Par Muvunyi Casimir
De toute évidence, certaines personnes conspirent pour nuire au rapprochement du Rwanda et de la République démocratique du Congo (RDC), et aux efforts des présidents des deux pays pour collaborer dans la sécurité et la stabilité mutuelles.
En date du 28 mars 2022, le porte-parole du gouverneur de la province du Nord-Kivu en RDC, le général de brigade Sylvain Ekenge, a, dans une conférence de presse, accusé des Forces de défense du Rwanda (RDF) de soutenir un groupe rebelle appelé Mouvement du 23 Mars (M23). Il a affirmé qu’elle avait « mené des incursions et attaqué les positions des Forces armées congolaises (FARDC) de Tchanzu et Runyoni, dans le territoire de Rutshuru. »
Le général Ekenge a affirmé que deux militaires rwandais avaient été arrêtés à la suite des récentes attaques. Il a fait défiler devant les médias deux individus et a donné leurs identités présumées: l’adjudant Jean-Pierre Habyarimana et le soldat de rang John Uwajeneza Muhindi, alias Zaje, du 65e bataillon de la 402e brigade de RDF du camp militaire de Kibungo, dans la province de l’Est, près de la frontière du Rwanda avec la Tanzanie.
Les deux hommes, habillés de vêtements civils, se tenaient à proximité et ont été montrés par la télévision congolaise.
Le gouverneur de la province de l’Ouest du Rwanda, François Habitegeko, a démenti « les fausses allégations » du porte-parole de la province du Nord-Kivu.
Habitegeko a déclaré que les deux mêmes noms avaient été évoqués par la délégation congolaise de l’armée et du renseignement lors de la réunion bilatérale RDC-Rwanda des équipes conjointes de renseignement tenue le 25 février 2022 à Kigali.
Il a noté que: « Les équipes conjointes de renseignement n’ont pas été autorisées par la suite à interroger ces personnes pour une évaluation conjointe, comme c’est la pratique. »
Habitegeko a fait savoir que l’armée rwandaise ne dispose dans ses rangs d’aucun soldat répondant aux noms mentionnés dans le communiqué du porte-parole du gouverneur du Nord-Kivu.
Il a déclaré que les allégations relèvent d’une « tentative de manipuler l’opinion en présentant les deux hommes arrêtés dans des circonstances obscures » plus d’un mois après des éléments capturés lors des combats du 28 Mars.
Dans la soirée du même jour, le porte-parole du gouvernement de la RDC, Patrick Muyaya, est apparu sur une télévision française et, se référant aux « affirmations de l’armée [de la RDC] », a déclaré « qu’il est temps de mettre fin à cette forme de l’hypocrisie ou cette forme de complicité entre le M23 et le gouvernement du Rwanda. »
« Mon collègue des Affaires étrangères invitera l’Ambassadeur du Rwanda, pour qu’il vienne nous donner des explications ».
Mardi, le 29 Mars, l’Ambassadeur du Rwanda à Kinshasa, Vincent Karega, a réitéré la réponse du gouvernement rwandais aux accusations non vérifiées. Il a déclaré : « Le Rwanda ne soutient ni politiquement ni militairement les M23. »
Ambassadeur Karega a réaffirmé l’engagement du Rwanda « pour vérification et coopération conjointes par rapport aux allégations en cours. »
Comme l’a démontré le gouvernement rwandais, outre le fait que RDF n’avait pas de soldats portant les noms mentionnés, les deux hommes qui défilaient ont été arrêtés “il y a plus d’un mois” et ont été détenus bien avant les attaques de lundi.
Dans un article de Jeune Afrique, le 29 Mars 2022: « RDC-Rwanda: le rapport confidentiel des renseignements congolais sur les rebelles du M23 », il a été révélé que la communication des FARDC aurait suscité un malaise au plus haut niveau. Une source interne a déclaré que «c’est une situation qui nous embarrasse et embarrasse même le président. Il y aura des sanctions », a indiqué la même source.
Ces accusations hâtives et non-vérifiées contre le Rwanda ont révélé le complot de certaines personnes pour nuire au rapprochement RDC-Rwanda et les efforts des Présidents Tshisekedi et Kagame pour renforcer la coopération bilatérale, a observé un analyste régional.
“Plus précisément, le sabotage semble opérer dans les rangs militaires en fournissant des renseignements militaires faux et fabriqués”, a-t-il déclaré.
Lorsque le groupe rebelle a lancé des attaques il y a près de quatre mois, le porte-parole de l’armée rwandaise a déclaré que les allégations selon lesquelles c’était Kigali derrière la reprise de leurs attaques présumées étaient de la fausse propagande visant à gâcher les bonnes relations entre le Rwanda et la RDC.
Kigali n’a jamais nié avoir une relation avec les rebelles du M23.
En 2013, après avoir fui vers le Rwanda, les rebelles du M23 ont été désarmés et sécurisés dans le district de Rubavu, près de la frontière de la RDC. Mais connaissant le danger qu’ils pouvaient représenter, presque deux semaines plus tard, Kigali a déplacé le groupe d’environ 680 combattants du M23 dans la province orientale du pays, loin de la frontière entre le Rwanda et la RDC.
Kigali faisait de son mieux pour se conformer aux normes internationales qui stipulent que dans une situation où des rebelles armés entrent dans un pays, ils doivent être déplacés vers un endroit éloigné de la frontière de leur pays.
Le fait, cependant, est que si le groupe qui a cherché refuge au Rwanda a été désarmé et a rendu les comptes, on ne peut pas en dire autant du groupe qui a fui en Ouganda. Pire encore, le Président Tshisekedi semble être confronté à des problèmes plus graves que les fausses accusations contre le Rwanda.
Il devra faire face à des sabotages et à des coalitions politiques qui expriment du mépris pour leur Président et se profilent comme la trahison la plus insidieuse de sa présidence. (Fin)