By Claudio Francavilla*
Kigali: Le Parlement européen a adopté une résolution condamnant la détérioration continue de la situation des droits humains au Burundi à l’approche des élections de mai 2020. Il a également appelé les autorités à libérer immédiatement et sans condition quatre journalistes travaillant pour Iwacu et à abandonner les poursuites contre eux.
Iwacu est l’un des derniers journaux indépendants du pays. Le Parlement européen appelle aussi à la libération de toutes les autres personnes arrêtées pour avoir exercé leurs droits fondamentaux.
Christine Kamikazi, Agnès Ndirubusa, Egide Harerimana et Térence Mpozenzi, ainsi que leur chauffeur, Adolphe Masabarakiza, ont été arrêtés le 22 octobre 2019 lors d’un déplacement pour un reportage dans la province de Bubanza et ont été ensuite accusés de complicité d’« atteinte à la sûreté de l’État ». Leur jugement doit être rendu fin janvier.
La peine de 15 ans de prison requise par le procureur est un avertissement aux quelques derniers journalistes qui osent rester au Burundi : travailler sur des questions sensibles est à vos risques et périls.
L’Union européenne a réagi aux atteintes aux droits humains généralisées déclenchées par la décision controversée, en 2015, du président Nkurunziza de briguer un troisième mandat en suspendant le soutien budgétaire direct au gouvernement et en imposant des sanctions ciblées contre de quatre individus soupçonnés d’être impliqués dans la répression de la dissidence qui s’est ensuivie. Mais ces mesures n’ont eu que peu d’impact.
L’un des individus visés par les sanctions, le colonel Gervais Ndirakobuca, a été récemment nommé directeur du service national de renseignements du pays.
Les tensions continuent de s’intensifier au Burundi alors que les élections approchent. Les autorités locales et les membres tristement célèbres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir ont frappé, menacé des personnes et restreint leur accès aux services essentiels pour les contraindre à « donner » de l’argent pour financer les élections, et ont commis des abus généralisés contre l’opposition.
Ces arrestations, qui font suite à plusieurs poursuites judiciaires engagées pour des motifs politiques à l’encontre de défenseurs des droits humains, ont déjà déclenché un tollé international. En décembre 2019, 39 députés européens ont écrit au gouvernement burundais pour demander la libération des journalistes.
La résolution adoptée est un pas supplémentaire. Les autorités burundaises devraient rétablir immédiatement les conditions pour la tenue d’élections libres et justes, notamment en s’assurant que les médias puissent travailler sans crainte de se retrouver en prison. La première mesure nécessaire devrait être la libération sans condition des journalistes d’Iwacu apparemment poursuivis simplement pour avoir fait leur travail. (Fin)
*Claudio Francavilla est chargé du plaidoyer auprès de l’Union européenne, au sein de Human Rights Watch. Il est basé à Bruxelles.