Une mère et ses enfants marchent dans un camp de personnes déplacées à Goma, dans l’est de la RDC. © UNICEF/Jospin Benekire
La situation humanitaire dans les provinces orientales de la République démocratique du Congo (RDC) a atteint des niveaux dévastateurs alors que la violence cyclique perpétrée par les groupes armés et les déplacements subséquents continuent d’affecter des millions de civils vulnérables, a décrié cette semaine l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés.
« En l’absence de paix, les risques aggravés auxquels sont confrontées les personnes déplacées continueront à se multiplier, poussant les familles dans un désespoir encore plus grand », a déclaré Haute-commissaire assistant pour la protection du HCR, Gillian Triggs, lors d’une visite de terrain conjointe cette semaine avec son homologue pour les opérations, Raouf Mazou.
Le HCR exprime sa profonde inquiétude « face aux conditions de vie désastreuses et aux violations des droits de l’homme, y compris la violence sexiste, auxquelles sont confrontées plus de 6,2 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays ».
Les besoins de base ne sont toujours pas satisfaits
Au cours de leur visite, qui avait pour objectif de comprendre l’ampleur de la crise et d’explorer les possibilités d’améliorer l’assistance vitale aux populations déplacées dans l’est de la RDC, Haut-commissaire assistants ont été témoins des défis considérables auxquels sont confrontées les communautés affectées.
A Beni, dans la province du Nord-Kivu, la délégation a rencontré des rapatriés récents qui ont reçu une aide en matière d’abris de la part du HCR et de ses partenaires.
Bien que cette assistance ait apporté un certain soulagement, il est évident que les besoins de base ne sont toujours pas satisfaits, ce qui pose des problèmes importants pour la population rapatriée, a affirmé le HCR.
Protéger les femmes
Les femmes de la communauté ont souligné les difficultés qu’elles rencontrent pour fournir de la nourriture à leurs familles.
La présence continue de groupes armés dans la région a restreint l’accès aux champs fertiles, empêchant la culture et entravant leur capacité à subvenir à leurs besoins.
« Nous devons continuer à défendre les droits des femmes et des filles qui souffrent de cette situation désastreuse, en particulier de la violence et des abus sexuels », a ajouté Mme Triggs.
À Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, et dans ses environs, plus de 600.000 personnes déplacées s’abritent dans des structures de fortune mal équipées pour résister aux conditions météorologiques extrêmes.
Le HCR demeure engagé envers les communautés
Les deux Haut Commissaires assistants ont participé à une distribution de couvertures, de bâches et d’autres articles dans un site de déplacement spontané à Luchagara, à seulement 13 kilomètres de Goma, soulignant l’engagement du HCR envers les communautés.
« Nous restons engagés à fournir une assistance vitale et à coordonner les services humanitaires clés, y compris la prise en charge psychosociale et la fourniture d’abris d’urgence », a pour sa part indiqué M. Mazou.
Il a toutefois souligné que « l’ampleur massive des déplacements, dont 1,2 million de personnes qui ont fui le conflit au Nord-Kivu depuis mars 2022, constitue un défi majeur qui nécessite d’urgence un soutien accru de la part de la communauté internationale ».
Augmentation alarmante de la violence sexiste
Le HCR et les partenaires humanitaires sont profondément alarmés par l’augmentation de la violence sexiste à l’encontre des femmes et des filles dans les sites de déplacement surpeuplés.
La tendance à l’augmentation des rapports sexuels transactionnels en raison de l’insécurité alimentaire à laquelle sont confrontés les ménages déplacés est très préoccupante.
Alors que l’insécurité persiste et que les affrontements violents continuent de sévir dans la région, les possibilités pour les personnes déplacées de rentrer chez elles et de retrouver leurs moyens de subsistance dans la sécurité et la dignité restent limitées.
Des ressources supplémentaires sont nécessaires de toute urgence pour continuer à soutenir les familles déplacées en RDC, a conclu le HCR précisant qu’en 2023, le HCR n’a à ce jour reçu que 29 % des 233 millions de dollars nécessaires pour répondre aux besoins des personnes déplacées dans le pays. (Fin)