Président congolais Felix Tshisekedi / Président rwandais Paul Kagame
Le Président kényan William Ruto soutient que le M23 est un problème congolo-congolais et qui ne concerne pas le Rwanda, d’autant plus que les autorités de la RDC reconnaissent que les membres du M23 sont des Congolais.
Le Chef de l’Etat kényan William Ruto a fait cette indication à Jeune Afrique et The Africa Report, lors d’un entretien vidéo réalisé en marge de l’Africa CEO Forum 2024 qui s’est tenu les 16 et 17 mai à Kigali.
“En tant que Chefs d’État, lors d’une réunion, nous avons demandé : le M23, les membres de ce groupe sont-ils des Rwandais ou des Congolais ? Et la RDC nous a dit : ‘Ce sont des Congolais.’ Fin du débat.”, a-t-il expliqué.
Le Président kényan s’est, ensuite, interrogé sur le fait que si les membres du M23 sont des Congolais, comment est-ce que cela pourrait bien être un problème du Rwanda ou de Paul Kagame.
“Si ce sont des Congolais, comment est-ce que cela devient un problème du Rwanda ? Comment est-ce que cela devient un problème de Kagame ? “, a-t-il interrogé.
Pour William Ruto, le président du Kenya, la crise sécuritaire dans l’est de la RDC et les tensions actuelles entre les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame ne pourront se résoudre que par “une solution congolaise”.
Il importe de souligner que par ces mots, le Président kényan William Ruto a dédouané son homologue rwandais. Ceci, alors que le Chef de l’État congolais a toujours refusé de négocier avec le mouvement du 23 mars (M23), qui, selon lui, n’est que prétexte utilisé par le Rwanda pour congoliser l’agression de la RDC.
Dans un point de presse à Kigali en marge des 30èmes commémorations du génocide, le Président Kagame a dit : “le M23 est une organisation née au Congo et hors du Congo. C’est le point numéro un. Deuxièmement, ce sont des Congolais. Et vous entendrez même le Congo l’admettre. Maintenant, pourquoi existent-ils ? Pourquoi se battent-ils ? Pourquoi ont-ils des armes ? C’est une autre question. C’est aussi une question simple. Le M23 existe actuellement parce qu’on leur a refusé leurs droits en tant que citoyens de ce pays. On les appelle les Tutsis du Rwanda”.
“Nous avons 100.000 personnes originaires de cette communauté, 100 000 qui vivent ici au Rwanda dans des camps de réfugiés depuis deux décennies. Pourquoi ? Parce qu’ils sont arrachés à leurs foyers ancestraux, persécutés et envoyés à travers l’Ouganda. D’ailleurs, ils sont encore plus nombreux en Ouganda. Il y en a 100.000 ici, il y en a des centaines de milliers là-bas, en Ouganda”, a poursuivi le Président Kagame.
Et d’ajouter : “Et je dis que même ceux qui nous accusent devraient s’auto-accuser de ne pas soutenir le M23 parce que c’est comme s’ils étaient d’accord avec l’injustice qui est faite à cette communauté.”
Pour le Président Kagame : “La question n’est pas de savoir si quelqu’un soutient ou non le M23. La question est de savoir quel est réellement le problème du M23. […] Qu’est-ce que c’est que cette chose appelée M23 ? Sont-ils des êtres humains, sont-ils des Rwandais, sont-ils des Congolais ? Pourquoi existent-ils ? Pourquoi ont-ils des armes et combattent-ils dans leur propre pays ? C’est la bonne question qu’on devrait me poser.”
Le régime au pouvoir à Kinshasa accuse systématiquement les voisins en prétendant que la RDC est agressée, pourtant qu’il reconnaît dans les salons politiques et diplomatiques qu’il se bat contre un mouvement congolais.
Le M23 fait d’ailleurs partie de l’AFC (Alliance Fleuve Congo), un mouvement politico-militaire créé et coordonné par l’ancien président de la CENI (Commission Électorale Nationale Indépendante) en RDC Mr Corneille Nangaa.
Défait en 2013, le M23 a repris les armes fin 2021. Actuellement, plusieurs localités de Rutshuru, de Masisi, Nyiragongo (Nord-Kivu) et Kalehe(Sud-Kivu) sont occupées par le M23.
Selon le gouvernement congolais, c’est le Rwanda qui a réarmé ce mouvement. Ce que le Rwanda a toujours nié.
Pour sa part, le Rwanda accuse l’armée congolaise de collaborer dans des opérations militaires contre le M23 avec les rebelles extrémistes hutu rwandais “FDLR”, fer de lance du génocide des Tutsi du Rwanda en 1994, qui cherchent à reconqueiri le pouvoir au Rwanda à partir de la RDC où ils sont basés. (Fin)