Le rédacteur du Rapport, le Prof. Thomas Reardon
Lors du Forum 2024 sur les Systèmes alimentaires en Afrique, African Green Revolution (AGRA) a lancé son Rapport 2024 sur l’état de l’agriculture en Afrique, intitulé « Exploiter le Secteur Privé pour la transformation des systèmes alimentaires en Afrique ». Le rapport fournit une analyse approfondie du rôle important que jouent les petites et moyennes entreprises (PME) dans la transformation des systèmes alimentaires à travers l’Afrique.
Développé grâce à une vaste collaboration avec un groupe diversifié de parties prenantes, le rapport explore les contributions vitales des PME à la transformation agricole et économique du continent. Le Professeur Thomas Reardon de l’Université de l’Etat de Michigan, rédacteur de ce Rapport, s’est entretenu avec André Gakwaya de l’Agence Rwandaise d’Information (ARI-RNA). Lire son interview :
Il y a une croissance très rapide du Secteur Privé en Afrique. On a calculé des chiffres approximatifs du volume d’alimentation qui passe par le Secteur Privé. Ceci est égal à plus d’un milliard de tonnes d’aliments. Cet énorme volume de 75 % va principalement aux villes. Des villes qui ont rapporté aux populations équivalant à 1,2 milliards aujourd’hui. Et le marché d’aliments a augmenté dans les deux, trois décennies passées, et le volume actuel du marché d’aliment en Afrique est tellement énorme et cela donne une image de la caractéristique du Secteur Privé qui fournit cet énorme volume d’alimentations. C’est la première constatation
La deuxième constatation est de définir ce qu’est le Secteur Privé. Souvent les gens pensent que le Secteur Privé est constitué par de grandes firmes, sociétés, entreprises. Mais dans la définition du rapport, on a insisté sur le fait que le Secteur Privé inclut deux parties. D’une part, ce sont les PME, et d’autre part, ce sont les grandes entreprises. Ce qui est frappant, c’est que 85 % du volume du Secteur Privé et de ce marché d’alimentation est opéré, géré par les PME. C’est-à-dire que la majorité du Secteur Privé est constituée par les PME. Ce qui est très intéressant pour le débat.
Troisièmement, ce Secteur Privé surtout les PME est un secteur très dynamique et on a donné des exemples des agglomérations spontanées de petites entreprises, des agriculteurs dans divers lieux du continent. Par exemple au Nigeria dans l’Etat de Kebi, il y a l’augmentation d’un accroissement, un doublement de la quantité des petites entreprises, de fermes d’agriculture et de capture de poisson en dix ans seulement, et avec aussi la participation de milliers de petites entreprises de fermiers.
Un deuxième exemple très frappant, c’est dans un pays où dans dix ans seulement, la participation de deux cent mille petits agriculteurs dans le commerce des végétaux, des légumes commercialisés. C’est-à-dire qu’une énorme vague de petits agriculteurs sont entrés et ont commencé à commercialiser les fruits et légumes dans un lieu plus ou moins de trois heures de Lusaka. Et dans ces lieux qui sont liés au marché urbain, à part les bonnes routes, il y a la présence de l’eau et il y a eu l’entrée de milliers de petites entreprises par exemple de commercialisation de matériels d’équipement d’irrigation, d’engrais, aussi d’autres éléments chimiques. Mais aussi de petites entreprises de logistique. C’est-à-dire qu’il y a une croissance de développement d’une de ces agglomérations spontanées du Secteur Privé à petite échelle. Et cela montre le dynamisme du secteur. On peut aussi donner l’exemple de grandes entreprises qui ont aussi eu des sites de croissance.
Le quatrième point, il s’agit des messages des politiques. Le point central des politiques nécessaires pour aider, encouragement de l’accroissement du Secteur Privé en Afrique, y inclus les petites entreprises et l’insistance des investissements publics des gouvernements dans l’infrastructure dure et lourde.
Quatre types d’infrastructures ont été retenues comme des investissements très importants qui étaient liés à cette réussite du dynamisme du Secteur Privé en Afrique.
1. L’investissement dans les routes est absolument central.
2. L’investissement dans les marchés des gros est un sujet qui est vraiment un débat en Afrique principalement parce que beaucoup la gouvernance de ces marchés est basée dans les municipalités, pas dans le gouvernement central.
3. L’importance de l’électricité et l’eau et du coût des télécommunications.
4. L’assurance des garanties pour la sécurité contre les conflits et le vol.
Le message central est d’insister sur l’importance centrale de faire ces investissements publics pour appuyer le développement du Secteur Privé. Et vu que quand il y a ces types d’investissement comme conditions, on voit un développement rapide et spontané du Secteur Privé. C’est-à-dire que c’est vraiment une explosion de croissance qu’on voit.
Mais on a aussi dans le rapport d’autres types de politiques, par exemple au niveau industriel, on des subventions des grandes entreprises pour la compétitivité. On peut ajouter les politiques de financement des entreprises comme des méthodes pour encourager à faire face au défi du Secteur Privé en Afrique. (Fin)