Le porte-parole du parquet général Faustin Nkusi
Alors que le Rwanda attend de voir ce que les tribunaux belges décideront après la récente arrestation de trois fugitifs du génocide, un officiel fait savoir qu’au moins 40 génocidaires présumés se cacheraient dans ce pays européen.
Dans un entretien avec le quotidien The New Times, le porte-parole du parquet général Faustin Nkusi a dit que le Rwanda a d’ores et déjà envoyé à la Belgique 40 demandes d’extradition au cours des deux dernières décennies.
Les 40 demandes d’extradition, a noté Faustin Nkusi, sont «de ceux dont nous sommes sûrs qu’ils vivent en Belgique».
Faustin Nkusi a ajouté: «Ce sont des demandes d’extradition que nous avons envoyées à différentes périodes. Et nous continuons à collaborer avec les autorités judiciaires belges qui se sont rendues au Rwanda pour mener des enquêtes sur de tels cas. »
Il a cependant refusé de divulguer plus de détails – tels que les noms et les lieux – concernant les 40, affirmant que cela pourrait compromettre les enquêtes en cours.
La Belgique, comme une dizaine d’autres pays européens, abrite un grand nombre de Rwandais qui sont recherchés pour leur implication dans le génocide de 1994 contre les Tutsi.
En décembre dernier, un tribunal belge a condamné le suspect de génocide Fabien Neretse, 71 ans, à 25 ans de prison après avoir été reconnu coupable de génocide, meurtre, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
Ce n’était pas le premier procès pour génocide en Belgique mais c’était la première fois qu’une poursuite et une condamnation pénale soient basées sur une loi réprimant le génocide, introduite en 2017. En effet, d’autres condamnations de Rwandais avaient été faites sur le fondement de la loi punissant les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre.
En Belgique, ancienne puissance coloniale, cinq procès en lien avec le génocide des Tutsi du Rwanda ont déjà eu lieu depuis 2001, ayant conduit à neuf condamnations. Le procès de deux autres suspects, dont les cas avaient été disjoints de celui de Fabien Neretse, sont en préparation.
Les trois suspects arrêtés et inculpées en Belgique au début de ce mois d’octobre sont Pierre Basabose, Séraphin Twahirwa et Christophe Ndangali. Ils avaient été confondus par “une quarantaine de témoins” rencontrés au Rwanda dans le cadre de l’enquête belge lors de quatre commissions rogatoires dans le pays, a précisé Eric Van Duyse, porte-parole du parquet fédéral belge.
Le renvoi éventuel de ces suspects devant une cour d’assises belge “sera déterminé en dernier lieu sur la base du dossier présenté par le juge d’instruction et le parquet”, selon Eric Van Duyse (Fin).