Le gouverneur Habitegeko s’adressant aux habitants du secteur Bweyeye, district de Rusizi
Le Gouverneur de la Province de l’Ouest, François Habitegeko, a exhorté les habitants des secteurs du district de la Rusizi à vivre en harmonie avec leurs voisins burundais.
Le Gouverneur François Habitegeko a fait ces remarques lors d’une visite de deux jours dans les secteurs de Butare et de Bweyeye, frontaliers du Burundi
S’adressant aux habitants de Bweyeye, où des attaques des rebelles rwandais du groupe FLN (Forces de libération nationale) ont eu lieu en 2021, Habitegeko a appelé à une relation normalisée et pacifique entre les communautés le long de la frontière.
“Je viens vous demander de vivre en harmonie avec nos voisins et vous remercier pour votre engagement contre tout ce qui déstabilise le Rwanda. Les Burundais ont pris des mesures sévères contre cela”, a déclaré Habitegeko.
Le Gouverneur Habitegeko a noté que les Burundais se sont engagés à ne pas soutenir des ennemis qui cherchent à attaquer le Rwanda.
“Il y a des Burundais qui avaient l’habitude d’héberger les miliciens du FLN, de les nourrir et de leur montrer le chemin vers le Rwanda. Mais cela a cessé,” a-t-il dit.
“Les Burundais ont dit que quiconque veut déstabiliser la sécurité du Rwanda ne veut pas non plus quelque chose de bon pour le Burundi. Ils ne le soutiendront pas. La même chose s’applique à nous. Quiconque veut déstabiliser les Burundais ne nous échappera pas non plus”, a-t-il déclaré.
“Alors, remercions la population burundaise et les forces de sécurité pour cela. Vivons en paix et libre circulation entre nous. Nous avons convenu avec les responsables burundais que si un Burundais passe au Rwanda, nous allons l’accueillir. Et si vous allez au Burundi, ils feront la même chose”, a-t-il rassuré.
Les habitants du secteur Bweyeye, dans le centre commercial de Matyazo, se sont félicités du rétablissement des bonnes relations avec le Burundi.
“Nous avions l’habitude de passer au Burundi. Il y avait la libre circulation. Mais les choses ont changé quand ils ont fermé la frontière. Nous recommandons que les hauts responsables discutent et ouvrent la frontière pour la libre circulation”, a noté Musabyimana, un habitant.
Emeline Nizeyimana, une autre habitante de la région, se réjouit que la zone soit désormais totalement sûre. Car les attaques en provenance du Burundi ne sont plus une menace. “Nous avons maintenu la sécurité ici avec nos soldats. C’était terrible quand Sankara[porte-parole du FNLR, Ndlr] a attaqué”, a-t-il dit.
Les relations entre le Rwanda et le Burundi se sont dégradées depuis 2015, suite à une crise née de la contestation contre le troisième mandat de l’ancien président burundais Pierre Nkurunziza.
Le Burundi accusait le Rwanda d’héberger ses opposants, dont des auteurs de la tentative de coup d’État du 13 mai 2015. De son côté, le Rwanda accusait le Burundi de collaborer avec les rebelles FDLR accusés d’avoir perpétré le génocide contre les Tutsis du Rwanda en 1994.
Des responsables du Rwanda et du Burundi, dont le Président Paul Kagame et son homologue, Evariste Ndayishimiye, se sont rencontrés à différentes reprises afin de rétablir les relations bilatérales.
L’apaisement avait commencé au lendemain des élections de 2020, les nouvelles autorités de Gitega (nouvelle capitale du Burundi) avaient alors exprimé leur volonté de normaliser les relations avec Kigali. De part et d’autre, les deux parties avaient posé des gestes de rapprochement.
Plusieurs réunions ont été organisées entre des responsables des deux pays, dont des représentants des services de renseignements militaires, des gouverneurs de province, des ministres des Affaires étrangères et des présidents de Sénat.
Par ailleurs, le Premier ministre rwandais Edouard Ngirente a participé à la célébration du 59e anniversaire de l’indépendance du Burundi, au cours de laquelle le président burundais Évariste Ndayishimiye s’est engagé à rétablir les liens avec son voisin du nord.
La plupart des litiges qui les opposent semblent avoir été résolus, notamment la demande controversée des autorités burundaises de livrer les présumés putschistes. La réouverture complète de la frontière entre les deux pays (fermée depuis 2015) et les rencontres de leurs deux dirigeants a scellé un rapprochement, tant attendu par les populations des deux pays. (Fin)