Le chef de la diplomatie burundaise Albert Shingiro(à gauche) et son homologue rwandais Vincent Biruta le 20 mai 2020 à la frontière commune de Nemba-Gasenyi, au Rwanda.
Le Ministre burundais des Affaires étrangères, Albert Shingiro, a exprimé son optimisme sur la normalisation des relations avec le Rwanda après une longue période de tensions diplomatiques qui a interrompu la coopération et la libre circulation entre les deux pays voisins.
Le chef de la diplomatie burundaise a fait cette indication le 21 janvier au cours d’un point de presse tenu après la présentation des activités réalisées par son ministère durant le dernier trimestre de l’année 2020.
« Comme vous le savez, les relations de bons voisinage entre deux pays frères, le Rwanda et le Burundi, se sont sérieusement envenimées en 2015 parce que les auteurs du coup d’Etat manqué contre feu le Président burundais Pierre Nkurunziza se sont exilés dans ce pays ami. Le fait que le Rwanda a accordé asile à ces auteurs de coup d’Etat, cela a été pris pour un signe de fausse amitié. Cependant nous ne devons pas être esclaves du passé. Par contre, on devrait rétablir des relations bilatérales répondant aux intérêts de nos peuples respectifs », a déclaré à la presse, le Ministre avant de clarifier la situation actuelle.
« Nous sommes en train de travailler sur ce projet avec nos voisins du nord. J’ai effectué une visite au Rwanda où je me suis entretenu avec mon homologue rwandais sur beaucoup de sujets y compris sur la question des auteurs du coup d’Etat manqué de 2015 au Burundi », a ajouté l’homme d’Etat burundais.
« Nous attendons encore une réponse par voie officielle. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que le dégel des relations entre les deux pays est un long processus. Le dialogue est continu. Ce n’est pas une affaire de petites semaines. Il faut bien préparer cela pour que les deux pays y trouvent intérêt », a-t-il dit.
Les relations entre le Rwanda et le Burundi se sont dégradés depuis le déclenchement, au Burundi, de la crise née de la contestation anti-troisième mandat de l’ancien président Pierre Nkurunziza en 2015.
En marge des manifestions, un groupe de soldats burundais avait tenté de renverser le président de l’époque Pierre Nkurunziza mais le plan avait échoué. Depuis lors, le Burundi a toujours accusé le Rwanda d’héberger les auteurs de la tentative de coup d’état du 13 mai 2015 et d’entraîner militairement les opposants en vue de sa déstabilisation.
Le Rwanda a cependant insisté sur le fait que les personnes dont le Burundi réclament l’extradition sont considérés comme des réfugiés qui sont être protégés contre l’expulsion par les lois internationales. Le Rwanda a déclaré qu’au lieu de les expulser, il cherchait à les envoyer dans un pays tiers, une position qui irrite le gouvernement burundais.
De son côté, Kigali accuse Bujumbura de collaborer avec les rebelles FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda) accusés d’avoir perpétré le génocide contre les Tutsis du Rwanda en 1994 et qui cherchent à reconquérir le pouvoir au départ des pays voisins.
Cette querelle diplomatique a eu des conséquences néfastes sur les peuples de ces deux pays. Les Rwandais qui vivaient au Burundi ont été expulsés, incarcérés pour espionnage et d’autres y ont laissé la vie. Des centaines de Burundais ont été également expulsés du Rwanda officiellement pour séjour illégal.
Malgré tout, les deux pays se sont engagés à œuvrer pour la normalisation de leurs relations à l’issue d’une rencontre entre leurs ministres des Affaires étrangères(MAE) le 20 octobre 2020 au Rwanda. C’était la première fois que les MAE des deux pays se rencontraient officiellement pour discuter des relations bilatérales depuis 2015. (Fin)