Le Président rwandais Paul Kagame s’est exprimé sur les opérations conjointes des armées congolaise et ougandaise en Ituri et au Nord-Kivu contre les rebelles islamistes ougandais des Forces démocratiques alliés (ADF, Allied Democratic Forces).
Le Chef de l’Etat rwandais déplore le fait qu’il n’ait été prévenu ni par la RDC ni par l’Ouganda de ces opérations en cours dans le Nord-Est de la RDC, frontalier de l’Ouganda. Il préconise plus de coordination et de coopération au niveau régionale du fait que le groupe ADF pose un problème très sérieux pour la stabilité et la sécurité de son pays et de toute la sous-région.
«Nous n’avons été prévenus ni par la RDC ni par l’Ouganda. Ce n’est qu’au bout d’un mois que l’on a reçu des explications», a-t-il déclaré dans une interview exclusive accordée au Journal français «Jeune Afrique».
«C’est justement parce ces mouvements veulent déstabiliser notre pays que nos intérêts dans la région n’auraient pas dû être négligés. Car, si l’opération contre les ADF n’était pas correctement conduite, cela pourrait renforcer ces rébellions. Il doit y avoir davantage de discussions et de coopération», a-t-il poursuivi.
Le Président Kagame a révélé également que des échanges entre son pays et la RDC avaient été amorcés dans ce sens. «D’ailleurs, avant que l’intervention soit officialisée, nous étions nous-mêmes en discussion avec le gouvernement congolais, avec qui nous avons de bonnes relations de travail et avec qui nous cherchons encore des solutions pour régler les problèmes que nous posent certains groupes dans l’Est de la RD Congo», a-t-il informé.
Le Président congolais Félix Tshisekedi a donné depuis fin novembre son feu vert à l’armée ougandaise pour qu’elle traque sur son territoire des rebelles du groupe ADF, responsable de massacres dans l’est de la RDC et d’attaques en Ouganda.
L’Ouganda a désigné les ADF comme responsables d’un double attentat suicide ayant fait trois morts et 33 blessés à Kampala en novembre, trois semaines après deux attaques à la bombe dans la capitale, elles aussi attribuées aux rebelles.
Quinze personnes sont poursuivies en Ouganda pour terrorisme après ces récentes attaques imputées aux combattants ADF. Début octobre, le Rwanda a pour sa part affirmé avoir arrêté 13 membres ADF qui préparaient des attentats dans le pays.
À l’origine, les ADF étaient une coalition de groupes armés ougandais, dont le plus important était composé de musulmans opposés au régime du Président Yoweri Museveni. Ils sont installés depuis 1995 dans le Nord-Est de la RDC. .
Depuis avril 2019, certaines de leurs attaques sont revendiquées par l’organisation État islamique(EI) qui désigne le groupe comme sa “Province d’Afrique centrale”. En mars dernier, les États-Unis ont placé les ADF parmi les “groupes terroristes” affiliés aux jihadistes de l’EI. (Fin)