By Dr BIZIMANA Jean Damascène*
Les derniers jours du mois de mai 1994 ont été caractérisés par les efforts qu’ont mis les troupes du FPR Inkotanyi pour faire tout leur possible pour arrêter le Génocide qui était en train d’être perpétré contre les Tutsi, mais de son côté le Gouvernement génocidaire a usé lui aussi de toutes ses forces pour accélérer les massacres des survivants Tutsi, cachés ici et là dans les localités qui n’avaient pas encore été libérées par les troupes du FPR Inkotanyi, surtout dans le sud du pays. A Kabgayi, des Tutsi ont été délogés par les Interahamwe des bâtiments de l’église, et ont été amenés sur les rives de la rivière Nyabarongo pour y être tués, certains d’entre eux ont été jetés vivants dans la rivière.
1) MASSACRES DE PLUS DE CINQ CENT (500) TUTSI DELOGÉS DES BÂTIMENTS DE L’ÉGLISE CATHOLIQUE OÙ ILS S’ÉTAIENT REFUGIÉS À KABGAYI
A mesure que les troupes du Gouvernement génocidaire et les Interahamwe/Impuzamugambi perdaient du terrain et que les troupes du FPR Inkotanyi arrêtaient le Génocide, de nombreux tueurs ont fui la ville de Kigali et tuaient tous les Tutsi qu’ils rencontraient sur leur chemin. C’est ce qui est arrivé aux Tutsi qui, à Kabgayi, vivaient encore. Fin mai 1994, entre le 28 et le 30, des Interahamwe ont amené et tué plus de cinq cent (500) Tutsi, parmi lesquels certains avaient été interceptés alors qu’ils se dirigeaient vers Kabgayi où ils espéraient trouver refuge, et d’autres qui avaient été enlevés dans les camps des réfugiés Tutsi qui campaient dans divers bâtiments de l’église catholique à Kabgayi.
La MINUAR a été la première à donner ces informations le 31 mai 1994 lorsqu’un de ses dirigeants, le Dr Abdul Kadia, qui était l’adjoint du General Dallaire, a déclaré aux medias que plus de cinq cent (500) personnes, dont la plupart avaient été amenées de Kabgayi, avaient été tuées par les troupes gouvernementales à Gitarama. Le Dr Abdul Kadia a déclaré que la MINUAR allait mener une enquête sur ces massacres.
Diverses radios internationales, dont la RFI, ont diffusé le 31 mai 1994 des informations sur ces massacres. La radio allemande Deutsche Welle a elle aussi confirmé en date du 31 mai 1994 ces informations et a également affirmé que la MINUAR avait envoyé à Kabgayi une équipe pour enquêter sur ces massacres. Ces informations ont été aussi confirmées par la radio BBC.
Les témoignages de rescapés du Génocide perpétré contre les Tutsi à Kabgayi, expliquent qu’en des temps différents en 1994, alors que des réfugiés Tutsi étaient arrivés à Kabgayi, des Interahamwe du MRND, des Impuzamugambi de la CDR et d’autres Hutu membres des partis Hutu Power, ont enlevé par force petit à petit des Tutsi et sont allés les tuer. La plupart des victimes ont été tuées sur la Nyabarongo, et jetées dans la rivière. La plupart des filles et des femmes ont été jetées vivantes dans la Nyabarongo ; et certaines d’entre elles ont été violées avant d’être tuées. Les troupes du FPR-INKOTANYI ont libéré Kabgayi le 2 juin 1994.
2) LES TROUPES DU FPR INKOTANYI ONT CONTINUÉ À LIBÉRER DES LOCALITÉS DE LA VILLE DE KIGALI, ET LE GOUVERNEMENT GÉNOCIDAIRE – DIT « DES ABATABAZI » – S’EST RÉFUGIÉ À KIBUYE
Le 26 mai 1994, les troupes du FPR Inkotanyi ont pris la plupart des localités de la ville de Kigali, dont Kicukiro et Gatenga, et ont sauvé des survivants Tutsi et d’autres personnes qui étaient encore entre les mains des tueurs. Gatenga était occupé par de nombreux Interahamwe dirigés par TWAHIRWA Séraphin qui était un agent du Ministère des Travaux Publics et de l’Equipement (MINITRAPE) et qui se cache actuellement en Belgique. Les troupes du Gouvernement génocidaire et les Interahamwe ont commencé à fuir la ville de Kigali, et se dirigeaient vers Gitarama et Ruhengeri.
Le 27 mai 1994, la MINUAR a commencé à évacuer les personnes qui s’étaient cachées à l’Hôtel des mille collines vers les endroits de leur choix. Certains ont souhaité se rendre dans les localités encore contrôlées par le Gouvernement des Abatabazi, et d’autres, plus nombreux, ont été évacués vers les localités qui avaient été libérées par le FPR Inkotanyi.
Les troupes du FPR Inkotanyi ont continué à demander aux troupes gouvernementales de déposer les armes et d’arrêter les massacres, afin de participer à la reconstruction du pays, mais ce fut en vain. A cette date, plus de la moitié du territoire rwandais avait été libérée par les troupes du FPR Inkotanyi. Toujours à cette date, la MINUAR a déclaré que dans les jours qui allaient suivre, les troupes du FPR Inkotanyi auront pris toute la ville de Kigali.
Le 28 mai 1994, la radio France internationale (RFI) a révélé que les membres du Gouvernement des Abatabazi avaient quitté Gitarama et s’étaient réfugiés à Kibuye.
Le journaliste de RFI, Monique Mas, qui était au Rwanda, est allée à Nyamata et a déclaré que plus de la moitié de la population qui résidait dans la ville de Nyamata avant le Génocide avait été exterminée par les Interahamwe et les troupes gouvernementales.
Ce qui a également été confirmé par le Professeur belge Alain Verhaegen dans une interview avec la RFI à Bruxelles, de retour du Rwanda où il collaborait avec les Médecins Sans Frontières Belgique.
Le même jour, l’ambassadeur Amuri SUED qui avait été évacué par la MINUAR de l’Hôtel des mille collines et avait rejoint le FPR Inkotanyi, a exposé sur la RFI l’ampleur du Génocide perpétré contre les Tutsi, qui a été mis en œuvre par le Gouvernement des Abatabazi et les Interahamwe, et a demandé que la guerre de libération que menait le FPR Inkotanyi devait être soutenue par le monde entier.
3) CERTAINS OBSERVATEURS ÉTRANGERS ONT DÉCLARÉ PUBLIQUEMENT QUE LES MASSACRES DES TUTSI AU RWANDA AVAIENT ÉTÉ PLANIFIÉS PAR L’ETAT RWANDAIS, MAIS LE GOUVERNEMENT GÉNOCIDAIRE A CONTINUÉ À NIER L’ÉVIDENCE
Depuis le 22 mai 1994, la Commission des Droits de l’Homme des Nations Unies a organisé une réunion qui examinait la nature des massacres qui étaient commis contre les Tutsi au Rwanda, et a déclaré que les responsables de ces massacres étaient susceptibles de répondre de leurs crimes devant les tribunaux. Au cours de cette réunion, Monseigneur Desmund Tutu, originaire de l’Afrique du Sud, a pris la parole et a dénoncé la mise en œuvre du Génocide au Rwanda et a lui aussi demandé que ceux qui en étaient responsables soient poursuivis en justice.
Stanislas Mbonampeka, qui était Vice-président du P.L. Power, et qui était parmi ceux qui avaient été envoyés par le Gouvernement génocidaire à cette réunion, a dénoncé les propos de Desmund Tutu, en prétendant, dans un grand mensonge, que le Gouvernement qu’il représentait n’avait commis aucun massacre, et que c’était le FPR qui devait répondre des personnes qui étaient tuées. Mbonampeka savait très bien qu’à Gitarama, Kibuye et ailleurs, des Tutsi étaient en train d’être tués, et que ce n’était pas dans les régions contrôlées par le FPR Inkotanyi. Mbonampeka s’exprimait de la sorte pour semer la confusion et laver son Gouvernement de tout crime. Mbonampeka, de retour de Genève, s’est rendu à Paris avant de revenir au Rwanda.
Le 24 mai 1994, La Radio France Internationale (RFI) a révélé que l’organisation internationale des droits de l’homme, Amnesty International, avait dénoncé les massacres qui étaient commis par l’armée rwandaise et le Gouvernement des Abatabazi.
Le 25 mai 1994, l’envoyé des Nations Unies, Iqbar Riza, qui était en visite au Rwanda, s’est entretenu avec les représentants du Gouvernement rwandais, mais ce fut en vain car aucune mesure n’a pu être prise pour arrêter le Génocide. Iqbar Riza les avait rencontrés dans leur refuge de Gitarama où ils campaient.
CONCLUSION
Le Génocide perpétré contre les Tutsi, le crime de droit international le plus grave, a été commis par le Gouvernement qui s’est donné le nom d’Abatabazi (les sauveurs). Le Génocide a continué à être commis à l’heure où l’ONU tergiversait encore sur la qualification à donner aux massacres en cours, et n’avait pas le courage de prendre les décisions opportunes pour arrêter les massacres qui étaient en train d’être commis contre les Tutsi. (Fin).
* Dr BIZIMANA Jean Damascène, Executive Secretary National Commission for the Fight against Genocide (CNLG)