Des Burundais de retour dans leur pays sont rassemblés dans le village de Higiro, dans le nord du Burundi. © UNHCR/Georgina Goodwin
Kigali: Au Burundi, le nouveau gouvernement s’est engagé dans le combat contre le nouveau coronavirus, en lançant un programme de dépistage de masse, a annoncé mardi le Bureau de l’ONU de la coordination des affaires humanitaires (BCAH).
Selon le BCAH, depuis deux semaines, une vaste campagne de dépistage a démarré dans la capitale burundaise et dans les provinces, pour une durée initiale de trois mois.
« Depuis le lundi 6 juillet 2020, le gouvernement du Burundi, sous la coordination du ministère de la Santé publique et de lutte contre le Sida, a lancé une campagne de dépistage à la Covid-19 dénommée ‘Je guéris, ne me contamine, ni ne contamine les autres’ à l’endroit des habitants de Bujumbura Mairie », a souligné le BCAH, dans son dernier bulletin humanitaire rendu public mardi.
Des enfants remplissent leur gobelet à un point d’eau construit par l’UNICEF dans une école primaire à Bujumbura, au Burundi.
D’après le ministère de la Santé burundais, entre la déclaration de la pandémie et le 19 juillet, 6.954 prélèvements avaient été faits et ont révélé 137 cas positifs.
« Les cas les plus graves sont acheminés à l’hôpital Pince Louis Rwagasore pour une prise en charge gratuite, tandis que les moins graves reçoivent des médicaments qu’ils prendront à domicile mais ils s’auto-isolent », souligne le BCAH. Et les tests effectués sur les 205 rapatriés de la Tanzanie, sont tous négatifs.
Trois sites ont été aménagés à raison d’un site par commune urbaine. Le bulletin de l’ONU relate ainsi le témoignage d’Elie Kabunda, un homme, la cinquantaine, rencontré sur le site érigé sur un terrain de Kamenge (Commune de Ntahangwa).
« J’ai une migraine et une fièvre persistante depuis une semaine. J’ai pris des comprimés contre le paludisme, mais la fièvre et les maux de tête ont continué. C’est la raison pour laquelle je suis venu me faire dépister. Dans mon voisinage, personne n’a été testée positive à la Covid-19. Après ce dépistage, je me sens rassuré », a fait valoir ce Bujumburais, prônant un redoublement des « efforts pour le dépistage de toute la population » burundaise.
Face à la Covid-19, l’ONU se mobilise
Selon le Bureau régional de l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) pour l’Afrique, 328 cas positifs sont recensés au Burundi dont un décès. Et 237 patients sont aujourd’hui considérés comme guéris dans le pays qui a signalé son premier cas le 30 mars dernier. Les cas confirmés pour le personnel de santé s’élèvent à 24, soit 17% du total de l’épidémie.
Face à la maladie, l’UNICEF et une entreprise de production de savon industriel au Burundi, Savonor S.A, se sont unis « pour rendre le savon abordable pour la population dans un effort pour prévenir la Covid-19. L’objectif est de s’assurer que le savon bleu soit disponible dans tout le pays. Dix millions de barres de 150 grammes de savon seront mises à disposition chaque mois pendant les trois premiers mois de la première phase du programme, pour une population de près de 12 millions de personnes.
« Nous faisons la promotion du lavage des mains au savon comme étant l’une des mesures les plus efficaces pour prévenir la Covid-19 et d’autres maladies, mais cela n’a pas beaucoup de sens si les Burundais n’ont pas les moyens d’acheter du savon », a déclaré Jeremy Hopkins, Représentant de l’UNICEF au Burundi cité dans le bulletin humanitaire.
De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) s’investit dans l’organisation des vols humanitaires. Depuis le 17 juin 2020, le Burundi accueille les vols humanitaires organisés par l’Agence onusienne, en collaboration avec le système des Nations Unies et le gouvernement du Burundi. Jusqu’à mi-juillet, un total de 249 travailleurs humanitaires ont voyagé à bord de ces vols hebdomadaires.
Un nouveau tournant après « des mois de déni » – Commission d’enquête de l’ONU
« Grâce à ces vols, nous avons pu assurer la continuité des opérations humanitaires dans le contexte complexe de prévalence de la pandémie de Covid-19 », a déclaré Virginia Villar Arribas, Représentante du PAM au Burundi, qui a ajouté que les mesures strictes de prévention et de protection contre le coronavirus sont strictement respectées.
Au Conseil des droits de l’homme mardi dernier, la Commission d’enquête de l’ONU sur le Burundi (COIB) s’était félicité du tournant pris par le nouveau Président, Evariste Ndayishimiye, qui a décidé de « s’attaquer sérieusement à la pandémie de Covid-19, après des mois de déni ».
« Le Burundi était en effet un des seuls pays au monde où, malgré la présence de cas avérés de Covid-19, n’a été règlementé ni l’accès aux lieux de réunion tels que les Eglises, les bars et les restaurants, ni interdit les grands rassemblements sportifs et politiques », avait relevé le Président de la Commission, Doudou Diène.
L’enquêteur onusien avait donc noté avec satisfaction que depuis le décès du Président Nkurunziza, les autorités burundaises semblent avoir plus pris « conscience des risques sanitaires » posés par la pandémie « ne serait-ce que par l’abandon du message selon lequel le Burundi serait protégé par la grâce divine ».
Désormais, des messages des plus hautes autorités rappellent à la population la nécessité d’adopter les gestes barrières et de se présenter aux centres de santé pour se faire dépister en cas de symptômes.
« Nous espérons que les autorités prendront, en coopération avec l’OMS, toutes les mesures nécessaires pour enrayer la propagation du coronavirus et seront transparentes quant à la situation de la pandémie dans le pays qui fait l’objet de spéculations », avait conclu M. Diène. (Fin)