Eric Gillet, Président de RCN J&D
Au terme des deux jours qu’a durés la Conférence Internationale sur la Justice liée au Génocide perpétré contre les Tutsi du Rwanda, le Président de RNC J&D, Eric Gillet, a passé en revue les grandes lignes qui résument une Cour d’Assise pris pour un Forum pour la paix durable parce qu’il procède à la ré-humanisation de l’homme. Lire ses propos de clôture de l’atelier :Devant les Jurés de la Cour d’assise, un témoin qui s’était réinséré dans la vie à Mataba au Rwanda, et qui venait dire droit dans les yeux à l’accusé la vérité, avoue que pour eux dire la vérité signifie se décharger. Et on a eu droit à quelques heures absolument incroyables par ce témoin qui venait expliquer tout ce qui s’était passé, et notamment quel a été le rôle de l’accusé là-dedans.
Une fois qu’on se trouve dans ce forum judicaire dont a parlé aussi Adama Dieng, les choses peuvent aussi se passer autrement. Il nous a dit que ce forum judicaire est un forum où règne l’égalité, la considération. C’est un forum pour la paix durable parce qu’il procède à la ré-humanisation de l’homme. Il a dit que c’est une des vertus du prétoire-la salle où les choses se jugesnt,- j’imagine aussi la colline où les Gacaca ont rassemblé toute le monde.
Domitille Mukantaganzwa, ex-Secrétaire Générale des JG (Juridictions Gacaca) nous a dit hier que dans le procès Gacaca, on ne raconte pas une histoire pas un vécu. Elle nous a parlé de la crainte des accusés de plaider coupable, et puis, ils ont vu que la loi fonctionnait et qu’il n’y a pas de vengeance. Les Gacaca ont contribué à la restauration de la confiance et à la cohésion sociale.
L’enjeu durant tous ces 25 ans qui viennent de s’écouler de rétablir la confiance que les Rwandais avaient dans leur Etat, mais aussi la confiance que la communauté internationale avait dans l’Etat rwandais. Et je retiens ce que nous a dit le bâtonnier Gatera sur ce processus de création de la confiance envers la justice rwandaise qui a permis le transfert des dossiers et des détenus au Rwanda pour y être jugés.
La justice transitionnelle est celle qui permet à la société de revenir à un fonctionnement normal et pacifié. Il s’agit des mesures judicaires et non juridiques permettant de remédier à l’héritage des crimes de masse.
L’Ambassadeur de la Belgique en a parlé hier. La justice transitionnelle est un processus holistique, qui aborde tous les aspects de la société, sa perspective est tournée vers l’avenir et son objectif est de créer de nouvelles conditions du vivre ensemble. Et Adama Dieng nous disait que finalement dans cette perspective, la réconciliation est moins importante que le vivre ensemble.
Durant ces deux jours, nous avons exploré la contribution de la justice à la cohésion sociale et les effets de la justice au-delà de son objectif premier –la lutte contre l’impunité-,.On doit attendre de la justice aussi des effets collatéraux :
Il y a tout d’abord la reconnaissance du Génocide et de la souffrance des victimes.
Il y a aussi le rétablissement de la vérité, la création d’une mémoire et d’un rempart contre le négationnisme.
Il y a également la réinsertion des condamnés et à la réconciliation.
On a parlé des trois piliers de la justice internationale : il y a les juridictions de l’Etat où s’est produit le crime ; il y a les juridictions des Etat où les criminels ont trouvé refuge, et puis il y a la juridiction internationale. La question est de savoir comment elles peuvent collaborer.
On a vu avec Serge Brammertz que le rôle de ces juridictions évolue, notamment le Mécanisme qui a succédé au TPIR conçoit son rôle comme un accompagnateur des juridictions rwandaises ou d’autres juridictions si nécessaire, plutôt que comme une entité de jugement. Donc, il y a une évolution.
Il y a la question de coopération des Etats avec ces juridictions. Certains Etats collaborent. On a pris acte du souhait émis par Serge Brammertz de demander à l’UA de mettre en place des mécanismes de nature à contraindre les pays membres qui hébergent les suspects du Génocide de collaborer avec le TPIR. Mais cela peut être dans le cadre de coopération entre juridictions nationales.
Adama Dieng nous a parlé de cette initiative de créer à Kigali un Centre de Préventions des Génocides et des autres atrocités. Il nous a dit que cette initiative était paralysée par le Covid-19, mais dès que les conditions seraient réunies, elle pourra être relancée. Nous ne pouvons souhaiter que cette initiative se réalise.
Prof. Valérie Rosoux nous a parlé de cette question du ressentiment qui ruine ceux qui sont affectés. Il ruine l’individu, mais aussi la société quand un grand nombre de personnes sont affectées par un ressentiment.
L’éducation à un engagement citoyen peut permettre probablement de lutter contre le ressentiment. Je crois que le Ministère de l’Unité et de l’Engagement Citoyen a là un travail important à faire.
Je suis très fier en tant que Président de RCN Justice & Démocratie pour tout que cette équipe de RCN établie ici à Kigali a fait pour que ce colloque soit un succès.
Je remercie les modérateurs, les panélistes pour la qualité de leurs exposés. Je remercie tous ceux qui ont posé des questions et tous ceux qui ont marqué leur intérêt au colloque.
Je remercie les Ambassadeurs de France, de Belgique, de l’UE, qui ont participé à ce colloque, les autorités rwandaises qui ont manifesté leur intérêt. Je vous remercie infiniment.
Il y a encore un travail à faire ensemble dans les années qui viennent. Quand je dis ensemble, c’est les Rwandais et toutes les nationalités présentes ici en ligne ou présentiel. Je vous remercie. (Fin)