Kigali: Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, est vivement préoccupé par l’aggravation de la situation dans le territoire de Beni, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), où la violence a déjà forcé plus de 100 000 civils à fuir leur foyer ces deux derniers mois.
Cette indication a été faite par le porte-parole du HCR Andrej Mahecic lors de la conférence de presse au Palais des Nations à Genève.
Les attaques menées par des groupes armés depuis décembre dernier contre un grand nombre de villes et de villages dans la chefferie de Watalinga, près de la frontière avec l’Ouganda, ont déplacé des femmes, des hommes et des enfants vers la ville de Nobili et ses environs.
Beaucoup d’entre eux avaient déjà été déplacés et ils venaient tout juste de rentrer dans leurs villages en novembre 2019, après avoir fui la violence en avril dernier. Ils ont encore besoin d’une assistance vitale.
Les tensions dans la région s’intensifient depuis le lancement d’une opération militaire dirigée par le gouvernement en décembre contre les Forces démocratiques alliées (ADF).
Les civils, y compris les personnes déplacées en novembre et décembre, comptent parmi les cibles des groupes armés, y compris les ADF. Selon les autorités locales, environ 252 civils auraient été tués dans le territoire de Beni depuis décembre 2019.
Beaucoup ont déclaré au personnel du HCR qu’ils vivent désormais dans la peur, après avoir été témoins de meurtres, de violences sexuelles et d’enlèvements à leur domicile et pendant leur fuite.
La majorité des personnes forcées de fuir lors de cette toute dernière vague de violence sont désormais hébergées par les communautés d’accueil locales de la ville de Nobili qui ont accueilli sans hésitation les familles déplacées mais qui manquent de ressources pour répondre simplement à leurs propres besoins.
D’autres ont trouvé refuge dans des écoles et des églises surpeuplées aux alentours de la ville de Nobili. Le HCR et ses partenaires leur fournissent des abris d’urgence, ce qui permet également aux écoles d’être utilisées à nouveau.
Par ailleurs, des milliers de civils vivent dans des conditions effroyables dans une centaine d’installations informelles, dormant dans des huttes fabriquées à l’aide de branchages. Ils sont exposés aux éléments et font face à de graves menaces pour leur sécurité et leur protection, notamment en raison du manque d’intimité.
La grande majorité des déplacés sont des femmes et des enfants qui, comme d’autres personnes déplacées internes, ont un besoin urgent d’assistance vitale et de protection. Leurs principaux besoins sont la nourriture, le logement, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, ainsi que l’accès à l’éducation.
Un grand nombre d’enfants déplacés ne sont pas scolarisés. Les écoles n’ont pas la capacité d’accueillir des élèves supplémentaires ou sont fermées car elles abritent désormais des déplacés internes, ce qui met à rude épreuve des infrastructures éducatives déjà insuffisantes.
L’école de Mambale à Nobili accueille actuellement 500 élèves déplacés supplémentaires, ce qui porte à 800 le nombre total d’élèves. L’école fonctionne désormais avec un système de rotation en double vacation, les élèves étant scolarisés soit le matin, soit l’après-midi.
Pour répondre aux besoins des personnes déplacées et de leurs communautés locales d’accueil, le HCR et ses partenaires, ainsi que les autorités locales et les organisations humanitaires, fournissent désormais une aide aux personnes déplacées à Nobili.
La semaine dernière, le HCR a d’urgence distribué des bâches en plastique pour aider 3000 familles déplacées. Afin de contribuer à améliorer la protection et la sécurité des personnes déplacées, le HCR soutient également le développement de trois structures communautaires effectuant des prestations de protection. Celles-ci contribueront à l’identification, la prévention et la réponse aux violations des droits de l’homme.
Par ailleurs, le HCR contribue actuellement à un programme de profilage, coordonné par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) avec l’appui technique du HCR. Les données ont déjà permis de cibler l’aide humanitaire et continueront à améliorer la qualité des prestations de protection, de l’assistance et des services multisectoriels pour les personnes dans le besoin.
Plus de cinq millions de personnes sont aujourd’hui déplacées en RDC, ce qui représente la plus importante situation de déplacement interne en Afrique. Notre personnel est actuellement présent dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Tanganyika et de l’Ituri, pour répondre aux vagues massives de déplacement.
Le HCR recherche 150 millions de dollars pour répondre aux besoins des réfugiés et des personnes déplacées en RDC en 2020, mais n’a reçu que quatre pour cent de ce montant à ce jour. (Fin)