L’économie du Rwanda montre que le tourisme des ressources naturelles demeure un facteur de croissance, et elle a continué d’afficher une forte montée en 2022 malgré des vents contraires mondiaux et une augmentation sans précédent des prix des denrées alimentaires, selon la 20ème édition du Rapport Rwanda Economic Update (REU) publié hier.
Le PIB du Rwanda a augmenté de 8,4 % au cours des trois premiers trimestres de 2022, après avoir atteint 11 % en 2021. La croissance a été stimulée par le secteur des services, en particulier la relance du tourisme, entraînant l’amélioration des indicateurs de l’emploi à des niveaux similaires à ceux du début de la pandémie au début de 2020.
Cependant, la hausse des prix des denrées alimentaires peut avoir exacerbé la pauvreté et l’insécurité alimentaire, selon la mise à jour économique du Rwanda.
L’augmentation des prix internationaux des matières premières, liée à la guerre en Ukraine combinée à la mauvaise récolte au Rwanda, a entraîné des augmentations substantielles des prix de l’énergie, des transports et des denrées alimentaires, l’inflation urbaine atteignant 21,7 % en novembre 2022.
La hausse des prix des denrées alimentaires en particulier a touché les pauvres, qui consacrent une grande partie de leurs dépenses à l’alimentation et semblent avoir été confrontés à une inflation alimentaire plus élevée que les ménages plus riches.
Les mesures adoptées par le gouvernement pour atténuer les effets de l’inflation au cours de l’année écoulée comprennent notamment une augmentation des subventions (principalement sur les carburants, les engrais, les semences et le transport en commun), une augmentation des dépenses de protection sociale et des augmentations des salaires des enseignants, ainsi que les contributions du gouvernement aux programmes d’alimentation scolaire.
“Alors que les autorités ont pris plusieurs mesures pour atténuer l’impact de l’inflation sur les ménages, d’autres mesures sont nécessaires pour protéger les pauvres et les vulnérables de l’impact de la hausse des prix des denrées alimentaires, ainsi que pour renforcer les politiques de lutte contre l’insécurité alimentaire et de prévention du retard de croissance chez les enfants”, selon, Peace Aimee Niyibizi, économiste de la Banque Mondiale.
Peace Aimee Niyibizi, économiste de la Banque Mondiale.
À l’avenir, l’économie rwandaise devrait se développer à un rythme plus lent en 2023-2025. Alors que le tourisme devrait continuer à se redresser, la demande extérieure devrait s’affaiblir en raison d’une forte augmentation des taux d’intérêt par la banque centrale pour réduire l’inflation.
Dans son accent particulier sur “Tirer le meilleur parti du tourisme basé sur les ressources naturelles au Rwanda”, le rapport fournit une analyse approfondie des défis et des opportunités dans le secteur du tourisme basé sur les ressources naturelles au Rwanda.
« Le tourisme axé sur les ressources naturelles recèle un énorme potentiel de création d’emplois et de stimulation de la croissance économique au Rwanda. Mais pour tirer pleinement parti de cette opportunité, des actions innovantes seraient nécessaires pour mobiliser davantage de ressources, au-delà du budget gouvernemental, et renforcer la participation du secteur privé pour protéger les actifs naturels et développer des infrastructures appropriées », a déclaré Rolande Pryce, responsable pays de la Banque Mondiale.
Le tourisme est une source majeure de recettes en devises du Rwanda et tend à générer une proportion plus élevée d’emplois dans le secteur formel plus que les autres secteurs, toujours selon le rapport.
Rolande Pryce, responsable pays de la Banque Mondiale.
Dans le secteur du tourisme, le tourisme axé sur les ressources naturelles, qui représente 80 % des visiteurs de loisirs et d’affaires au Rwanda, contribue non seulement à protéger la biodiversité et à faire avancer les efforts du Rwanda pour s’adapter au changement climatique, mais joue également un rôle important dans la création d’emplois : pour chaque 1 million de dollars US (environ 1 050 millions de Frw) que les activités touristiques axées sur les ressources naturelles injectent dans l’économie, on estime que 1 328 nouveaux emplois supplémentaires pourraient être créés.
Lors des explications supplémentaires, l’économiste Niyibizi a montré la nécessité d’investir dans l’extension du tourisme des ressources naturelles que sont le Parc des Volcans, les Parcs Akagera et Nyungwe, ainsi que Gishwati et Mukura. La superficie de ces ressources naturelles est limitée et le Rwanda n’a pas la capacité de les agrandir.
Selon le rapport publié, la stratégie est d’en tirer le maximum de revenus sans se baser sur de vastes aires, à l’exemple des autres pays de la région qui ont certes plus d’espaces en comparaison avec le Rwanda.
Mais aussi il faut que les populations riveraines des parcs perçoivent un certain pourcentage du revenu du tourisme. C’est une façon de les intéresser à protéger ces aires limitées. Et à rendre plus durables ces aires protégées et ce tourisme.
C’est aussi pour cette raison que 10 % du revenu touristique est octroyé aux travaux de développement des communautés autour des parcs : construction d’hôpitaux, écoles, infrastructures diverses en eau, routières, habitat, énergie.
On a créé pour cela des coopératives pour les produits artisanaux rentables. Pour cela, plus de 7 milliards Frw ont été dépensés en sept ans pour le développement des communautés riveraines des parcs, selon la DG en charge du Tourisme au sein de RDB, Michaella Rugwizangonga.
En plus des facteurs de hausse des prix, le Rwanda a fait face à la hausse des produits alimentaires. Il a pris pour cela des stratégies pour ne pas faire reculer ses acquis. Ces stratégies sont : l’augmentation du budget de 0,4 % pour la protection sociale ; l’augmentation du budget pour les intrants supplémentaires agricoles ; réduction des prix des produits pétroliers. Le gouvernement a abandonné aussi certains impôts pour que le transport soit accessible, possible.
Mais les produits des aliments a continué à grimper, et on a donné une aide alimentaire aux ménages les plus vulnérables dans le cadre de la protection sociale.
Dans tous les cas, le présent rapport de mise à jour de l’économie du pays apporte quelque chose de spécifique. Il montre que l’économie du pays est en bonne position malgré les épreuves traversées. Il montre que le Rwanda doit poursuivre sa stratégie de protéger les ménages les plus vulnérable. Il montre enfin l’importance du tourisme basé sur les ressources naturelles. Le rapport interpelle le secteur privé à y investir et à participer dans la protection de la biodiversité et des ressources naturelles. (Fin)