Kigali: le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, et 35 partenaires lancent un appel de fonds conjoint d’un montant de 296 millions de dollars pour fournir, en 2019, une aide désespérément nécessaire à 345 000 réfugiés burundais dans les pays voisins dont le Rwanda.
«La situation des réfugiés burundais est l’une des plus négligées au monde et, en 2018, elle comptait également parmi les crises les plus sous-financées », a indiqué porte-parole du HCR Charlie Yaxley lors de sa conférence de presse au Palais des Nations à Genève.
Dans quatre pays voisins, la Tanzanie, la République démocratique du Congo (RDC), le Rwanda et l’Ouganda, la vie des réfugiés burundais en est affectée. Ils y ont subi des coupures dans les rations alimentaires, un manque de médicaments, des écoles surpeuplées et des abris de fortune. Malgré les efforts déployés, une augmentation massive de l’aide est nécessaire pour répondre aux besoins les plus élémentaires.
Les enfants, qui représentent plus de la moitié de la population réfugiée, sont les plus durement touchés. Beaucoup sont arrivés dans leur pays d’asile après avoir été séparés de leurs parents ou de leur famille élargie, et il reste de nombreux défis à surmonter pour assurer un placement familial sûr. D’autres souffrent de problèmes psychologiques en raison de la violence dont ils ont été témoins et ils ont besoin d’un soutien psychosocial.
L’accès à l’éducation au-delà de l’école primaire demeure un problème majeur. Seulement 20 pour cent des enfants réfugiés burundais en âge de fréquenter l’école secondaire sont scolarisés. Dans toute la région, il faudrait davantage d’enseignants et de ressources éducatives supplémentaires. En Tanzanie, les salles de classe sont surpeuplées au point que certaines se déroulent en plein air sous les arbres.
Les femmes et les jeunes filles souffrent de niveaux élevés de violence ainsi que d’exploitation sexuelle et sexiste. Les abris de fortune et délabrés offrent peu de protection. Le manque d’équipements pour la cuisine et de matériel pour la construction d’abris oblige les femmes et les jeunes filles à parcourir de longues distances à pied pour collecter du bois à l’extérieur des camps et des installations où elles sont isolées et vulnérables aux attaques.
L’année dernière, des coupes alimentaires ont été effectuées en Tanzanie, en RDC et au Rwanda. Les familles manquent régulièrement de vivres à la fin du mois. Les femmes et les jeunes filles sont forcées de recourir à des mécanismes d’adaptation négatifs, y compris le recours aux pratiques sexuelles de survie ainsi que le mariage forcé et précoce.
Grâce aux politiques favorables aux réfugiés menées en Ouganda, au Rwanda et en RDC, qui leur permettent de travailler et de posséder leur propre entreprise, un objectif clé consiste à aider à générer des opportunités économiques qui leur permettront d’acheter des vivres supplémentaires et de gagner leur vie.
Si la sécurité s’est généralement améliorée au Burundi, d’importantes préoccupations subsistent en matière de droits de l’homme. Environ 57 000 réfugiés sont rentrés au Burundi depuis la mi-2017, invoquant le désir de retourner chez eux dans leur maison ou leur ferme, et d’y retrouver leurs proches. D’autres rapatriés estiment que les conditions de vie dans leur pays d’origine, même si elles sont difficiles, constitueront une amélioration par rapport à la situation qu’ils connaissent en tant que réfugiés.
Selon le HCR, les conditions au Burundi ne sont actuellement pas propices au retour. Toutefois, nous aidons les réfugiés qui indiquent avoir fait un choix en toute connaissance de cause pour le retour librement consenti. Nous exhortons les États à veiller à ce qu’aucun réfugié ne soit renvoyé au Burundi contre son gré. Étant donné que davantage de réfugiés burundais devraient rentrer volontairement dans leur pays en 2019, l’appel prévoit un financement pour aider et réintégrer les rapatriés.
Parallèlement, 300 réfugiés en moyenne continuent de fuir le Burundi chaque mois, et le HCR exhorte les gouvernements des pays de la région à maintenir les frontières ouvertes et l’accès aux systèmes d’asile pour les personnes qui en ont besoin.
L’année dernière, la réponse régionale interorganisations pour l’aide aux réfugiés burundais n’a reçu que 35 % des 391 millions de dollars recherchés. Le HCR exhorte la communauté internationale à accélérer et augmenter le financement de l’appel de fonds pour 2019 afin de fournir l’aide humanitaire qui fait cruellement défaut. (Fin)