Des Tutsi retenus dans une tranchée creusée par les forces coalisées FDLR-FARDC à l’Est de RDC
Le but ultime du partenariat entre les FARDC(Forces Armées de la RDC) et les FDLR est d’attaquer le Rwanda, rappelle le gouvernement rwandais qui décide de renforcer la sécurité à ses frontières.
“Le pays a toujours agi dans les cadres régionaux pour contribuer à la stabilité de la région. Cependant, il ne peut tolérer que ses préoccupations sécuritaires soient banalisées et ignorées”, indique un communiqué publié par la porte-parole du gouvernement Yolande Makolo.
Le gouvernement rwandais revient par ailleurs sur les discours de haine catalyseurs des violences génocidaires qui se généralisent contre la minorité Tutsi en RDC.
“Le discours de haine incontrôlé et l’incitation publique contre les Tutsi ont pour objectif de mobiliser la population pour de futures atrocités et un nettoyage ethnique, dans le contexte dangereux de la compétition électorale.”
Ces discours de haine contre les Tutsi,-qui remettent en cause leur nationalité congolaise-, sont distillés par les responsables politiques et militaires, les médias, les membres de la société civile, les leaders locaux et même le clergé au nom du nationalisme et du patriotisme.
Dans son communiqué, le gouvernement rwandais “salue les conclusions des récentes rencontres en marge du Sommet de l’Union Africaine à Addis Abeba, sur la situation à l’Est de la RDC.
Alors que la mise en œuvre des processus de Nairobi et Luanda commence, le Rwanda a confiance dans le rôle de la Force Régionale de la Communauté des États d’Afrique de l’Est, à superviser les actions en cours, y compris le retrait du M23.
Le soutien de la communauté internationale au processus régional est bienvenu et utile, notamment les déclarations du secrétaire général des Nations Unies, de la Commission Européenne et des Etats-Unis. Il est positif que la déclaration des Etats-Unis du 22 février, fasse écho aux décisions régionales relatives aux discours de haine, aux violences ethniques, au retour des réfugiés ainsi qu’au désarmement et rapatriement des FDLR.
Toutefois, les États-Unis semblent constamment déphasés par rapport aux décisions des processus régionaux, et risquent de les saper, en continuant d’endosser le narratif fallacieux du gouvernement de la RDC qui blâme le Rwanda pour la crise.
Cette incapacité récurrente de la communauté internationale de condamner le gouvernement de la RDC pour la préservation des FDLR, encourage ce dernier à continuer de les armer et se battre aux côtés de cette milice génocidaire qui, intégrés dans l’armée congolaise (FARDC), a conduit des attaques transfrontalières au Rwanda.
Ceci constitue une menace directe et sérieuse pour la sécurité du Rwanda. Les FDLR ne sont pas un problème négligeable et sans conséquence, et le but ultime de ce partenariat avec les FARDC est d’attaquer le Rwanda.
De manière similaire, le but de ces discours de haine et incitation publique incontrôlée contre les Tutsis, est de mobiliser la population pour de futures atrocités et un nettoyage ethnique, dans un dangereux contexte de compétition électorale.
En même temps, la RDC a opté pour une escalade militaire soutenue ces derniers mois, en défiance des décisions régionales. Dans ce contexte caractérisé par des déclarations de plus en plus belliqueuses de la part des dirigeants civils et militaires, la RDC déploie de nouvelles capacités matérielles et des mercenaires étrangers le long de la zone frontalière commune.
Tenant compte des préoccupations sécuritaires légitimes du Rwanda, des mécanismes défensifs et préventifs ont été renforcés en conséquence, afin de nous prémunir contre des violations de notre espace aérien et de nos frontières.
Ces dispositifs sont prêts à être activés pour répondre à toute menace transfrontalière de manière proportionnelle, en considération de son envergure, origine et nature. Nous ne tolérerons aucun débordement au Rwanda de quelque groupe armé que ce soit, et la sécurité totale de notre territoire et notre peuple sera assurée.
Nous saluons l’engagement des dirigeants de la région à trouver une solution durable à l’insécurité dans notre région, notamment la décision du Conseil de Pays et sécurité de l’Union Africaine d’utiliser le Fonds de l’Union Africaine pour la Paix pour soutenir la Force Régionale de la Communauté des États d’Afrique de l’Est.
Le Rwanda a toujours agi dans les cadres régionaux pour contribuer à la stabilité de notre région. Cependant, nous ne pouvons tolérer que les préoccupations sécuritaires du Rwanda soient banalisées et ignorées.”
Les tensions persistent entre les deux pays voisins en dépit des progrès réalisés ces derniers mois à la suite des pourparlers de paix en Angola et au Kenya.
La RDC accuse depuis 2022 le Rwanda de soutenir les rebelles du M23 (mouvement du 23 mars) auteurs d’une large offensive dans l’Est de la RDC. Mais ces accusations sont rejetées par le Rwanda.
Le gouvernement rwandais accuse pour sa part la RDC de soutenir les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) composés des ex-FAR/Interahamwe qui furent le fer de lance du génocide des Tutsi du Rwanda en 1994.
Depuis, les FDLR cherchent à reconquérir le pouvoir au Rwanda et à parachever le génocide en utilisant comme base arrière la RDC où ils se sont repliés après leur défaite en 1994.
La Communauté d’Afrique de l’Est a déployé des troupes de maintien de la paix à Goma et dans ses environs suite à l’avancée du M23.
Le M23 se bat principalement pour le retour dans leur pays de leurs proches qui croupissent dans des camps de réfugiés au Rwanda, en Ouganda et ailleurs dans la région depuis près de 30 ans. Ils ont fui le nettoyage ethnique dont les Tutsi sont victimes dans leur pays d’origine, la RDC, avec la complaisance et la complicité du gouvernement congolais.
La partie orientale de la RDC, qui borde le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi, héberge 180 groupes armés illégaux, nationaux et étrangers, dont les FDLR et le M23 qui sont au cœur des tensions entre Kigali et Kinshasa. (Fin)