Bruce Clarke et des personnalités rwandaises à l’entrée du Jardin de la Mémoire
Les derniers travaux de construction du Jardin de la Mémoire en l’honneur des victimes du génocide des Tutsi du Rwanda en 1994 seront achevés dans les 100 jours que va durer la 27e commémoration.
«Nous sommes dans la phase finale. Les travaux dépassent 90% et seront achevés dans les 100 jours de la commémoration », a expliqué Naphtal Ahishakiye, le Secrétaire Exécutif du Collectif des associations des rescapés du génocide – Ibuka(souviens-toi en kinyarwanda).
Comme chaque année depuis 27 ans, le Rwanda a entamé une période de recueillement qui dure une centaine de jours-la durée du génocide. Elle commence le 7 avril lorsque le génocide a commencé et elle prend fin le 4 juillet lorsque le FPR qui est au pouvoir a arrêté le génocide.
Situé à Nyanza-Kacukiro à Kigali, la capitale, ce Jardin commémoratif rend un hommage significatif à l’ensemble des victimes et interpelle les visiteurs sur le carnage qui a fait plus d’un million de mort en trois mois, ce qui en fait le génocide le plus atroce et le plus rapide de l’histoire.
Conçu par l’artiste peintre anglais, Bruce Clarke, en partenariat avec l’association nationale des rescapés, IBUKA, la fondation IMBUTO et la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide(CNLG), ce Jardin est composé de plusieurs sections plongeant les visiteurs dans un voyage d’histoire et de souvenir.
« Ce Jardin n’est pas un jardin ordinaire. Chaque élément ici est une allégorie de souffrance et de refuge, du désespoir et de l’espérance », avait confié Bruce Clarke dans une déclaration à la presse le jour de l’inauguration.
« C’est un Jardin de la Mémoire. Pas d’une seule mémoire, mais de beaucoup de mémoires », avait souligné l’artiste peintre, indiquant que les caractéristiques artistiques du Jardin représentent symboliquement différents aspects du génocide. Il avait, par ailleurs, fait observer que l’art résonne avec l’humanité en général et doit être utilisé dans le processus de reconstruction de l’humanité.
Le Jardin de la Mémoire fait partie intégrante du site mémorial de Nyanza qui abrite déjà plus de 12.000 corps de victimes, dont 5.000 massacrées après avoir été abandonnées, le 11 avril 1994, par un contingent belge des forces de la MINUAR, la Mission des Nations Unies pour l’Assistance au Rwanda.
Le Jardin de la Mémoire avait été inauguré le 8 avril 2019 par Jeannette Kagame, la Première Dame du Rwanda, dans le cadre de la 25ème commémoration du génocide. Pour la Première Dame, ce jardin « servira de lien et restera une conversation entre le passé, le présent et le futur ».
L’artiste anglais d’origine sud-africaine qui l’a conçu, Bruce Clarke, estime quant à lui que le Jardin sera par sa nature « la plus grande création collective des temps modernes. Il sera aussi le plus grand défi de la mémoire à l’oubli.»
Les principales associations de la société civile rwandaise sont partenaires du projet. Les travaux se déroulent sous la direction de la commission mémorial dépendant du Ministère rwandais de la Jeunesse et de la Culture. L’UNESCO est partenaire financier.
Les caractéristiques du Jardin commémoratif comprennent un espace de pierre, une forêt de la mémoire, des monticules, un corridor de méditation, une fosse ouverte ainsi que des chemins en spirale.
Au milieu du Jardin, des pierres représentant les victimes sont et seront placées par leurs familles. Toute autre personne qui se sent concernée, rwandaise ou étrangère, pourrait placer une pierre en mémoire d’une victime. Il s’agit de l’aspect le plus solennel du jardin. Un million de pierres portant chacune le nom ou un signe distinctif d’un disparu, posées sur un site aménagé d’un kilomètre carré, environ. Chaque pierre a une identité individuelle, tout en étant indissociable de l’ensemble.
Dans la forêt de la mémoire, située au cœur du jardin, trois types d’arbres seront plantés, à savoir Ficus Thonningii, planté par Mme Jeannette Kagame comme symbole de la famille, Erythrina Abyssinica, symbole de protection et de beauté, et Acacia Abyssinia pour la résilience et la résistance. Les différentes sections du jardin sont reliées par des chemins en spirale symbolisant la spirale de violence planifiée que le Rwanda a dû traverser. (Fin)