Caption: Dr Adama Ekberg Coulibaly
Yaoundé: L’Economiste en chef de l’ECA Bureau sous-régional de Yaoundé, Dr Adama Ekberg Coulibaly (AC) affirme que le bilan de dix de l’innovation en Afrique au niveau des réalisations demeure faible. Lire son interview accordée à André Gakwaya de l’Agence Rwandaise d’Information (ARI-RNA) en marge de la réunion du CIE qui se tient à Yaoundé du 15 au 18 Octobre 2024:
L’innovation est un résultat de tout un processus de planification et d’investissements. Nous avons choisi cette thématique pour cette année parce que nous sommes au terme de dix années d’engagement pour l’agenda de la science, technologie, innovation et les mathématiques. Après dix ans d’engagement des pays africains sur cet agenda, il est temps d’évaluer. Nous voulons saisir l’opportunité de cette rencontre et débat, pour mettre clairement sur la table le bilan qui a été fait. Ce bilan montre l’écart entre les pays de l’Afrique centrale et les autres pays de l’Afrique. Il montre aussi un grand fossé en termes de réalisation. Qu’est-ce que nous avons fait pour concrétiser les idées de millions de producteurs, d’entrepreneurs, d’industriels, de petits producteurs qui sont sur le continent? Nous avons des idées. Nos idées ne sont pas allées jusqu’au bout pour les concrétiser en produits innovants, en services innovants. C’est cet écart- là qu’il faut corriger.
Ouverture de la reunion
L’innovation est aussi importante en ce sens que nous ne devons pas seulement compter sur ce que nous avons dans le sous-sol, au-dessus du sol.. Il faut aussi s’arrimer à une nouvelle économie qu’on appelle aujourd’hui l’économie numérique. Cela demande à penser après pétrole, or, diamant. Et cela passe nécessairement par l’innovation. Vous ne pouvez pas avoir l’innovation si vous n’avez pas investi de façon adéquate dans les infrastructures. En Afrique centrale, on n’a pas d’infrastructures de recherche, d’enseignement, ni d’éducation. Lorsque vous prenez les cent premières universités ou centres de recherche au monde. Il n’y a aucune université africaine, aucun centre africain. Nous sommes quasiment absents dans ce qui va compter dans le futur. Il faut investir comme il faut, mettre en place le capital humain et les compétences essentielles. Les compétences essentielles aujourd’hui, c’est commencer par investir dans les sciences, technologies, innovation. Nous ne les avons pas encore sur place. Quand nous regardons l’amont que représente l’innovation, l’amont, c’est la technologie. Si vous investissez dans l’éducation, dans la recherche, vous aboutirez à l’innovation. Si vous n’allez pas jusqu’au bout en transformant cela en technologie, et même en entrepreneur c’est que vous n’avez pas encore rien fait pour ce qui compte aujourd’hui dans le monde. Nous voulons saisir cette opportunité pour aller cinquante années derrière, cinquante années devant pour dire qu’il faut maintenant qu’on passe à l‘action pour répondre à l’appel du 25 Mai 2022 à Niamey des chefs d’Etat.
J’en profite pour donner au média ce qui va se passer durant la semaine. Nous allons commencer par discuter des chiffres, des choses abstraites. A mi-parcours, il y aura une exposition qu’on appelle Innovation 2024, qui va permettre à nos inventeurs, à nos entrepreneurs, ces hommes et femmes de monter ce qu’ils ont mis au point comme produits. Nous allons appeler nos jeunes entrepreneurs qu’est-ce qu’ils ont mis au point, qu’est- ce qui les a empêchés de passer de l’idée et d’aller protéger leurs idées en termes de brevets? Qu’est-ce qui les a empêchés à commercialiser ces brevets? Qu’est ce qui les a empêchés de transformer leurs brevets en choses concrètes? Les choses concrètes aujourd’hui, c’est sont les portables, automobiles , drones.
Le ministre camerounais de l’économie Alamine Ousmane Mey (au milieu comme invité d’honneur à l’ouverture)
Nos inventeurs peuvent faire, mais nos Etats ne sont pas au rendez-vous de leurs engagements de consacrer 1% de leur PIB aux dépenses d’accompagnement des jeunes et des femmes en matière de recherche. Les engagements pris par nos Etat depuis dix ans de consacrer suffisamment de ressources pour la modernisation de nos systèmes éducatifs. Nous allons aborder toutes ces questions.
Nous voulons que nos gouvernements accompagnent les jeunes, les industriels et les entrepreneurs à créer un écosystème performant, entreprenariat pour accompagner nos jeunes.
ARI- Et la place du Secteur Privé ?AC – Tout à l’heure, je parlais de l’écosystème. C’-est à-dire nous avons dans le système un certain nombre d’acteurs. L’Etat ne peut pas tout faire. Le secteur privé ne peut pas tout faire. Il faut une coalition d’acteurs autour de cet agenda. Comment faire que ce qui a été réalisé en Europe, en Asie, en Amérique faire en sorte que nous puissions apprendre de ces bonnes pratiques et les reproduire ici? L’Etat doit donner des incantations claires au secteur privé. Si vous ne donnez pas de signaux d’accompagnement du secteur privé, le secteur privé ne peut pas prendre tout seul la responsabilité d’investir des montants qui se chiffrent en milliards de dollars pour réaliser ce que nous voulons. Nous avons ici à faire à un tissu de micro producteurs, c’est différent de ce qui se passe aux USA, en Asie. Nous avons à faire à de petits producteurs, il faut que l’Etat joue dans un première temps ce rôle de protecteurs. Et deuxièmement, que l’Etat accompagne les institutions de recherche, les regrouper, donner les moyens qu’il faut pour qu’on bénéficie d’un environnement entrepreneurial et d’innovation percutant.
Depuis 1958, l’UNECA existe sur ce contenant. Depuis 1958, la CEA s’est investie à faire des études et des études, des rapports et des rapports, des conseils et des conseils. Il est demandé aux Etat membres de passer à l’action. Il s’agit maintenant de faire en sorte que les études qui ont été faites depuis 58, et ce sont des volumes d’études avec tous les aspects qui sont les problématiques du continent. Le maître mot ici, c’est la mise en œuvre rapide. C’est la thématique de cette année : la mise en œuvre des solutions de recherche et innovation. Nous avons des solutions et des résultats, mais qui sont encore restés dans les tiroirs. Il faut les sortir des tiroirs et véritablement passer à l’action pour qu’on puisse les concrétiser. Je me rappelle la thématique : la mise en œuvre des solutions de recherche et innovation. La mise en œuvre manque, c’est la dimension qui manque. La discipline des exécutions manque en Afrique. Si nous le faisons, nous allons parcourir des chemins que ces économies de l’Asie que nous avions et qui étaient comme nous, comme nos économies, il y a trente ans, quarante ans, mais aujourd’hui elles se sont détachées et sont aujourd’hui des économies prospère, bien orientées.(A suivre..,(Fin)