Drapeaux de la RDC et du Rwanda, deux voisins aux relations tumultueuses depuis 1994.
Après que le Président Kagame ait dit que son pays ne peut plus accueillir des réfugiés en provenance de la RDC voisine, le gouvernement se rétracte et annonce que le Rwanda n’a pas l’intention d’expulser ou d’interdire des réfugiés.
“Le Rwanda n’a pas l’intention d’expulser ou d’interdire les réfugiés. Nous accueillons toujours les personnes fuyant l’insécurité, la persécution et la violence. Nous demandons à la communauté internationale de prendre la responsabilité de trouver une solution durable pour ce groupe oublié de réfugiés de la RDC”, écrit Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais sur son compte twitter.
Elle dénonce ce qu’elle qualifie de “déformation” par les médias des propos du Président Kagame : “Ce que le Président Kagame a abordé, c’est l’hypocrisie flagrante en critiquant le Rwanda qui est simultanément accusé de l’échec de l’État en RDC, et qui est ensuite censé accueillir ceux qui cherchent refuge contre les conséquences de cet échec.”
Et d’ajouter : “Plutôt que de relever le défi d’apporter la sécurité et la paix dans une région dont les citoyens ne méritent rien de moins, certains médias ont plutôt choisi de déformer l’appel du Président Kagame au leadership et à la responsabilité comme une menace d’expulsion ou d’interdiction des réfugiés.”
Yolande Makolo est également revenue sur ce que son gouvernement attend de la RDC et de la communauté internationale : “Rien ne changera jusqu’à ce que la communauté internationale et le gouvernement de la RDC cessent de se soustraire à leurs responsabilités et commencent à s’attaquer aux véritables causes de la crise. Blâmer le Rwanda trahit les citoyens des deux côtés de la frontière, alimente les discours de haine/persécution, obligeant encore plus de citoyens congolais à fuir.”
Dans son discours devant le Sénat, lundi 09 janvier 2023, le Président Kagame a pourtant lancé un avertissement sans ambages aux réfugiés fuyant la recrudescence de la violence en RDC en ces termes : ” Il y a un type de réfugiés que, je pense, nous n’accepterons plus. Nous ne pouvons pas continuer à accueillir des réfugiés pour lesquels, plus tard, nous serons tenus responsables d’une manière ou d’une autre, ou même insultés. Des réfugiés qui fuient un nettoyage ethnique qui se passe dans un autre pays et nous devons être le dépotoir de ces personnes privées de leurs droits.”
Ces propos ont suscité beaucoup de réactions négatives, notamment sur les réseaux sociaux. Plusieurs internautes rappellent que cette décision viole les conventions 157 et 161 sur les réfugiés qui ont été ratifiées par le Rwanda.
Les relations entre les deux pays des Grands-Lacs d’Afrique ne cessent de se détériorer depuis la résurgence du mouvement du 23 mars, le M23. Après leur défaite en 2013, les rebelles du M23 s’étaient réfugiés en Ouganda et au Rwanda avant de reprendre la lutte armée fin 2021.
Le M23 se bat principalement pour le retour dans leur pays de leurs proches qui croupissent dans des camps de réfugiés au Rwanda, au Burundi, en Ouganda et ailleurs dans la région depuis près de 30 ans.
Kinshasa accuse Kigali de soutenir la rébellion. Le Rwanda nie et accuse l’armée congolaise de “collaborer avec les génocidaires FDLR” dans le but de “déstabiliser son territoire.”
Les FDLR sont composés des ex-FAR/Interahamwe qui furent le fer de lance du génocide des Tutsi du Rwanda en 1994. Ils cherchent à reconquérir le pouvoir au Rwanda et à parachever le génocide en utilisant comme base arrière la RDC qui les hébergent depuis leur défaite en 1994.
Les violences à l’Est de la RDC ont poussé de nombreux Congolais à trouver refuge dans les pays voisins, dont le Rwanda. Le Rwanda compte plus de 70.000 réfugiés tutsi congolais qui ont fui la purification ethnique et les violences génocidaires dont ils sont victimes dans leur pays. (Fin)