Cyprien Semakura
Secteur Mukama (Nyagatare): Le Programme Alimentaire Mondial (PAM) et la Fondation Clinton ou Clinton Development Initiative (CDI) ont aidé la coopérative CODPECUM à atteindre une récolte performante, selon les propos même de son président Cyprien Semakura, du village Nyacyonga, cellule Rugarama, secteur Mukama, dans le district de Nyagatare.
Aujourd’hui, Semakura cultive du maïs sur 3 ha et il récolte 5,5 tonnes par ha, soit 16,5 tonnes au total. Mais auparavant, en 2010, quand il a commencé à bénéficier des formations dispensées par RAB, il est passé d’une tonne par ha à 3,5 tonnes.
Grâce aux formations du PAM et de CDI, à l’utilisation des intrants organiques et chimiques, et à la bonne tenue de la récolte, Samakura est passée d’un revenu de 500 mille Frw à 4 millions Frw aujourd’hui. Il est clair qu’il s’agit d’un processus qui atteint sa performance et qu’il faut sans cesse améliorer, toujours aussi pour combattre l’aflatoxine, qui cause des cancers.
La coopérative CODPECUM cultive surtout le maïs qu’elle alterne avec le haricot et le soja. Elle a débuté en 2007 avec 17 membres, dont 8 femmes et 9 hommes. En 2009, la coopérative a obtenu ses statuts qui ont l’ont fait connaître au sein des instances dirigeantes. Elle bénéficie des premières formations avec RAB. Sa production passe d’une tonne à 3,5 tonnes par ha. De 2018-2019, elle reçoit les formations dispensées par ses précieux partenaires CDI et RDO dans le but de la bonne tenue de la récolte et de la lutte contre l’aflatoxine. Sa récolte atteint alors 250 tonnes.
Bernadette Mukeshimana
En 2020, sa récolte devient 500 tonnes, puis 678 tonnes en 2021, avec du maïs de qualité du grade 1. Mais la coopérative vend aussi du maïs du grade 2 avec 212 tonnes. Ce qui fait un total de 800 tonnes.
Aujourd’hui en 2022, la coopérative vient de peser 635 tonnes du maïs grade 1, avec 60 tonnes qui sont encore dans les stocks.
A propos de la lutte contre l’aflatoxine, Semakura explique qu’il faut récolter le maïs quand il est bien séché, avec couleur kaki, puis mis dans le hangar, les têtes des épis renversés et regardant le sol, bien attaché. Cette position évite que le maïs soit en contact avec l’eau et l’humidité qui sont cause de la moisissure et de l’aflatoxine.
Quand le maïs est bien séché, l’on sépare les grains des épis. Les grains sont nettoyés, placés dans le stock, sur de palettes, sans toucher le sol afin d’éviter que le froid et l’humidité montent dans les sacs, et surtout éviter d’approcher les sacs des murs. Toujours pour ne pas causer l’aflatoxine.
« Nous vendons notre récolte à AIF (Africa Improved Food) et EAGS (Société est-africaine des Graines) et la mesure de l’aflatoxine exigée est entre 0 et 5. C’est dire qu’à ce stade, le maïs est de très bonne qualité. Nous avons 47 greniers donnés par le PAM à un prix de 27.000 Frw la pièce. Notre contribution a été de 2500 Frw par grenier. C’est dans ces citernes que le fermier conserve les graines de maïs pour maintenir leur bonne qualité et éviter l’aflatoxine. Les fermiers disposent aussi des brochures confectionnées par CDI sur l’aflatoxine », informe Semakura.
« Nous sommes devenus des multiplicateurs de bonnes semences »-Semakura
Le président de la coopérative CODPECUM note que ce partenariat avec CDI a aidé les fermiers à avoir un logo et à rehausser la qualité de leur maïs au niveau du marketing.
« Nous avons beaucoup de sacs sur lesquels est imprimé le logo de notre coopérative « CODPECUM ». C’est la qualité des semences de maïs que nous multiplions qui diffuse l’image de notre marque de qualité. Nous multiplions les semences de base du haricot qui est cultivé pour la première fois. Ensuite, nous diffusons cette semence chez les fermiers. RAB reprend la semence et la donne à d’autres fermiers qui la cultivent. Nous avons multiplié la semence de base de haricot. C’était l’an passé. Ainsi que la semence certifiée RW2245. Presque dans tout le pays, les fermiers ont cultivé ces semences. Nous continuons cette multiplication de la semence de haricot NUA 576. Notre coopérative a l’objectif de faire parvenir toutes ces bonnes semences aux agriculteurs. Nous nous préparons aussi à multiplier la semence de maïs très prochainement. Nous avons aussi multiplié en partenariat avec CDI la semence de haricot certifié Rw 3191 qui a été aussi très apprécié. Toutes ces semences que j’ai citées ont reçu la certification de qualité. Bref, nos semences n’ont eu aucune entrave », témoigne toujours Semakura.
Défis du début : beaucoup de pertes à la récolte
Semakura indique qu’avant les formations, les pertes à la récolte s’élevaient à la moitié du total de la récolte. En 2018 particulièrement, la récolte de la coopérative a été refusée par EAGS à cause de la moisissure. Depuis lors, des accords ont été signés avec EAGS, et aucune récolte n’est rejetée. Dès 2019, des formations ont bien débuté et ont porté des fruits.
Aucune entrave à notre récolte maintenant. Le marché est assuré. Mais des fermiers se plaignent du coût élevé des intrants. Nous demandons au Ministère du Commerce d’ajuster les prix en tenant compte des coûts des intrants qui ont augmenté. C’est à cette condition qu’on peut engranger un revenu consistant », propose le président de CODPECUM.
Il termine en remerciant le PAM qui leur a fourni des greniers et CDI qui a donné son appui en semences, fumiers organiques et chimiques, et surtout des formations hautement inestimables grâce auxquelles les fermiers ont atteint des revenus consistants. CDI a le mérite aussi de trouver des marchés pour de coopératives.
Pour Bernadette Mukeshimana, né en 1965, formatrice dans la coopérative, les formations initiales du PAM et RAB ont été utiles pour les fermiers de la coopératives CODPECUM. Cela a permis d’avoir un maïs productif et bien protégé.
« Je cultive 0,5 ha et je récoltais 300 kg. Aujourd’hui cette même surface me donne mille Kgs, soit une tonne. La récolte a été multipliée par trois. Le revenu aussi. Grâce aux formations », reconnaît-elle. (Fin)