Le Chef de la délégation régionale, Sutter échange avec les Ambassadeurs de Zambie et d’Israël lors de la réception d’hier
Le Chef de la délégation régionale du CICR au Rwanda, Burundi et Ouganda, Christophe Sutter (C.S), a fait hier le bilan des activités humanitaires de cette organisation au Rwanda, lors de la célébration des 60 ans de sa présence dans ce pays. C’est dans une interview a André Gakwaya de l’Agence Rwandaise d’Information (ARI) :
ARI- C’est quel événement commémoré par le CICR ce 31 Mai ?
C.S – Nous avons fait pour la première fois à Kigali une exposition de photos pour refléter les 60 ans des activités du CICR avec le Rwanda, parce que nous avons commencé les activités au Rwanda en 1963, et c’est pour marquer le départ prochain de notre comité de ce bâtiment historique de la délégation du CICR à Kigali. Nous allons déménager dans d’autres bâtiments plus modernes à Kigali à partir du 1er Juillet.
Ce bâtiment a une valeur historique parce que nous y sommes depuis 1990. En 1994, la délégation du CICR a ouvert ses portes pour permettre aux Rwandais d’échapper à une mort certaine par les génocidaires et nous avons accueilli une centaine de Rwandais durant cette période qui sont restés durant la phase la plus affreuse du génocide.
Photo historique: 1994: Le Président du FPR, Alexis Kanyarengwe, reçoit une délégation du CICR
ARI- Combien de personnes sont restées ici ?
C.S – On estime à plus de 300 qui sont restées. En plus, nous avons construit juste à côté un hôpital de campagne pour soigner les blessés. Nous avons aussi accueilli des enfants qui avaient perdu leurs parents, qui avaient été blessés. Et nous les avons accueillis le temps que la situation se calme, qu’ils puissent retrouver chez eux.
ARI- Vos grandes réalisations pendant le génocide ?
C.S – C’est d’avoir pu prendre part aux activités hospitalières pour plus d’un million de Rwandais durant cette période, avec nos collègues de MSF, de la Croix Rouge Rwandaise. C’est d’avoir pu suivre 38 mille enfants séparés de leurs parents par le chaos du génocide, de les avoir hébergés, facilité la réunification avec leurs familles, d’avoir pu visiter des dizaines de milliers de prisonniers arrêtés suite au génocide, c’est d’avoir aidé le gouvernement à gérer cette population carcérale, à construire les prisons pour héberger tous ces détenus…
Il y a aussi d’énormes convois d’assistance alimentaire fournis dans tout le Rwanda. Nous étions aussi massivement présents dans le pays voisin qui à l’époque s’appelait le Zaïre, devenu la RDC.
ARI- Le retour des réfugiés…
C.S – On a travaillé là-dessus. Aujourd’hui encore on est en 2023, ça fait 30 ans après le génocide, le CICR travaille avec les partenaires au Burundi, en RDC, à réunir les membres des familles qui ont été séparés.
ARI- Pendant la Covid-19 ?
C.S – Fournir du matériel de protection, des masques, pour assurer l’hygiène dans des espaces publics, notamment les prisons où la promiscuité est très importante, et c’est bien le vecteur de la propagation du Covid-19.
ARI- Votre action sur le conflit actuel en RDC où l’idéologie de la haine et du cannibalisme tropical contre le Congolais rwandophone Tutsi refont surface. On tue, on brûle et on mange le corps d’un autre être humain….
C.S – Dans la phase actuelle du conflit armé qui a repris à l’Est de la RDC entre les FARDC et leurs alliés contre le M23, le CICR est présent. Il fournit de nouveau l’assistance médicale, en renforçant l’intervention des cliniques depuis l’Ituri jusqu’au Nord-Kivu, distribution de l’eau potable. Il y a une collaboration entre mes collègues en RDC et mon équipe ici au Rwanda, au Burundi et en Ouganda. Les équipes du CICR travaillent dans le Rutshuru et en Ituri. Il faut se coordonner en relation avec les forces armées ougandaises, les forces de l’EAC. En Ouganda le CICR a travaillé et est en train de finaliser le projet de distribution de l’eau potable pour 40 mille personnes, réfugiés et communauté locale, au niveau de la ville frontière de Bunagana, parce que depuis l’an passé, il y a plus de 120 mille réfugiés congolais qui ont traversé la frontière ougandaise.
ARI- Un message :
C.S – Le CICR compte sur le Rwanda et la région des Grands Lacs pour continuer à être proche des victimes de ces conflits armés qui continuent de sévir, être en contact avec toutes les parties pour faciliter nos activités humanitaires dans le domaine de la santé, de distribution d’eau et également éduquer les forces armées, les forces de police pour continuer à respecter le Droit International humanitaire et respecter les personnes qui ne participent pas au combat. (Fin)