La décision de renvoyer devant la cour d’assises de Paris le Docteur Eugène Rwamucyo pour “génocide” et “crimes contre l’humanité” a été bien accueillie au Rwanda.
Jean Pierre Dusingizemungu est président d’Ibuka, le collectif des associations des rescapés du génocide. Il voit dans ce renvoi devant les assises un message fort lancé aux génocidaires qui sont encore en liberté.
“C’est bien. Les autorités judiciaires françaises devraient maintenir leur élan car le chemin à parcourir est long. Cette évolution devrait également envoyer un message aux autres génocidaires qui sont encore en liberté”, a-t-il confié.
“Le crime de génocide est imprescriptible. De nombreux autres pays devraient se débarrasser de leur image ternie par le fait de ne pas poursuivre et traduire en justice ces suspects de génocide,” a-t-il suggéré.
“Un pas de plus de la justice dans la bonne direction; une bonne nouvelle pour les victimes et pour toute personne éprise de justice : Rwamucyo bientôt devant la cour d’assises”, a réagi sur tweeter François Ngarambe, Ambassadeur du Rwanda en France et ancien président d’Ibuka.
“Cette nouvelle réjouit tous ceux qui réclament justice après le génocide perpétré contre les Tutsi au Rwanda d’avril à juillet 1994”, indique dans un communiqué le CPCR (Collectif des Parties Civiles pour le Rwanda) qui traque les auteurs du génocide des Tutsi qui ont trouvé refuge en France.
“Malgré les lenteurs de la justice que nous ne cessons de dénoncer, ces décisions ne peuvent que nous conforter dans notre détermination à ce que tous ceux qui auraient participé au génocide des Tutsi et qui croyaient pouvoir se faire oublier en France puissent enfin comparaître devant la justice des hommes”, affirme Alain GAUTHIER, président du CPCR, dans ce communiqué.
Ancien directeur du Centre de Santé de Butare, le Docteur Eugène Rwamucyo(61 ans) avait été condamné à la perpétuité par contumace en 2007 au Rwanda pour son rôle dans le génocide des Tutsi en 1994.
Médecin à l’hôpital de Maubeuge au nord de la France, il avait été suspendu en octobre 2009 lorsque la direction de l’établissement avait appris qu’il était visé par un mandat d’arrêt international émis par Kigali. Il avait ensuite été licencié.
En application de ce mandat, le Dr Rwamucyo avait finalement été interpellé en mai 2010 à Sannois (région parisienne) alors qu’il venait d’assister aux obsèques d’un autre Rwandais, Jean-Bosco Barayagwiza, cofondateur de la tristement célèbre Radio télévision libre des Mille-Collines, la radio extrémiste qui appelait aux massacres des Tutsi pendant le génocide.
La cour d’appel de Versailles s’était cependant opposée en septembre 2010 à son extradition, ordonnant sa remise en liberté. Il avait été placé sous contrôle judiciaire en 2018, avec interdiction de sortir de l’espace Schengen. (Fin)