nourriture, les références à l’hôpital sont sensibles à la limitation tout comme l’énergie de cuisine, le soutien aux étudiants fréquentant les internats, ainsi que la réhabilitation et l’entretien des réfugiés», a déclaré Philippe Habinshuti, secrétaire permanent au ministère en charge des réfugiés lors du briefing diplomatique tenu par le ministère des Affaires étrangères et de la coopération, le 11 octobre dernier.
Le Rwanda abrite plus de 134. 500 réfugiés, dont 62 % de la RDC et 37 % du Burundi.