Le député et opposant congolais Cherubin Okende retrouvé mort à Kinshasa

L’ancien Ministre congolais des Transports et porte-parole du parti d’opposition Ensemble pour la République, Cherubin Okende, a été retrouvé mort ce jeudi matin, 13 juillet, dans son véhicule sur l’avenue Poids Lourd à Kinshasa. 

L’opposant Cherubin Okende a été enlevé la veille dans l’après-midi par des hommes armés et depuis, ses proches sont restés sans nouvelles.  Sur Twitter, son parti Ensemble pour la République avait dénoncé un “lâche enlèvement” intervenu “au parking de la Cour constitutionnelle”.

Selon les informations, M. Okende s’est rendu dans l’après-midi de mercredi 12 juillet à la Cour constitutionnelle pour déposer une lettre demandant le report à vendredi, d’un rendez-vous avec le juge Sylvain Lumu qui l’avait précédemment convoqué ce jeudi “pour étudier et rédiger un rapport sur la déclaration écrite relative à votre patrimoine après votre départ du gouvernement”. Les évènements ayant précédé le drame demeurent, pour le moment, flous. 

Criblé des balles, le corps de ce député national a été levé dans une ambulance pour la morgue, quelques heures après sa découverte, attestent des témoins qui se sont confiés à la Radio Okapi parrainée par l’ONU. 

Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent le véhicule 4×4 de Chérubin Okende, vitres complètement levées, avec des impacts de balles, son corps ensanglanté affalé sur le siège conducteur avec sa ceinture de sécurité en place.

Okende était haut cadre et porte-parole du parti de Moise Katumbi. Ce dernier s’est déclaré candidat à la présidentielle de décembre prochain. C’est un climat de terreur qui règne dans la capitale et dans certaines villes du pays à moins de six mois des élections. Plusieurs opposants dont Salomon Kalonda, le conseiller spécial de M. Katumbi, le député Mike Mukebayi, aussi membre du parti Ensemble pour la République, l’ancien député et proche de Katumbi, Franck Diongo sont aux arrêts.

Plus de 200 hommes des communautés Banyamulenge et Tutsi originaires de la région-est du Congo sont détenus dans des cachots et prisons en RDC. Ils sont accusés de collaborer avec les rebelles du M23 à cause de leurs morphologies. 

Le M23 est une ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021 reprochant au gouvernement congolais de n’avoir pas respecté ses engagements sur la réinsertion de ses combattants. Les autorités congolaises restent persuadées qu’elle bénéficie du soutien du Rwanda, ce que le gouvernement rwandais ne cesse de balayer d’un revers de la main.

Réactions à l’assassinat de Cherubin Okende

Le Président congolais Félix Tshisekedi dit avoir appris avec consternation la disparition dans des conditions tragiques de Chérubin Okende. Le chef de l’état “enjoint la justice à faire toute lumière sur ce dossier afin de sanctionner les coupables de cet acte ignoble”. 

Par ailleurs, le porte-parole du Gouvernement, Patrick Muyaya fait savoir, dans un tweet, que “le Gouvernement a instruit tous les services de sécurité de faire diligence pour une enquête minutieuse afin de faire la lumière sur cet acte inadmissible”. 

Le député national André Claudel Lubaya dénonce un “crime d’état inacceptable, inexcusable et impardonnable”.

Et le sénateur et candidat déclaré à la présidentielle Matata Ponyo d’ajouter : “Cela est d’autant plus grave qu’il aurait été enlevé dans l’enceinte de la Cour constitutionnelle. Nous sommes rentrés dans un régime de terreur et de dictature inqualifiable”.

L’Opposant Martin Fayulu se dit aussi “choqué et atterré par ce crime odieux, qui s’apparente à un assassinat politique et ne peut rester impuni”.  

Pour Jean Marc Chataigner, ambassadeur de l’Union Européenne, “retrouver et traduire en justice les auteurs du crime est une priorité absolue”.  

“Je condamne l’assassinat du Ministre honoraire des Transports, l’honorable Chérubin OKENDE, en pleine ville de Kinshasa. C’est un acte odieux et inacceptable dans un État dit de droit. Il s’ajoute à la liste déjà longue des martyrs et victime de l’incapacité du régime à assurer notre sécurité, dans une volonté claire d’insuffler la terreur dans le pays. Paix à son âme. Mes sincères condoléances à sa famille biologique, à ses proches et à sa famille politique”, a réagi Delly Sesanga, un autre candidat déclaré à la présidentielle. (Fin)