By André Gakwaya;
Le Royaume du Maroc produit actuellement plus de 8.000 MGW (huit mille) et 98 % de sa population estimée à 42 millions d’habitants sont connectés au réseau électrique, avec toutes les opportunités de développement socio-économique que ces avantages comportent. L’on comprend ainsi qu’au niveau du processus pour attendre les ODD le Royaume du Maroc soit classé premier sur le continent africain par le Rapport 2018 du SDGA (Centre Africain des ODD ou des Objectifs du Développement Durable) basé à Kigali.
Ce pari a été atteint parce que le Maroc, par le biais de son entreprise Masen, produit de l’électricité à partir des énergies renouvelables.
Les projets de valorisation de ces énergies visent à tirer le meilleur parti du solaire, de l’éolien et de l’hydraulique grâce à des choix des technologies adaptées aussi bien aux sites sectionnés qu’aux besoins identifiés.
Principal contributeur aux côtés de l’ONEE (Office National de l’Eau et Environnement) pour l’atteinte d’objectifs nationaux, Masen porte une attention particulière à l’impact durable de ses projets sur les plans social, économique et environnemental.
En chiffres, Mase ou le renouvelable en marche vise à atteindre une capacité solaire installée de 2000 MGW à l’horizon 2020, une capacité identique éolienne de 2000 MGW en 2020, et une même capacité hydraulique minimale installée en 2020.
Le personnel actuel de Masen est de 180 personnes qui prestent au siège et sur les routes. En 2018, le complexe de Ouarzazate 2 et 3 atteint 580 MGW, tandis que Ouarzazate 1produit 250 MGW.
« Masen avance par l’action. C’est en agissant que l’on avance. Chaque projet est une expérience à part entière dont nous tirons profit pour améliorer nos réalisations d’année en année. Chez Masen, nous avançons par l’action », confie un membre de l’équipe Masen.
Pour réussir le pari de construire son énergie renouvelable, le Maroc a lancé un processus d’appel d’offres international à travers lesquels l’on a défini les besoins et les conditions techniques minimales. Un consortium a apporté ainsi la technologie, le financement. La construction et l’exploitation sont toujours assurées par les Marocains. Ce sont les sociétés étrangères et les Marocains qui ont réussi l’ouvrage.
Aujourd’hui, le Maroc échange l’électricité avec son voisin européen qu’est l’Espagne. Il reste dépendant des importations énergétiques espagnoles. Mais quand il aura produit 52% de son énergie, il aura atteint son indépendance énergétique.
Rappelons que le Plan Noor, qui vise le développement d’une capacité de 2000 MW d’ici 2020, impliquera des investissements de plus de 9 milliards de dollars d’ici 2020.
En 2010, Masen a été créé pour répondre aux besoins de développement durable du Royaume du Maroc. Beaucoup de stratégies ont été prises à l’échelle nationale au niveau du tourisme, de l’agriculture, de la pêche, de la logistique. Mais l’on avait besoin d’énergie électrique pour un réel développement durable qui intègre la préservation de l’environnement. La production d’énergie a dû recourir aux opportunités en place, notamment solaires, éoliennes et hydrauliques, à des fins de contribuer à 42 % des capacités selon les orientations de sa Majesté. Ces 42 % devaient provenir des ressources renouvelables solaires, éoliennes et hydro. Raisons pour laquelle Masen a été créé pour booster l’énergie solaire.
La 1ère action de Masen a été de réaliser le premier projet Noor1 réussi dont les travaux sont complétés actuellement. Cette centrale est en opération. Il fallait partir des premiers projets réussis et pousser plus le développement en s’appuyant sur le renouvelable. Avec la COOP 21, les orientations et les objectifs de Sa Majesté ont été revus à la hausse avec maintenant pour objectif de contribuer à 52 % du mix (solaire, eolienne, hydro) c.-à-d. plus de la capacité installée.
Dès 2015, une loi donne à Masen la latitude de réaliser l’objectif de 3000 MGW de toutes les ressources confondues d’ici à 2030.
Les deux prochaines centrales vont être opérationnelles, ainsi qu’un nouveau programme photovoltaïque qui est aussi sur le point d’être opérationnel.
Maintenant, on est à environ 35 % des capacités installées des ressources renouvelables. L’ambition est de porter progressivement cette capacité à 42 % en 2020, puis à 52 % à l’horizon 2030. Ce qui est important aussi, c’est qu’on a un dispositif réglementaire institutionnel en place.
Une loi permet aux privés de contribuer au projet en complément de l’action de Masen. Le cœur de la mission est de produire cette énergie. Il y a d’autres sources potentielles à valoriser pour les énergies renouvelables. La chaleur à d’autres usages qui peuvent être exploités par des industriels, par exemple au niveau du dessalement et de la création du froid.
L’on envisage aussi d’élargir le périmètre, et contribuer au développement des énergies renouvelables à l’extérieur du Royaume et sur le continent africain. Le Maroc ne veut donc par être seul acteur. Il veut encadrer une dynamique de marchés. Plus les technologies deviennent compétitives, plus on peut embrasser le secteur industriel.
C’est une stratégie nationale portée au plus haut niveau de l’Etat avec plus de visibilité, et tout le monde est mobilisé autour de cet objectif de développement. Cela se traduit par des lois et des conventions. L’on doit noter que Masen travaille comme une entreprise privée, anonyme avec un Conseil d’Administration, financé par l’Etat qui, directement ou indirectement, donne ce soutien fort. Le fonctionnement est privé pour les enjeux de marchés et de développement. On a des équipes qui ont développé la chaîne des valeurs et qui ont un atlas solaire. Il faut aussi avoir un meilleur endroit pour développer le projet, aussi l’accès à un réseau et certaines infrastructures. Le renouvelable ne vient pas en compétition avec d’autres projets agricoles. On a une équipe pour aménager le site correctement, comme à Ouarzazate. On prend en charge certaines infrastructures communes qui ont une autonomie d’échelle. Sur un même site, on peut avoir 4 à 5 projets. L’on doit aussi être connecté au réseau d’adduction et de routes. On a construit quelque chose qui sert 80 projets. L’on a aussi des équipes techniques et financières.
On voit les besoins et les moyens de réponses. On sélectionne des développeurs. On a des équipes impliquées sur les différentes phases du projet, de construction, d’exploitation. On voit comment aussi répartir au maximum le risque. Au niveau du foncier, l’on voit si le lieu est disponible. On a la possibilité de lever des financements qui ont un impact sur les développeurs. On peut être actionnaire dans le projet.
On garantit aussi le rachat de l’électricité sur une certaine période. On garantit aux développeurs une subvention pour réaliser son projet. L’on fait marcher aussi la dynamique du marché et de la compétitivité. Des appels d’offres sont lancés et c’est le meilleur tarif qui est retenu. Il s’agit d’une initiative qui fait marcher la concurrence surtout que l’on est dans des technologies très compétitives. Même cette logique de subventions n’est plus requise.
Un autre volet sur lequel l’on insiste beaucoup : puisqu’il s’agit d’une production d’électricité, l’on implique l’industrie locale à 30%, 35 %. On privilégie le développement local et toute sa stratégie, surtout que l’on est parfois face à des régions isolées, non connectées, sans réseau, sans axes routières. L’on met l’accent ici sur l’amélioration des conditions socio-économiques de la population. C’est pour cela qu’à Ouarzazate, l’on a des exemples de projets qui vont dans ce sens.
On met aussi l’accent sur le volet « Recherche et Développement (R&D) », parce que ce sont des technologies qui ont encore un potentiel de développement, d’optimisation. Pour cela, on a toute une équipe en charge de ce volet, avec une plateforme R&D qui accueille à la fois des projets pilotes, et qui travaille aussi sur des projets de recherche. C’est ce qu’on appelle communément le « volet intégré ».
Masen pousse cette dynamique avec des partenaires pour inclure la recherche, la formation de manière plus générale, l’industrie, les universités, et d’autres acteurs du renouvelable. Cette initiative permet de faire le lien avec l’industrie, le cluster solaire, et d’accueillir à Ouarzazate d’autres projets.
Il importe aussi des mettre en relation les développeurs internationaux avec les Marocains, leur donner l’information sur ce qu’il faut faire, les conditions et les critères. A partir de là, on peut pousser plus loin cette dynamique de développeur industriel surtout du renouvelable.
L’autre point important est l’harmonisation des équipements utilisés aux normes internationales, au niveau du continent. Car, le Maroc doit vendre son énergie sur un réseau interconnecté dans le cadre des technologies « Smart Grid».
A ce propos, l’on doit savoir qu’au niveau du génie civil, de la mécanique, de l’électromécanique, le Maroc travaille avec des organisations qui développent des normes au niveau des technologies du renouvelable et la construction des centrales du renouvelable.