Des agents de la police rwandaise et burundaise au poste frontière de Gasenyi-Nemba se saluent avant que Jolis Bukeyeneza ne tente de se suicider
L’incriminé qui devrait être extradé par le Rwanda est Jolis Bukeyeneza, poursuivi pour « escroquerie et vol » de plus de 25 millions de francs burundais. Sa tentative de suicide sur le poste frontière des deux pays est la principale cause du report de l’extradition, selon le collectif SOS Médias Burundi qui livre cette information.
Le matin du vendredi 20 octobre 2023, les services de la police criminelle et d’investigation des deux pays s’étaient donnés rendez-vous au poste frontière de Gasenyi-Nemba (Bugesera-Rwanda, Kirundo-Burundi). Objectif : extradition d’un Burundais, d’après le Bureau rwandais d’investigation, RIB.
« Jolis Bukeyeneza, 30 ans, a fui vers le Rwanda après avoir prétendument volé plus de 25 millions de francs burundais à la Bancobu, la Banque commerciale du Burundi où il était employé à l’agence de Bururi (sud du pays) en juin cette année », a précisé Thierry Murangira, porte-parole du RIB.
« Il était recherché par le Burundi dans le cadre de la collaboration des polices, Interpol », a-t-il ajouté avant de signifier que la dite extradition n’a pas finalement eu lieu.
Tentative de suicide…
Jolis Bukeyeneza est arrivé à la frontière, menotté, escorté par des services de la police rwandaise. Quand le véhicule à bord duquel il se trouvait avançait lentement vers la zone neutre des deux pays, attendu par un arsenal de policiers burundais, la situation a tourné autrement.
« Quand il a vu que nous sommes prêts à l’extrader et le remettre dans les mains de la police burundaise, connaissant aussi des crimes qu’il a avoués avoir commis dont l’escroquerie, le vol d’argent avec beaucoup de dettes impayées, il a tenté de se suicider à l’aide des menottes qui l’attachaient. Il s’est grièvement blessé et s’est rendu inconscient », a expliqué Thierry Murangira.
La police l’a alors transporté à un hôpital de Nyamata, non loin de la frontière pour des soins intensifs.
« L’urgence était de lui administrer des soins. Après la consultation, on a vu qu’il n’est pas dans un état critique. Nous voulons vous assurer que le plan n’a pas changé, quand il sera guéri, il sera extradé et remis dans les mains des autorités burundaises pour affronter la justice», a-t-il conclu.
La police burundaise lui a rendu visite à l’hôpital
« Nous l’avons vu sur le lit d’hôpital et nous avons reconnu que c’est lui-même qui est recherché par la justice burundaise pour une affaire de vol dans une banque », a indiqué à la presse locale le colonel de police Minani Frédéric Audiney, commissaire adjoint de la police Interpol à Bujumbura, la capitale économique du Burundi.
Gitega salue cette collaboration entre les polices burundaise et rwandaise
« Les relations sont extrêmement bonnes en tout cas, surtout en matière criminelle. Chacune de son côté ne peut pas croiser les bras et fermer les yeux devant un criminel qui a commis un forfait de l’autre côté de la frontière. Nous partageons aussi régulièrement des informations pour une lutte commune des crimes transnationaux », s’est réjoui le commissaire adjoint de la police Interpol à Bujumbura.
Il a réitéré une collaboration continue et a assuré que même du côté burundais, « aucun criminel rwandais n’y sera le bienvenu, il sera traqué où qu’il sera ».
En juin dernier, le Collectif SOS Médias Burundi avait fait un article sur ce vol commis à Bururi. Le responsable de l’agence de la Banque commerciale du Burundi (Bancobu) à Bururi (sud du Burundi) avait fait un constat d’un vol de 27 millions de francs burundais à un guichet payeur situé au chef-lieu de province.
D’après les premières déclarations du chef de l’agence à la police, un employé du nom de Jolis Bukeyeneza était suspecté et avait pris le large avant que la police n’annonce sa traque.
La police rwandaise a souligné que Jolis Bukeyeneza a été interpellé à Kigali le 7 octobre courant. Elle décourage et met en garde quiconque pourra tenter de commettre des crimes dans d’autres pays et vouloir se cacher au Rwanda, qu’il ne sera pas toléré. (Fin)