François Mitterrand entretenait « une relation forte, personnelle et directe » avec Juvénal Habyarimana
Le Gouvernement rwandais salue le rapport de la Commission Duclert qui représente «un pas important vers une compréhension commune du rôle de la France dans le génocide contre les Tutsi ».
«Un rapport d’enquête commissionné par le Gouvernement du Rwanda en 2017, dont les conclusions viendront compléter et enrichir celles de la Commission Duclert, sera publié dans les semaines à venir », promet le gouvernement rwandais dans un communiqué laconique.
Un rapport très attendu d’historiens sur le rôle de la France avant, pendant et après le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994 a été remis hier à Paris à Emmanuel Macron, le Président français.
La commission d’historiens dirigée par Vincent Duclert a été mise en place en 2019 par Emmanuel Macron pour faire la lumière sur le rôle de Paris, en lui offrant l’accès à l’ensemble des archives françaises, dont certaines n’avaient pas été ouvertes à la consultation.
La commission Duclert a conclu à « un ensemble de responsabilités, lourdes et accablantes », au sein de l’Etat français. Mais ce rapport écarte l’idée d’une complicité de génocide.
Ce rapport pointe dans ses conclusions « la faillite de la France au Rwanda » entre 1990 et 1994, et son « aveuglement » face à la dérive génocidaire du régime « raciste, corrompu et violent » du président hutu Juvénal Habyarimana.
Le rapport souligne cependant que « rien ne vient démontrer » que Paris s’est rendu « complice » du génocide qui a fait plus d’un million de morts parmi la composante tutsi de la population rwandaise.
Le président français de l’époque François Mitterrand entretenait « une relation forte, personnelle et directe » avec son homologue rwandais Juvénal Habyarimana, soulignent les auteurs du rapport. Cette relation, doublée « d’une grille de lecture ethniciste » de la situation au Rwanda, a justifié « la livraison en quantités considérables d’armes et de munitions au régime d’Habyarimana, tout comme l’implication très grande des militaires français dans la formation des Forces armées rwandaises » gouvernementales.
Emmanuel Macron s’exprimera « le moment venu » sur les enseignements qu’il tire du rapport, a indiqué la présidence française. (Fin).