Les États-Unis d’Amérique ont extradé vers le Rwanda Béatrice Munyenyezi qui vient de purger une peine de dix ans pour avoir dissimulé son rôle dans le Génocide des Tutsi en 1994 durant le processus de sa naturalisation américaine. Elle doit arriver ce Vendredi 16 Avril 2021 au Rwanda où elle pourrait être inculpée pour Génocide.
Américaine d’origine rwandaise, Béatrice Munyenyezi est installée à Manchester dans l’Etat du New Hampshire depuis 1999 avec ses trois filles.
Elle avait été inculpée en Juin 2010 par un jury fédéral du New Hampshire et avait été reconnue coupable d’avoir caché son implication dans le Génocide lors de sa demande d’obtention d’un statut de réfugiée et de la nationalité américaine.
Le jury fédéral du New Hampshire l’avait alors condamnée en 2010 à dix ans de prison, à la perte de sa nationalité américaine et à l’extradition vers le Rwanda à sa sortie de prison. C’est désormais chose faite.
“Elle n’était pas une simple spectatrice. L’accusée a personnellement participé aux meurtres d’hommes, femmes et enfants, simplement parce qu’ils étaient appelés Tutsis», avait alors souligné le juge Stephen McAuliffe en prononçant sa condamnation.
Selon les témoins de son procès, Béatrice Munyenyezi était l’une des responsables d’un barrage routier de Butare, une ville située au sud du Rwanda, dressé pour intercepter et tuer les victimes du Génocide.
Selon un communiqué du procureur américain, elle faisait partie du Mouvement Républicain National pour la Démocratie et le Développement, le parti au pouvoir durant le génocide et du “mouvement de jeunesse” des Interahamwe qui furent le fer de lance du génocide.
Alors que le génocide prenait fin en juin 1994, Béatrice Munyenyezi s’était enfuie au Kenya, où elle avait donné naissance à des jumeaux, et d’où elle avait fait une demande de statut de réfugiée aux Etats-Unis en se déguisant en l’une des personnes touchées par le génocide.
Assistée d’organisations humanitaires, Béatrice Munyenyezi s’était ensuite installée dans l’Etat américain du New Hampshire après avoir prétendu avoir été persécutée au Rwanda. Elle avait fait des études universitaires dans l’Etat du New Hampshire et avait obtenu un emploi.
Son mari, Arsène Shalom Ntahobali, et sa mère ont tous deux été condamnés à la prison à vie au Rwanda pour avoir participé au génocide des Tutsi en 1994.
Béatrice Munyenyezi avait pour sa part été condamnée aux Etats-Unis pour avoir menti durant le processus de sa naturalisation, et pas pour des faits liés au génocide. Au cas où elle disposerait au Rwanda d’un dossier judicaire lié au génocide, elle pourrait être poursuivie par la justice de son pays d’origine juste après son extradition.
Béatrice Munyenyezi fut la première personne impliquée aux Etats-Unis dans le génocide des Tutsi du Rwanda en 1994. Elle avait fondu en larmes en écoutant l’annonce de sa condamnation à une si lourde peine assortie d’une extradition vers son pays natal qu’elle avait réussi à fuir pour un exil doré aux Etats-Unis. (Fin)