Le Président Paul Kagame a déclaré que les Rwandais devraient dormir paisiblement en sachant que leur pays est sûr et sécurisé, minimisant ainsi les menaces de guerre visant le Rwanda proférées par ses voisins en l’occurrence la RDC et le Burundi.
Le Président réélu de la RDC, Félix Tshisekedi, a promis de déclarer la guerre au Rwanda durant sa campagne électorale. Une menace soutenue par son homologue burundais Évariste Ndayishimiye qui a affirmé sa détermination à soutenir activement les jeunes rwandais, – qu’il considère comme « des prisonniers » dans leur pays-, pour qu’il renverse le régime du Président Kagame qu’il a accusé de tous les maux d’Israël- menteur, déstabilisateur de la sous-région, hypocrite, agresseur, saboteur…-, dans une conférence à l’intention de jeunes congolais dans la capitale Kinshasa.
Ce mardi 23 janvier 2024 dans son discours sur l’état de la nation à l’ouverture du 19ème Dialogue National -Umushyikirano 2024, le Président Kagame a déclaré que le Rwanda est prêt à repousser toute menace sécuritaire et que ceux qui la perpétueront en paieront le prix.
Le Dialogue National de cette année coïncide avec un refroidissement des relations diplomatiques entre le Rwanda avec ses voisins burundais et congolais qui ne cachent pas leur volonté de renverser le gouvernement rwandais, directement ou par personne interposée.
Le Président rwandais a déclaré que ces individus ont continué à faire des déclarations de guerre au Rwanda, -avec le soutien de certains de leurs amis-, mais il a averti que de telles menaces ou tentatives de déstabilisation du Rwanda entraîneraient des conséquences désastreuses.
« Lorsqu’il s’agit de défendre ce pays qui a souffert pendant si longtemps et que personne n’est venu nous aider, je n’ai besoin de la permission de personne pour faire ce que nous devons faire pour nous protéger », a déclaré le Président Kagame.
« Je le dirai au grand jour. Je l’ai dit à ceux qui sont concernés d’une manière ou d’une autre par ce problème. Et c’est ce qui va arriver. Rien ne franchira les frontières de notre petit pays », a-t-il ajouté, appelant les Rwandais à rentrer chez eux et à dormir paisiblement.
Le Président Kagame a décrit les discours va-t-en-guerre de la RDC et du Burundi comme des menaces vides de sens, qui ressemblent davantage à un ballon rempli d’air qui se dégonflent d’une simple piqûre d’aiguille. Il a ajouté que si le Rwanda se trouvait dans une situation où il devait se défendre, les conséquences pourraient être désastreuses pour ses agresseurs.
Il poursuit en disant que le Rwanda n’acceptera pas de revenir à la situation d’il y a 30 ans quand il avait perdu des millions de personnes à cause de la haine ethnique. « Le pays ferait tout pour riposter. Et ceux qui sont derrière cela paieraient un lourd tribut. »
« Vous avez vu que je n’ai pas répondu à ces insultes qui viennent du sud, de l’ouest. Ce ne sont que des mots. Ils ne tuent pas », a déclaré le Président Kagame, soulignant que le Rwanda n’a pas pour but d’échanger des insultes.
« Ce n’est pas dans nos habitudes. Mais ils apprendront qu’ils ont commis une grosse erreur le moment venu. », a déclaré le Président Kagame, ajoutant que le Rwanda a refusé de se laisser provoquer et ne provoquera personne.
Il a dit que le Rwanda ne se soucie pas des accusations infondées car le pays a ses propres fardeaux à gérer. « Nous connaissons notre propre fardeau. Mais maintenant, nous devons porter le fardeau des autres », a-t-il dénoncé, ajoutant que le Rwanda n’accepterait pas cela.
« Pour la défense de ce pays, quand nous avons raison, quand nous sommes attaqués, je ne demande la permission à personne. Pas du tout. Le pays est sûr, il est sécurisé et le sera toujours », a déclaré le Président Kagame.
Le Chef de l’Etat rwandais a souligné que des efforts incessants ont été déployés au fil des années pour faire du conflit dans l’est de la RDC «la guerre du Rwanda», mais qu’en réalité, le Rwanda continue de payer le prix de l’incapacité de Kinshasa à résoudre ses problèmes internes.
Il a rappelé que les mêmes problèmes à l’origine des réfugiés, -à savoir les discours de haine et le nettoyage ethnique dans l’est de la RDC visant les Tutsi congolais-, perdurent et s’amplifient.
« Aujourd’hui, nous avons plus de 100.000 réfugiés ici au Rwanda. Au cours des récents combats, 16.000 autres réfugiés ont traversé la frontière, rejoignant plus de 80.000 réfugiés congolais existants. La communauté internationale connaît la vérité : ces pays développés viennent souvent chercher des familles ou des individus et les relocalisent chez eux. Cinq personnes sur 100.000. Comment cela résout-il le problème ? », a-t-il demandé.
Le Président Kagame a déclaré que les mêmes personnes qui profèrent les menaces contre son pays travaillent avec les exilés rwandais, -dont les génocidaires hutu de 1994 au Rwanda-, essayant d’en faire les futurs dirigeants du Rwanda, mais cela ne marchera pas.
Les Présidents congolais Félix Tshisekedi et burundais Evariste Ndayishimiye ont d’ores et déjà scellé une alliance contre le Rwanda qu’ils accusent de soutenir leurs mouvements rebelles. Une accusation rejetée par Kigali.
Le ton a été donné par le Président Félix Tshisekedi qui accuse le Rwanda de soutenir les rebelles congolais du M23 actifs dans la province du Nord-Kivu à l’Est de la RDC.
Après avoir accusé le Rwanda de soutenir le RED-Tabara, un groupe rebelle qui a mené des attaques sur son sol depuis la RDC, le Burundi a aussi décidé unilatéralement de fermer à nouveau ses frontières avec son voisin du nord et d’expulser certains ressortissants rwandais de son sol.
Les relations entre le Burundi et le Rwanda ont souvent été tumultueuses. Une légère amélioration a été notée après l’arrivée au pouvoir d’Évariste Ndayishimiye en 2020, mais depuis, les liens se sont à nouveau distendus quand le Burundi a envoyé des troupes pour aider à lutter contre les rebelles du M23 dans l’est de la RDC.
Le Burundi avait déjà fermé sa frontière avec son voisin rwandais en 2015, les deux pays s’accusant mutuellement de soutenir des mouvements rebelles. La frontière avait été rouverte en 2022.
Des sources indiquent que la relation Ndayishimiye-Tshisekedi est renforcée par un engagement financier de la RDC, promettant 5.000 dollars par mois pour chaque soldat burundais présent dans l’Est de la RDC, soutenant l’armée congolaise contre le M23.
Le Président Kagame et la Première Dame ont participé ce mardi 23 janvier au premier jour du 19ème dialogue national-Umushyikirano 2024, réunissant des Rwandais de tout le pays et de la diaspora pour des interactions avec leurs dirigeants sur la situation du Rwanda. (Fin)