Kigali: La récente étude menée par la Commission Nationale de Lutte contre le Génocide (CNLG) sur l’histoire du génocide contre les Tutsi dans l’ancienne préfecture de Ruhengeri a révélé qu’en 1991 et 1992, des massacres de Bagogwe avaient eu lieu en préparation du génocide même de 1994.
Comme le décrit cette étude, dans une lettre de Faustin Munyazesa, alors Ministre de l’Administration locale et du Développement communal, en date du 6 juillet 1991, dans les préfectures de Ruhengeri et de Gisenyi, 286 Bagogwe ont été tués à Ruhengeri et 86 à Gisenyi. La lettre détaille les noms des victimes, leurs cellules, leurs secteurs et leurs communes.
Dans l’ancienne préfecture de Ruhengeri, les Bagogwe ont été tués dans les communes de Butaro, Kigombe, Nkumba, Kidaho, Kinigi et Nkuli. À Butaro, 24 personnes ont été tuées, 14 veufs et veuves, 44 orphelins. À Kigombe, 17 personnes ont été tuées, une veuve et 46 orphelines. Dans la commune de Nkumba, 15 personnes ont été tuées, 10 veufs et veuves, 40 orphelines. Dans la commune de Kidaho, 20 personnes ont été tuées, 27 veufs et veuves, 97 orphelins. À Kinigi, 20 personnes ont été tuées, 18 veufs et veuves, 59 orphelines.
Dans la lettre n ° 770 / 04.09.01 du 15 novembre 1991 de Munyazesa, 117 Tutsi furent tués dont 103 hommes et 14 femmes. 101 personnes ont hérité des handicapes de ces massacres, dont 62 hommes, 22 femmes et 17 enfants. 86 personnes étaient veuves dont 10 hommes et 76 femmes. Neuf étaient totalement orphelins, 292 partiellement orphelins et 70 étudiants.
En 1992, deux juristes belges, Me Eric Gillet et André Jadoul, envoyés au Rwanda par une association belge des droits de l’homme, ont ouvert des enquêtes au Rwanda du 9 au 17 janvier et du 2 au 5 février 1992. Ils ont collaboré avec des associations rwandaises telles que l’Association rwandaise pour la défense des droits des personnes et des libertés publiques et le Kanyarwanda.
Dans leur rapport publié en mai 1992, ils ont établi qu’il existait une grave injustice contre les Tutsi au Rwanda: licenciement au travail, détention sans fondement et en conditions inhumaines ayant entraîné la mort de certains détenus dans des prisons, les massacres de Tutsi, en particulier dans les préfectures de Gisenyi et Ruhengeri après la prise de la ville de Ruhengeri par les anciennes troupes du FPR dans la nuit du 22 janvier 1991.
Comme indiqué dans ce rapport, dans les jours qui ont suivi la prise de la ville de Ruhengeri, les autorités ont élaboré les listes des Tutsi dans différentes communes et, plus tard, des soldats ont été envoyés pour les tuer. La plupart d’entre eux ont été tués et quelques-uns d’entre eux ont fui vers le Zaïre.
Comme l’explique le rapport, les massacres se sont aggravés dans les communes de Kinigi et Mukingo à Ruhengeri et dans la commune de Mutura dans la préfecture de Gisenyi. (Fin)