Des officiers militaires burundais portent le portrait et une croix au cimetière de Mpanda à l’ouest du Burundi avant l’enterrement du major Ernest Gashirahamwe, le plus haut gradé de la FDNB jusque-là tué au Nord-Kivu, le 16 novembre 2023 © SOS Médias Burundi
Au Burundi, plusieurs familles ont perdu des membres, éléments de la FDNB (Force de défense nationale du Burundi) qui combattent aux côtés des FARDC, l’armée congolaise et ses alliés contre le M23 (Mouvement du 23 Mars). Elles disent qu’elles ont été empêchées de faire le deuil.
SOS Médias Burundi qui livre cette information a visité des familles en province de Cibitoke dans le nord-ouest du pays.
Les familles qui ont accepté de se confier à SOS Médias Burundi sont originaires des communes de Mugina, Mabayi, Bukinanyana et Buganda.
Selon leur témoignage, cela fait plus d’une semaine qu’elles ont appris le décès de leurs membres.
« Mais les autorités politiques et militaires nous ont empêchés de faire le deuil », dénoncent-elles.
En commune de Bukinanyana par exemple, SOS Médias Burundi a répertorié quatre familles dont des membres sont morts dans l’est de la RDC (République démocratique du Congo) ces dernières semaines. Elles habitent les localités de Mikoni, Myavye, Sehe et Bumba.
« C’est au milieu de la semaine dernière que la plupart de familles ont appris la mort de leurs enfants », a dit un proche d’une famille éprouvée.
« Le haut commandement de l’armée burundaise livre très peu d’information sur la mort de ces militaires de notre région », a-t-il ajouté.
Certaines familles ont été informées que leurs enfants sont morts dans des accidents de la route. Or, des sources militaires ont reconnu même les bataillons auxquels appartenaient les défunts.
« Ils étaient affectés aux 110e, 112e, 41e et 212e bataillons d’infanterie ».
Une mère originaire de la localité de Mikoni témoigne : « mon fils est mort dans les combats au Congo. Il s’apprêtait à célébrer son mariage ».
« Au total », selon les familles concernées, « 12 militaires des communes précitées sont décédés dans les combats avec le M23 ces derniers temps ».
Certains militaires ont été entraînés dans le centre de Mudubugu en province de Bubanza (ouest du Burundi) avant d’être déployés en RDC. Ils ont pu aller « dire au revoir à leurs parents », à l’insu de la hiérarchie militaire.
Requête des familles
Les familles des militaires burundais qui sont décédés dans les combats avec le M23, demandent aux autorités burundaises de « nous informer ».
« Nous ne savons pas si leurs corps ont été rapatriés ou pas. En plus, nous n’avons pas eu la permission de faire le deuil, encore moins d’enterrer nos enfants », se désole un père dont un fils a été tué dans les combats avec le M23 au cours du mois de janvier.
En commune de Buganda, un proche d’un militaire qui est mort au Congo le 19 janvier dernier, dit que le concerné a été appelé d’urgence pour aller rejoindre son unité en RDC alors qu’il était en congé.
« Il avait participé à la mission de l’Union africaine en Somalie à deux reprises », dit-il.
Et d’ajouter, larmes aux yeux : « c’est comme s’il sentait qu’il allait périr au Congo. Quand on l’a appelé, il était très découragé et nous a supplié de prier pour lui ».
Sa famille, indignée, demande à la hiérarchie de l’armée burundaise de « nous montrer au moins son cadavre pour que nous puissions l’inhumer dignement ».
« Le haut commandement militaire a été clair : pas de deuil », a témoigné un cousin de ce militaire.
Une source militaire qui a requis l’anonymat a signifié à SOS Médias Burundi que « la plupart de corps n’ont pas pu être récupérés suite à l’intensification des combats ». (Fin)